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Internet: la censure selon Netsweeper
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Internet: la censure selon Netsweeper
Depuis le début de la semaine, Netsweeper, une compagnie spécialisée dans le filtrage du net, fait débat à Maurice. Cette compagnie canadienne, dont les services ont été retenus par l’ICTA depuis 2020 pour filtrer l’accès aux contenus interdits, a fait l’objet d’un rapport du CitizenLab, entité canadienne spécialisée dans la recherche concernant l’information, la technologie et les droits humains. Il a été noté que dans plusieurs pays, les services de Netsweeper sont utilisés pour la censure des informations qui ne plaisent pas au gouvernement en place.
Recap
Netsweeper est censé bloquer l’accès aux contenus pédopornographiques. Mais en début de semaine, les internautes avaient remarqué que le trafic pour accéder au site whatismyip.com était redirigé vers l’hébergeur Digital Ocean, basé en Hollande et utilisé par Netsweeper pour opérer un proxy de connexions. Cette erreur a vite été rétablie et l’accès à whatismyip.com n’est plus redirigé. Cependant, un rapport datant de 2018 sur Netsweeper démontre que le logiciel peut être utilisé à des fins politiques.
La censure
Selon le rapport, Netsweeper offre à ses utilisateurs la possibilité non seulement de filtrer les contenus illégaux, mais aussi de customiser son utilisation. Ainsi, à travers des presets, il est possible pour l’utilisateur de bloquer l’accès à d’autres sites. La liste est longue. Parmi les 74 presets, on retrouve des thèmes allant de Hate Speech ou Nudity à Abortion, Alcohol ou encore, Humour. Dans sa réplique au rapport, Netsweeper avait précisé qu’il ne peut pas empêcher un utilisateur de «manually overriding its software» et ne donne pas de conseils à ses clients sur le blocage.
Mais toujours est-il que plusieurs pays l’utilisent à d’autres fins. Parmi les liens bloqués en Inde, qui utilise aussi Netsweeper, on retrouve plusieurs sites d’informations qui rapportent la situation des Rohingyas en Birmanie. Plusieurs comptes Twitter qui mettent en lumière les conditions des minorités religieuses en Inde ont aussi été bloqués. Les autorités du Koweït utilisent les services de Netsweeper et le filtrage concerne l’avortement, l’alcool, les virus, les discours de haine, l’abus de drogue, le phishing et la nudité. Le rapport de CitizenLab précise que c’est le seul pays qui utilise Netsweeper pour contrôler l’accès aux sites qui parlent d’avortement. Au Soudan, les sites qui parlent d’occulte et autres sites profanes sont bloqués au même titre que la pornographie et l’éducation sexuelle.
Sous le filtre Alternative Lifestyle, tous les sites avec des contenus concernant les droits de la communauté LGBT, y compris les sites éducatifs et ceux des ONG, sont bloqués aux Emirats arabes unis (EAU). Ce filtre est décrit par le fournisseur du service comme étant «the full range of non-traditional sexual practices, interests and orientations». Mais il n’y a pas que ces sites. Le site de Caritas International est aussi bloqué sous cette même catégorie. Le pays bloque aussi l’accès aux sites de traduction, de Greenpeace ou de service de désintox pour les utilisateurs de drogues. Des sites critiques contre le pouvoir en place, ou qui parlent de la contrition des détenus aux EAU ou simplement des sites d’information régionaux sont aussi interdits d’accès.
A Maurice, Netsweeper est utilisé pour bloquer les sites à caractère pédopornographique. Les services de la compagnie canadienne ont été retenus en 2020. Avant, pendant presque une décennie, c’était NetClean whitebox qui était utilisé. Aucune information sur le contrat de Netsweeper n’a été fournie ni la raison pour laquelle l’ICTA a décidé de changer de service.
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