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Saisie de drogue: quand Glenn Agliotti revient troubler le sommeil paisible de certains

13 mai 2021, 22:00

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Saisie de drogue: quand Glenn Agliotti revient troubler le sommeil paisible de certains

Ce Sud-Africain, qui était soupçonné d’être mêlé au trafic de 140 kg de zamal saisi à La Réunion le 1er juin 2019 et aux 95 kg de cocaïne de la fameuse tractopelle à Maurice en juillet suivant, revient au bon souvenir de certaines personnes du pouvoir avec la saisie de drogue à Pointe-aux-Canonniers, qui semble obéir au même schéma que ces précédentes affaires… Mais comment Glenn Agliotti a pu être autorisé à quitter le territoire ? Et à y entrer ? Enter Om Kumar Dabidin.

Glenn Agliotti a un passé qui a intrigué en premier Adrien Duval en juillet 2019. Comment avait-il obtenu un permis de résident alors qu’il avait été condamné pour trafic de drogue en Afrique du Sud ? Aucun background check ni due diligence ? Pourtant, ces informations étaient disponibles sur Internet. Le Sud-Africain était également mêlé à un meurtre dans son pays et le journal sud-africain Sunday World avait parlé d’une accusation portée contre lui et son épouse, Lelani, par un homme d’affaires du nom de Jacques Britz Nell, au sujet du non-remboursement d’un demi-million de rands investis dans leur «entreprise de cigarettes». Glenn Agliotti était aussi accusé d’avoir été derrière l’assassinat du représentant d’Interpol en Afrique du Sud. Un CV impressionnant, pour dire le moins!

Investisseur en conseils de beauté

C’est son épouse, Lelani Agliotti, qui obtient en premier un occupation permit comme investisseur le 10 janvier 2018. Investisseur dans quel domaine ? L’intelligence artificielle, Big Data ? Non, comme spécialiste en mode et design. Son label en dit long : «Style by Bella». Mais à la fin, Lelani Agliotti exercera comme une sorte de conseillère en image, sur la façon de s’habiller et de se maquiller. On ne sait pas si ce genre de métier est demandé, l’Economic Develpment Board (EDB) nous répondra aujourd’hui. Et l’on ne sait pas non plus qui étaient les clients de Lelani Agliotti.

Glenn Agliotti demande et obtient assez aisément un permis de résidence le 1er mars 2018 comme dépendant de sa femme. Le permis de résidence est-il accordé au conjoint d’un détenteur/d’une détentrice d’occupation permit comme investisseur ? L’EDB nous informe que c’est le Passport and Immigration Office (PIO) qui délivre un tel permis. Il semble qu’il y ait un autre os: Lelani Agliotti serait déjà divorcée ou en procédure de divorce de Glenn. Mais personne ne l’avait remarqué.

Permis de résidence sans résidence

Répondant à une question parlementaire d’Adrien Duval le 16 juillet 2019, Pravind Jugnauth reconnaît que l’EDB a bien signalé au PMO les antécédents judiciaires et financiers de Glenn Agliotti mais le PMO aurait délivré quand même le permis «en attendant d’autres enquêtes», avait expliqué en substance Pravind Jugnauth. «The matter is being followed up closely at the level of my Office and, on receipt of relevant information, appropriate action will be taken.»

Adrien Duval n’a pu demander au Premier ministre pour quelle raison le permis a été délivré à Glenn Agliotti alors qu’une enquête était en cours, étant interrompu par la speaker d’alors. Pravind Jugnauth dira aussi : «I say again, that I do not rely on what is published in this newspaper or that newspaper.» Il ne croit pas donc en ce qui est écrit dans les journaux sud-africains.

Pourquoi l’interdire quand il veut collaborer avec la police ?

Aucun investissement donc a priori dans quelque bien immobilier, contrairement aux exigences pour l’octroi d’occupation permit comme investisseur ? Et on retrouve les Agliotti louant une maison à Cap-Malheureux, au départ, servant aussi à accueillir la compagnie.

Maison qui appartient à l’épouse de l’ancien propriétaire du bateau qui avait été intercepté en juin, à l’île sœur, lors de la saie du zamal. Cette même détentrice du bungalow serait proche d’un des actionnaires de la compagnie qui a importé la tractopelle dans laquelle les 95 kg de cocaïne ont été retrouvés. Aucun souci pour les Agliotti.

C’est en effet en juin 2019, que le nom d’Agliotti revient sur le tapis avec la saisie de 140 kg de cannabis (zamal) à l’île de La Réunion, et le 10 juillet de la même année, avec la saisie de 95 kg de cocaïne dans une tractopelle. Mais ces «investisseurs» ne sont toujours pas inquiétés. Le couple Agliotti vit tranquillement dans une nouvelle maison louée à Péreybère.

Mais ont-ils été «tipped-off» ? Car vers le 25 juillet 2019, le couple Agliotti et leurs deux enfants prennent le large en douce. Une fois dans son pays natal, le Sud-Africain décide de se défendre à travers News24. Il affirme être venu en Afrique du Sud pour passer les vacances scolaires avec ses enfants et, deuxième raison donnée, pour se faire soigner. Il menace par la même occasion de poursuivre des titres de presse, tout en promettant de revenir à Maurice pour aider la police dans ces enquêtes.

Or, il semble qu’il ait été déclaré «prohibited immigrant» en août 2019, soit juste après son départ. Pourquoi l’avoir laissé partir pour ensuite le déclarer persona non grata, d’autant qu’il disait vouloir revenir pour aider la police ? Nous avons tenté d’obtenir confirmation de cette information auprès du PIO, mais on nous a opposé un refus pour des raisons de confidentialité.

Le rôle d’Om Kumar Dabidin

Pourquoi et comment Glenn Agliotti a-t-il obtenu le permis de résidence tant convoité ? Comme évoqué plus haut, c’est grâce à son épouse qu’il l’a obtenu. Mais encore ? Il faut savoir que le permis a été émis en 2018 par Om Kumar Dabidin alors que ce dernier était secrétaire aux Affaires intérieures. Cela, bien que ce Sud-Africain ait un lourd passif. Pour quelle raison Dabidin n’a-t-il pas été sommé de s’expliquer sur les critères utilisés pour accorder un permis de résidence à un trafiquant de drogue ? Plus généralement, on aimerait savoir si le secrétaire aux affaires intérieures accordera un permis à tout autre étranger même s’il est trafiquant de drogue. Ce haut fonctionnaire est d’ailleurs présent dans nombre d’autorités régulatrices, entre autres.

Conflit d’intérêts

Il siège au conseil d’administration de la Gambling Regulatory Authority (GRA). Ce qui, de prime abord, ne pose aucun problème. Cependant, c’est le même Dabidin qui approuve les demandes de permis de résidence venant de jockeys étrangers. N’y a-t-il pas là de conflit d’intérêts ? Il se chuchote de plus que le personnage aurait des intérêts dans le monde hippique. Pour Me Rama Valayden, «la GRA a un devoir d’indépendance. Or, si c’est la même personne qui accorde des autorisations au PMO et participe aux délibérations au sein de la GRA pour décider s’il faut ou non sanctionner un étranger, il y a bien sûr un conflit d’intérêts». Ce haut fonctionnaire, indispensable aux yeux du pouvoir, siège également sur le board de l’Information and Communication Technologies Authority, qui veut maintenant amender nos lois pour contrôler les échanges sur les réseaux sociaux à Maurice, une mesure considérée comme digne de pays comme la Corée du Nord.

En souvenir de MedPoint

Mais c’est surtout le rôle joué par ce haut fonctionnaire dans l’affaire MedPoint qui dérange le plus. Il a dû, en tant que secrétaire permanent par intérim au ministère de la Santé, s’expliquer sur la raison pour laquelle le prix de la clinique des familles Malhotra et Jugnauth est passé de Rs 75 millions, d’après l’estimation des Valuation and Real Estate Consultancy Services du ministère des Finances, à Rs 125 millions suivant une nouvelle évaluation par la firme privée Hoolooman & Associates. Et aussi sur quels critères s’est basé ce ministère pour acheter les équipements de la défunte clinique pour Rs 9 millions, équipements dont on ne sait jusqu’à présent s’ils sont utilisables. Le Directeur des poursuites publiques avait même recommandé des actions disciplinaires contre Dabidin à ce sujet. Et la Public Service Commission l’aurait d’ailleurs sanctionné. Toute- fois, on ignore si la sanction consistait en une réprimande, sévère ou légère, ou autre rétrogradation.

Visiblement, la sanction n’a pas empêché ce haut fonctionnaire d’obtenir quatre promotions sous le gouvernement Mouvement socialiste militant: titularisation comme secrétaire permanent en 2015, Secretary for Home Affairs en 2018 et chef intérimaire de la fonction publique et secrétaire au cabinet il y a quelques jours de cela après le retrait de Nayen Koomar Ballah pour raison de santé. Il occupe également depuis septembre 2019 le poste de Senior Chief Executive au ministère de la Défense. Bref, un homme à tout faire !

À l’époque de l’échouement du Wakashio, on n’a pas trop entendu parler de lui ni ne l’avons entendu parler, écrivait un confrère. Pourtant, il siégeait sur cinq organismes ayant un lien avec le dossier de la défense maritime, à sa- voir la Mauritius Ports Authority, le Mauritius Oceanography Institute, la National Ocean Council, Cargo Handling Corporation Ltd et le National Disaster Risk Reduction and Management Council.