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Bébés abandonnés: Quel est leur avenir ?
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Bébés abandonnés: Quel est leur avenir ?
En juin dernier, un petit garçon est né et a été abandonné à la naissance à l’hôpital Jeetoo. Âgé de dix mois aujourd’hui, il ne connaît ni son père ni sa mère. Pourquoi les autorités ne sont-elles pas intervenues pour tenter de retrouver les parents de cet enfant ?
Nous avons posé la question à un préposé du ministère de l’Égalité des genres qui explique que l’enfant est toujours à l’hôpital car des examens médicaux approfondis concernant son état de santé sont en cours. Toutefois, l’enfant est sous la responsabilité de la Child Development Unit (CDU) le temps que l’enquête policière soit bouclée.
Rita Venkatasawmy, Ombudsperson for children, estime qu’une autre réponse existe. «Sous la Child Protection 1994 Act, un enfant abandonné est plus en sécurité à l’hôpital.» Mais elle ajoute que sur le plan émotionnel et humain ce n’est pas facile pour un enfant de rester dans un hôpital. «D’après nos renseignements, l’enfant n’a pas été admis dans un shelter parce que le nécessaire devait être fait pour retrouver la mère. Chaque jour, l’on pensait que celle-ci se manifesterait mais cela n’a pas été le cas.»
Il aurait été préférable, pour l’épanouissement du bébé, ajoute-t-elle, que celui-ci soit placé dans une famille d’accueil. «L’enfant aurait ressenti de la chaleur humaine. Tous les éléments auraient été réunis pour qu’il soit bien. Ce contexte aurait été adapté à ses besoins émotionnels car il est en bas âge. Un shelter n’était pas la meilleure option car la mère pouvait se manifester à n’importe quel moment.»
De plus, précise-t-elle, une famille d’accueil peut adopter un enfant si elle le souhaite. «Toutefois, les autorités sont très strictes à ce propos, beaucoup de critères sont considérés. Mais avec le temps, cette option était envisageable. C’est la Foster Care Unit qui s’occupe du suivi et donne son consentement.»
Certains ont subi des maltraitances inimaginables, vous ne le croirez jamais.
Selon elle, cette période permet difficilement de retrouver la mère, mais elle rappelle que l’abandon est un acte puni par la loi. «À ce jour, les parents n’ont toujours pas été identifiés.»
Du côté de la police, on nous apprendra que le poste de Line Barracks a initié une enquête et des officiers se sont rendus à Bambous mercredi pour tenter de retrouver la mère. D’après des informations de l’hôpital, après son accouchement, cette dernière avait eu des douleurs et le SAMU a été appelé en urgence car l’enfant avait des problèmes de santé. Il a été transporté à l’hôpital mais la mère, finalement en bonne santé, n’avait pas souhaité les accompagner. À propos du père, il n’a toujours pas été retrouvé non plus. La police pense que la mère avait contacté le SAMU sous un faux nom. L’enquête continue. Aujourd’hui, les policiers se rendront sur les lieux accompagnés de l’équipe du SAMU qui avait pris l’enfant ce jour-là.
John Anseline, ancien président de village, actuellement conseiller du district de Rivière-Noire, a expliqué avoir effectué des recherches de son côté mais que personne ne connaît le nom ni l’adresse donnée. «Ce n’est pas une personne née à Bambous. Je pense qu’elle est locataire de sa maison. Cette histoire est triste. Au niveau du village council, parallèlement à la police, nous enquêtons également. Certes, nous connaîtrons la raison pour laquelle cette femme a abandonné son bébé, mais nous aurions préféré que celle-ci revienne sur sa décision car ce n’est pas évident pour un enfant de grandir sans l’amour de ses parents. Il lui manquera cet encadrement familial dont un bébé a besoin dès sa naissance.»
Le District Council se dit prêt à aider les parents s’ils ont des problèmes financiers. «Nous ferons le nécessaire pour aider. Si elle ne veut pas se rendre à la police par crainte d’être arrêtée, nous l’invitons à contacter le conseil du village.»
Toutefois, qu’un hôpital devienne le foyer de jeunes enfants abandonnés n’est pas nouveau. Bien avant le Covid-19, l’express avait enquêté à ce sujet. Nombreux ont été les bébés qui ont attendu le retour de leur parent mais en vain.
Selon des membres du personnel soignant, dans chaque hôpital du pays, chaque mois, environ cinq enfants attendent leur parent ou attendent d’être relogés dans un shelter.
Si certains sont abandonnés par leurs parents, d’autres sont retirés de leur foyer par les autorités. «Certains ont subi des maltraitances inimaginables, vous ne le croirez jamais. La CDU les récupère et les amène à l’hôpital. Au début, ils viennent pour réaliser des examens de santé, ensuite, ils restent ici parce qu’il n’y a pas d’endroit où les envoyer.»
Selon l’article 13 B, - Abandonment of Child - de la Child Protection Act, quand un enfant est abandonné, la CDU doit prendre le relai. Sollicité, un haut placé nous explique que dans un tel cas de figure, l’enfant est de suite emmené à l’hôpital. «Par la suite, une enquête est ouverte pour connaître les raisons de cet abandon.» Toutefois, il ajoute que l’intérêt de l’enfant prime toujours, et que le maximum est entrepris pour que ce dernier puisse retourner dans sa famille et grandir aux côtés des siens.
Un officier du ministère de l’Égalité des genres et du bien-être de la famille abonde dans le même sens. «Certains enfants sont abandonnés à cause de la misère ou pour des raisons culturelles, par exemple. Le mieux pour un enfant, c’est de grandir avec ses parents. Après notre enquête, si nous constatons qu’il est possible que l’enfant grandisse avec ses parents, nous faisons au mieux pour que cela soit le cas. Mais si nous constatons que les parents sont mal intentionnés, nous appliquons les lois et nous les arrêtons.»
Pendant les investigations, l’enfant est placé dans une crèche ou un shelter, dépendant de son âge. L’enquête se déroule de la même manière pour les nourrissons abandonnés après leur naissance dans les hôpitaux.
Du côté de la Brigade des mineurs, également en charge de l’affaire du bébé abandonné à l’hôpital Jeetoo, l’on indique que les enfants qui ne sont pas pris en charge par leurs parents biologiques sont placés en shelter, dans un premier temps. «L’adoption n’est pas la première option, car à ce jour, il n’y a aucun organisme qui facilite l’adoption à Maurice. Cela prend beaucoup de temps. Mais il arrive parfois qu’un proche de la famille parvienne à avoir la tutelle de l’enfant par voie légale.»
Abandonnée à 11 ans à Plaisance : Sandrine a une vie stable auprès de sa grand-mère
Il y a deux semaines, nous évoquions le cas de Sandrine fictif), la petite fille de 11 ans retrouvée dans les rues en compagnie (prénom de son père biologique qui a fait de la prison. Il y a eu du nouveau depuis. Un appel à l’aide avait été lancé par les volontaires à David Utile, le maire de Beau-Bassin/Rose-Hill, pour apporter du soutien à la petite fille. Durant la semaine écoulée, le poste de police de Beau-Bassin avait appelé sa grand-mère car les officiers de la CDU voulaient rencontrer Sandrine. Elle s’est effectivement rendue au poste de police en compagnie de sa grand-mère afin de répondre aux questions des officiers. Toutefois, Sandrine est une fille réservée et s’adapte difficilement aux inconnus. Selon nos informations, les questions qu’on lui posait n’étaient pas faites pour elle. Il faut gagner sa confiance car elle a peur d’être parmi beaucoup de gens. La placer dans un shelter n’est pas la meilleure chose nous dit-on.
Entre-temps, une bonne nouvelle. Beaucoup de personnes ont contribué pour lui procurer des vêtements, des livres scolaires, des jeux, des gâteaux. La grand-mère n’a pas été oubliée. Des personnes lui ont offert des denrées alimentaires.
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