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[Interview] «Sur le Net, il y a quelqu’un quelque part qui vous surveille», dit l'enquêteur Toorab de la «Cybecrime Unit»
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[Interview] «Sur le Net, il y a quelqu’un quelque part qui vous surveille», dit l'enquêteur Toorab de la «Cybecrime Unit»
De janvier au 20 avril, 300 plaintes ont été rapportées à la «Cybecrime Unit», dont 200 liées à l’ICT Act.Une quarantaine de personnes ont été interrogées, dont 15 arrêtées et traduites en justice. Ce mardi 27 avril, la «Cyber Patrol» de cette unité du CCID sous le commandement de l’ASP Chetanandsing Dawonauth devait faire l’objet d’une question parlementaire mais il n’y a pas eu de PQ à l’agenda. Après l’arrestation de l’internaute Aruna Gangoosingh, «l’express» a voulu comprendre le rôle de cette unité. Entretien avec l'enquêteur Noorani Toorab.
Qu’est-ce que la Cyber Patrol ?
Avant de parler de la Cyber Patrol, il est bon de connaître le rôle de la Cybercrime Unit. Celle-ci enquête sur des délits liés à l’Information Communication Technology Act (ICTA) amendée en 2018 et le délit de computer misuse. Elle fait également beaucoup de sensibilisation et de patrouilles sur le Net. La Cyber Patrol existe depuis longtemps et son rôle est de patrouiller la Toile tout comme les policiers patrouillent les rues. Nous utilisons un ordinateur et nous circulons sur les réseaux sociaux, Facebook, Instagram, WhatsApp, YouTube, entre autres. Si nous tombons sur des posts qui violent la loi ou le computer misuse, nous commençons une enquête et nous prenons les actions qui s’imposent.
L’unité peut-elle agir sans qu’une plainte n’ait été déposée ?
Il y a deux façons de procéder. Si un post est à caractère sectaire et porte préjudice à une personne, cette dernière peut consigner une plainte. Ou, si nous constatons qu’une publication porte préjudice à quelqu’un ou à un groupe de la société, nous pouvons à notre niveau enquêter et entreprendre des actions. Par ailleurs, si des témoins souhaitent nous soutenir dans notre enquête, ils sont les bienvenus.
Justement, qu’est-ce qui est permis et qu’est-ce qui ne l’est pas ?
Le mot d’ordre de la Cybercrime Unit est «prudence». La police lance un appel à la responsabilité des internautes. Lorsque certaines personnes sont sur le Net, elles ont les yeux braqués sur l’écran et les mains sur le clavier. Nous appelons à la responsabilité du public, qui doit être conscient de ce qu’il publie, commente ou «aime». Même s’ils sont entre les quatre murs de leur chambre, «il y a quelqu’un quelque part qui vous surveille». Mais dans notre surveillance et nos actions, nous faisons la balance entre la liberté d’expression et ce qui n’est pas permis par la loi. Il y a un juste milieu, et nous n’agissons que lorsque la ligne est franchie.
Que se passe-t-il si un mineur viole l’ICT Act.A-t-il le même traitement qu’un adulte ?
Personne n’est au-dessus de la loi. Il y a une loi pour toutes les victimes. Lorsque nous intervenons, si un suspect a commis un délit, nous ne prenons pas son âge en considération. Il sera traduit devant un tribunal et le magistrat décidera de sa sentence en tenant compte de son âge et celui de la victime. Les mineurs ont également leur part de responsabilité. Je peux vous dire que 95% de la population estudiantine, y compris à Rodrigues, connaît l’existence de la Cybercrime Unit et son rôle. Nous faisons beaucoup de campagnes de sensibilisation dans les écoles primaires et secondaires. Nous ciblons des personnes de tous âges et issues de divers secteurs d’activité.
L’objectif des campagnes de sensibilisation est-il atteint ?
Nous pouvons dire que les campagnes de sensibilisation portent leurs fruits car le public vient vers nous pour nous demander des conseils. Pas plus tard que la semaine dernière, une dame nous a appelés car elle avait reçu un appel à une heure assez tardive; son interlocuteur s’était fait passer pour un employé de banque et lui avait demandé son numéro de compte et son mot de passe. Nous l’avons conseillée et expliqué qu’il ne faut jamais donner ces informations par téléphone. Malheureusement, certaines personnes se font piéger et arnaquer.
Qu’en est-il des suspects qui sévissent de l’étranger ?
Concernant les suspects impliqués dans des délits liés à l’ICTA et qui sont à l’étranger, il y a un protocole et une juridiction à respecter. Interpol entre en jeu. L’instance est là pour aider la police mauricienne. Par exemple, si un suspect se trouve en Allemagne, Interpol Maurice entre en contact avec Interpol Allemagne. La police allemande prend ensuite le relais. Rappelons qu’à Maurice, nous avons des lois très sévères pour toute personne coupable de Breach of ICTA, à savoir une amende allant jusqu’à Rs 1 million et une peine d’emprisonnement ne dépassant pas dix ans. Je lance un nouvel appel au public pour qu’il soit prudent et responsable.
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