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Crise du Covid-19 en Inde: quel impact sur les prix à Maurice ?
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Crise du Covid-19 en Inde: quel impact sur les prix à Maurice ?
Les importateurs sont médusés. L’amplification de la crise de Covid-19 en Inde ces derniers jours, avec des possibilités de lockdown dans plusieurs États, suscite des inquiétudes quant à l’importation des produits «Made in India». L’approvisionnement en masse de tissus, de médicaments, de riz basmati ou encore des produits pétroliers pourraient subir l’effet d’un dysfonctionnement du marché domestique avec des perturbations dans la chaîne logistique.
«Nous avons un stock de produits pour les deux à trois mois à venir. Par la suite, nous ana- lyserons l’évolution de la situation en Inde pour savoir la marche à suivre», affirme le CEO d’une chaîne de 10 magasins, spécialisés dans la vente de prêt-à-porter traditionnels indiens pour les mariages, les cérémonies religieuses et autres festivités tant pour les femmes, les hommes et les enfants.
Parlant sous le couvert de l’anonymat, notre interlocuteur rappelle que depuis l’ouverture graduelle de l’économie le 1er avril dernier, la demande pour ce type de produits, qui représente 75 % de ses ventes, a baissé significativement à moins de 70 %. Il s’attend qu’avec l’Eid et la fête des Mères, les ventes augmenteront légèrement pour retomber à 50 % durant les mois de juin et juillet. «Il est clair qu’avec la quasi-absence de mariages et l’organisation virtuelle de fêtes religieuses, les familles se font rares dans les magasins. Encore que le pouvoir d’achat, lourdement affecté par l’effet du Covid-19, ne vient pas arranger les choses.»
Sans compter que le coût du fret a également triplé pendant la pandémie et que si cette tendance se maintient, surtout avec les pressions sur le trafic maritime en Inde avec la crise du Covid-19 couplée à la dépréciation accélérée de la roupie vis-à-vis du dollar, il va sans dire que les importateurs seront obligés de passer le coût additionnel du fret aux consommateurs. «Nous ne pouvons absorber qu’une partie de ce coût, pour le reste, il faut s’attendre à ce qu’il se répercute sur les prix de vente de certains articles», insiste le CEO de ce groupe de magasins, un des leaders dans son créneau d’activités, employant 300 personnes et brassant un chiffre d’affaires annuel de plus de Rs 250 millions.
D’ailleurs, Khevin Chummun, CEO de la General Retailers Association, dont certaines sociétés opérant essentiellement sur le marché indien sont des membres, précise que si en janvier 2020, un conteneur de 40 pieds venant de l’Asie coûtait USD 1 700 à USD 1 800, il revient aujourd’hui à USD 6 000. Tout en soulignant que les choses pourraient se compliquer davantage avec la crise qui perdure en Inde.
Car d’autres produits essentiels, comme le riz basmati, sont importés de la Grande péninsule. Lawrence Wong, directeur de La Trobe Ltd, qui commercialise le riz Indian Star, concède qu’actuellement il n’y pas de visibilité sur l’approvisionnement de riz par voie maritime avec la crise sanitaire en Inde. Il dispose d’un stock de quatre semaines et passée cette période, il s’adaptera face à la situation du marché. Toutefois, il ne prévoit pas de pénurie vu qu’il existe une brochette d’importateurs de riz basmati dont on recense près de 200 marques. «Face à la hausse des prix du fret, nous allons essayer d’absorber le maximum des coûts pour ne pas les passer aux consommateurs.» Il ajoute qu’il n’a pas décelé des changements dans la demande pour ce produit avec les conséquences économiques du Covid dans le pays.
Mario Gébert, propriétaire de Fine Foods, suit de près la situation en Inde d’où il importe des fruits de mer et de la viande bovine, tous congelés et en petites quantités. Comme d’autres opérateurs qui s’approvisionnent en Inde, il note certains variables qui sont hors de son contrôle. Comme le prix à l’achat, l’augmentation du coût du fret ou encore le délai pour sécuriser le stock de produits. «Il va sans dire qu’à l’avenir avec les nouvelles cargaisons, il y aura définitivement un impact sur les prix de vente.»
Quid de l’importation de médicaments ? À cet effet, Ajay Gaya, Senior Manager du département pharmaceutique chez HealthActiv, importateur et grossiste, opérant au sein du groupe IBL, note d’une manière générale qu’il n’y a pas de rupture en ce moment sur les produits pharmaceutiques essentiels en provenance de l’Inde ou d’ailleurs. Et que depuis le début de la crise sanitaire, la société a prévu un stock de sécurité en cas d’indisponibilité de produits pharmaceutiques en provenance de l’étranger et ce pour plusieurs mois.
Ajay Gaya ajoute que pour les mois à venir, HealthActiv n’a reçu, à ce jour, aucune indication venant de ses fournisseurs quant à d’éventuelles ruptures. «Nous prendrons bien sûr les dispositions nécessaires si cela devrait arriver. Il n’y a pas eu aussi de changements de prix d’achats auprès de nos fournisseurs. Cependant avec la situation internationale, l’augmentation du coût du fret et celle du taux de change impactent directement les prix des produits à l’arrivée et résulte en une hausse de vente», remarque le Senior Manager de HealthActiv.
Avec une facture d’importations chiffrée à Rs 15,8 milliards l’année dernière contre Rs 27,5 milliards en 2019, accusant une baisse de 42,5 % en raison de la pandémie, l’Inde demeure néanmoins le troisième pays d’approvisionnement derrière la Chine et les Émirats arabes unis pour Maurice. La tendance baissière des importations de ce pays devrait se pour- suivre cette année encore.
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