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Obligation fait loi: Sept SDF squattent un campement pied dans l’eau à Baie-du-Tombeau

24 avril 2021, 22:00

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Obligation fait loi: Sept SDF squattent un campement pied dans l’eau à Baie-du-Tombeau

Le lieu n’est pas pour leur déplaire, à savoir un campement en construction, pied dans l’eau, à Baie-du-Tombeau, resté à l’abandon pendant un moment. Sept sans domicile fixe (SDF) se sont retrouvés, contre leur gré, et dans des circonstances différentes, dans ce campement qu’ils squattent. Certains d’entre eux le squattaient déjà et d’autres les ont rejoints lors du confinement.

Krishna Venkatachellum, 63 ans, David Augustin, 29 ans, Sarah Jacques, 23 ans et Ricardo, 54 ans, vivent là depuis au moins cinq ans. Entre eux, il y a une entente cordiale et personne ne se bagarre pour accaparer le lieu.

Krishna Venkatachellum s’exprime dans un français impeccable. Il est à la rue depuis 14 ans. Mais il n’arrive pas à dire comment il s’est retrouvé dans cette situation. Qu’en est-il du confinement ? Il dit jouir d’une bonne santé car il respire l’air de la mer. David Augustin et Sarah Jacques sont en couple.

David Augustin est un Rodriguais, qui vit à Maurice depuis l’âge de 17 ans. Il a travaillé comme Helper sur un camion. «J’ai travaillé aussi dans des centres d’appels. À un moment, j’ai rencontré des difficultés et c’est pour cela que ma copine et moi nous nous retrouvons dans ce campement depuis quatre ans.»

David Augustin veut d’une autre vie et ne veut plus être à la rue. Il a réussi à trouver un boulot à travers le travailleur social Eric Ombrasine, qui veut lui donner la chance de se ressasir. «Grâce à lui, j’ai pu avoir un entretien dans une usine de gâteaux. Au final, je me suis fait embaucher comme Helper et je serai aussi chauffeur livreur. Avec un travail décent, j’espère pouvoir avoir un toit à mettre sur nos têtes bientôt.»

Sarah Jacques n’était pas présente et David Augustin a parlé en son nom. «Ma copine n’est pas en bonne santé. Elle est épileptique depuis très jeune. Elle doit souvent aller à l’hôpital. Mais malgré ses problèmes de santé, on se serre les coudes car nous nous aimons. Nous sommes conscients qu’il nous faudra tôt ou tard partir d’ici car ce n’est pas notre maison. J’espère que notre rêve d’en avoir une à nous se réalisera très bientôt avec le coup de pouce de tout un chacun.»

Nizam, 43 ans et Meinzahbeen, 37 ans, est un autre couple, qui s’est joint aux autres SDF depuis le début du confinement. «Nous n’avons pas de domicile. Cette situation est temporaire. Nous voulons bouger au plus vite pour le bien-être de nos trois filles. Nous travaillons comme marchands ambulants à Port-Louis et depuis le confinement, nous sommes sans emploi. Nous avons confié nos trois enfants à leurs grands-parents. Nous sommes à la recherche d’un emploi et d’une maison au plus vite.» Ils ajoutent qu’il y a des jours où ils vont se coucher le ventre vide et que c’est seulement les jours où l’équipe d’Eric Ombrasine leur offre de la nourriture qu’ils mangent.  

Par ailleurs, les plus timides parmi tous ces SDF restent Cédric Castor et Ricardo, qui ne veulent pas raconter leur histoire, ni se laisser photographier. Car vivre dans la discrétion est leur moto. Jusqu’à quand? Dieu seul le sait.

Ces sept SDF n’ont que des remerciements à la bouche pour l’activiste Eric Ombrasine. Lui et une équipe de 12 personnes sillonnent l’île afin de mettre un peu de baume au cœur des plus pauvres non seulement pendant le confinement mais en temps normal aussi. Ils le font d’ailleurs deux fois la semaine et ce, depuis presqu’un an. Eric Ombrasine continuera à venir en aide aux démunis. Son but est de constituer une organisation non-gouvernementale d’entraide. Il a le soutien de Wendy Lang Hing Sung, Zara Joosub, Anna Ocanna, Reetesh et Joelle Bhowany, Veronique Jacob, Annielle et Hansley Pompom et Rouben Soobia. C’est une équipe d’anciens élèves du Mahatma Gandhi Institute de Solferino et de quelques professeurs, sans oublier l’appui du maire de Beau-Bassin Rose-Hill, David Utile.

Nous avons aussi essayé de retracer le propriétaire du campement, inhabité depuis une dizaine d’années, selon les habitants de l’endroit. Impossible de le retrouver. Il avait apparemment des dettes et la banque aurait saisi ses biens dont ce campement.