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Adresses internet en Hollande: que s’est-il passé avec Netsweeper ?
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Adresses internet en Hollande: que s’est-il passé avec Netsweeper ?
Alors que le papier consultatif de l’Information and CommunicationTechnologuies Authority (ICTA) sur le contrôle des réseaux sociaux occupe toujours les esprits, une autre polémique s’est greffée dessus depuis le début de la semaine. Elle concerne un site qui détecte les adresses IP : plusieurs utilisateurs ont découvert qu’ils avaient la même adresse et, alors qu’ils étaient chez eux, leur location était en Hollande. Roshi Bhadain l’a évoqué lors de la conférence de presse de l’alliance de l’Espoir, lundi. L’affaire prend de l’ampleur : certains ont commencé à affirmer que l’ICTA a déjà commencé le filtrage et la redirection du trafic Internet vers son serveur alors que d’autres disaient qu’ils ne rencontraient pas de problème. Que s’est-il réellement passé ? Kisann-la inn foté ? Explications avec Ish Sookun.
C’est quoi une adresse IP ?
Tout d’abord, c’est quoi l’adresse Internet Protocol (IP) ? Pour faire simple, c’est une adresse unique à chaque appareil qui se connecte à l’Internet. Cette adresse, composée d’une série de chiffres, permet l’échange de données sur Internet. Le Net a besoin d’une manière de différencier les différents appareils connectés, et c’est à travers ce code qu’il le fait.
Mais l’affaire se corse lorsque les routers entrent en jeu. Un router permet à plusieurs appareils de se connecter entre eux. C’est lui qui assigne des adresses IP aux appareils. Ces codes sont locaux. À travers cette connexion, même sans Internet, les appareils peuvent communiquer entre eux. Puis, comme le router a un modem intégré, il permet aussi la connexion au net. Donc, chaque appareil a son IP local et lorsqu’il accède au Net à travers le boîtier, c’est un IP public, assigné par le fournisseur d’accès à Internet au router, qui est utilisé.
Il existe plusieurs sites qui peuvent donner aux utilisateurs leur IP public. Le problème survenu en début de semaine est qu’un tel site, whatismyip.com, ne donnait pas aux utilisateurs leur IP, mais un code commun et les localisait aux Pays-Bas. De plus, ils apprenaient aussi que leur fournisseur d’accès à Internet était Netsweeper. Pourquoi ?
Il est possible de tracer la route d’une demande d’accès à un site sur Internet. C’est-à-dire, par où passe cette demande avant d’arriver au site destinataire. Ce faisant, il a été constaté que la demande pour accéder au site whatismyip.com, après être sortie de l’appareil de l’utilisateur, va à Mauritius Telecom et, de là, au lieu de continuer le chemin habituel, vers le serveur d’un hébergeur nommé Digital Ocean. Ce serveur qui est hébergé en Hollande est utilisé par Netsweeper pour opérer un proxy des connexions. Cependant, il a été constaté qu’il n’y a que ce site qui est concerné. Les demandes pour les autres sites fonctionnaient normalement.
Qui est Netsweeper ?
Ici, il faut savoir ce que fait Netsweeper. C’est un service mis en place par l’ICTA pour bloquer l’accès aux sites pédopornographiques. Mais il n’a pas toujours été là. En 2011, l’instance avait lancé Netclean Whitebox et en 2012, elle annonce que cela va permettre de bloquer l’accès aux sites interdits. En 2014, il y a eu une mise à jour. Le service passe par le cloud et le serveur est hébergé en Suède. Dans le rapport annuel 2016-2017 de l’ICTA, il est précisé que le contrat avec Netclean a été renouvelé, et il n’y a pas eu de changement selon le rapport 2018-2019.
Mais en avril 2020, l’ICTA lance un appel d’offres pour trouver un autre filtre concernant les sites de child sexual abuse. Aucun détail n’est mentionné dans le tender. Puis, en novembre de la même année, à une question supplémentaire de la députée Sandra Mayotte, le Premier ministre avait annoncé que c’est désormais Netsweeper qui est utilisé pour le filtrage. «The Filtering System is currently, in fact, being provided by a Canadian-based company called Netsweeper Limited.» Donc, Netsweeper est le système de filtrage géré par l’ICTA qui disait aux fournisseurs d’accès à Internet de rediriger les demandes pour whatismyip. com vers son serveur.
Où est l’erreur ?
Mais pourquoi est-ce que les demandes vers le site de vérification d’adresse IP étaient dirigées vers Netsweeper alors qu’il ne devait filtrer que les contenus prohibés ? Et est-ce que d’autres sites étaient redirigés vers le système de filtrage ? Ish Sookun explique qu’il a posé la question à un employé d’un fournisseur d’accès à Internet. La réponse est claire : c’est Netsweeper qui a demandé que les demandes vers whatismyip.com soient redirigées vers Digital Ocean. «En gros, lorsque le fournisseur d’accès à Internet a une demande, le système de filtrage demande que cette requête soit redirigée vers lui au lieu de suivre le parcours habituel», avance Ish Sookun.
Pourquoi cette redirection ? Deux possibilités : soit l’ICTA faisait un test, soit c’était une erreur humaine chez Netsweeper, quelqu’un qui faisait des essais et a oublié de remettre les paramètres comme il faut. L’autre problème qui se pose est que les fournisseurs d’accès à Internet ne redirigent pas une seule adresse. Pour qu’une redirection soit faite, il faut au moins 256 adresses IP. Il n’y a que l’ICTA qui a la capacité de rediriger une seule adresse…
Tout est bien qui finit bien
Lorsqu’il a appris ce problème, Ish Sookun a envoyé un mail à Netsweeper pour s’enquérir de la situation. L’instance a répondu qu’elle enquête et la situation a été rétablie. Les adresses IP à travers whatismyip.com donnent les bons résultats à nouveau. «Mais on ne m’a pas informé de la cause du problème», tient à préciser Ish Sookun.
Face à la polémique, l’ICTA a émis un communiqué hier pour donner plus de précisions. Selon l’instance régulatrice, le domaine de whatismyip.com avait la même adresse IP qu’un site rapporté par l’Internet Watch Foundation, qui signale les contenus prohibés. C’est le signalement de cette adresse qui a causé la redirection du trafic de whatismyip.com vers Netsweeper. Cependant, le trafic n’a pas été bloqué par le filtre.
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