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La semaine décryptée

16 mai 2021, 19:30

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La semaine décryptée

Lundi 10 mai

Le désastre Jagutpal-Khodabacus-GIS

Le lundi 10 mai a été marqué par un show Jagutpal différent car agrémenté de la participation de journalistes via Zoom. Le tout orchestré par le Government Information Service (GIS) avec martèlement de ce nom dans le but sans doute de se construire une certaine popularité.

Le ministre Kailesh Jagutpal s’était fait accompagner du Dr Fazil Khodabacus qui porte le titre de Regional Public Health Superintendent au ministère de la Santé. Finalement, ce qui devait se terminer par un efficace exercice de communication, s’est achevé en eau de boudin car les deux médecins ont fait preuve d’un manque total de maîtrise de leur dossier. Une pareille bourde de la part de deux personnes qui étaient supposément, à ce moment-là, les deux meilleurs porte-parole du gouvernement sur la question du Covid-19 est incompréhensible. Ils ont au départ affiché une ignorance totale de données cruciales sur des cas d’importation de ce virus dans le pays. Ils étaient interrogés sur la possible arrivée à Maurice de passagers infectés de Covid-19 en Inde.

Au départ, le ministre a tenté de «passe boule» au Dr Khodabacus, puis dans une série de bégaiements désespérés, il a fini par reconnaître implicitement que des cas de Covid sont venus de l’Inde récemment. «Mo krwar ena deux cas», dira-t-il finalement Si les deux médecins savaient qu’il y avait des cas importés de l’Inde mais voulaient dissimuler cette information, ils ont ainsi fait preuve d’un manque de responsabilité envers la population mauricienne, se faisant plutôt agents de protection des intérêts et de l’image de l’Inde. S’ils ignoraient un élément crucial dans le dossier, ils n’en sont pas moins coupables. Ce fut aussi un échec pour le GIS qui a raté son show avec Zoom. Si des représentants d’une firme privée s’étaient comportés de la sorte, ils auraient été limogés sur le champ.

Mardi 11 mai

L’une décapitée, l’autre déclarée morte alors que vivante

Encore un cas de négligence médicale dans le service de santé public a été au centre de l’actualité ce mardi 11 mai quand le ministre de la Santé a été interpellé au Parlement sur le cas révoltant du bébé Kara Emilien Quirin.

La petite fille Quirin, née prématurément à l’hôpital de Rose-Belle, avait été déclarée morte et placée dans une boîte de désinfection. Mais un autre médecin traitant l’avait entendu pleurer. Cela rappelle le cas de la petite Prishtee Ram qui avait été décapitée lors d’un exercice d’accouchement sur sa maman, Sweta Seeneevassen.

Ce qui est encore plus choquant dans ce cas Quirin, c’est que la protestation faite par les parents contre ce cas de négligence n’a été dirigée vers le Medical Negligence Standing Committee que quatre mois après suivant la démarche des parents.

Cette désinvolture des autorités à agir dans des cas où des Mauriciens rapportent des cas de graves manquements dans le service serait inqualifiable. Dans ce contexte, il ne faudrait pas exclure des réactions d’esprit de corps tendant à actionner des manœuvres de cover-up.

Mercredi 12 mai

L’IRSA, le summum du majakaro

L’express du mercredi 12 mai publie un dossier sur un révoltant scandale d’incompétence, d’inefficience et de gaspillage de fonds publics. Il s’agit d’un monstre peu connu du public et qui s’appelle l’Integrity Reporting Services Agency (IRSA).

Dirigée par deux Britanniques – Paul Keyton, le CEO, et Philips of Worth Matravers, chairman –, l’IRSA est plus que worthy du label d’une institution de République bananière.

Les Britanniques ont pendant des siècles dominé une bonne partie du monde car ils ont su comment maîtriser les mœurs des peuples et comment en tirer avantage. Dans le cas de l’IRSA, ils n’ont pas tardé à adopter la culture mauricienne de majakaro, terme bhojpuri pour jouissance. Cette IRSA qui est supposée enquêter sur des cas d’enrichissement illégal n’a réussi qu’à retracer un seul cas. Le bébé des Britanniques coûte Rs 36 millions aux contribuables mauriciens.

Dans quelle direction part une somme de Rs 36 millions ? À tout seigneur, tout honneur : le chairman se tape Rs 8,7 millions. Le CEO, lui, Rs 6,8 millions. Les membres du board dont le frère du speaker Phokeer, touchent un million chacun. L’IRSA a versé à l’avoué Preetam Chuttoo la somme de Rs 913 000. Un avocat, Ali Hajee Abdoula, a, lui, eu droit à Rs 897 000. Cet avocat porte un nom ressemblant étrangement à celui de Sattar Hajee Abdoula à qui le gouvernement a confié les destinées d’Air Mauritius et de la SBM, ses deux plus grosses entités ‘privées’.

Selon l’ancien ministre des Services financiers, l’IRSA a eu pour principale mission d’enquêter sur Navin Ramgoolam. Apparemment, les deux Britanniques n’ont rien trouvé de compromettant car LaKwizinn en aurait fait tout un spectacle autrement.

Jeudi 13 mai

L’ICTA contrôlant l’Internet : réaction robuste de l’Église        

Ce jeudi 13 mai, l’Église catholique se prononce sur les amendements proposés par l’Information and Communications Technologies Authority (ICTA) afin de contrôler l’Internet à Maurice et de stopper les attaques contre le gouvernement.

Dans un document soumis par le vicaire-général Jean Maurice Labour, le diocèse catholique, tout en utilisant un langage diplomatique, ne cache pas son opposition bien déterminée à cette démarche.

Pour mieux comprendre la position de l’Église catholique, il serait intéressant de relever quelques réflexions faites par le père Labour dans le document. Tour d’abord l’allusion faite à «l’engagement de Mgr Jean Margéot et du père Henri Souchon reste pour l’Eglise une référence dans le domaine de la défense de la liberté d’expression» vaut son pesant d’or. En effet en 1984, fort de sa victoire aux élections de 1983, le gouvernement Jugnauth avait tenté d’étrangler financièrement les journaux mauriciens en exigeant le dépôt d’une forte somme pour pouvoir opérer. Le père Souchon s’était joint à un sit-in devant l’Hôtel du gouvernement organisé par Jean-Claude de L’Estrac et soutenu par un grand nombre de journalistes dont Kher Jagatsingh pour protester contre cette démarche.

Par la suite, Mgr Jean Margéot s’était prononcé lui aussi contre cette nouvelle mesure. Face au tollé soulevé, le gouvernement Jugnauth abandonna cette initiative liberticide.

Par ailleurs, dans le document sur l’ICTA, l’Église catholique évoque le contrôle des institutions par des nominés politiques. Voici cette réflexion du vicaire-général sur cette question de mainmise :

«Quelle sera la composition du National Digital Ethics Committee (NDEC) et qui nommera ses membres ? À voir les nominations partisanes des board des corps paraétatiques, cela laisse à penser que l’État serait juge et partie. Sur quels critères seront nommés les office bearers et le chairman

Quand on réalise qu’un taximan fervent MSM a été nommé chairman de l’Independent Broadcasting Authority, on pourrait mieux comprendre le souci de l’Église catholique.

Vendredi 14 mai

On ne compte plus les ripoux

Encore un policier arrêté pour un délit. L’express du vendredi 14 mai annonce que l’assistant commissaire de police (ACP) Baldeo Hansraj a été arrêté la veille par l’ICAC. On accuse ce haut gradé de la police d’avoir abusé de sa position pour faire relâcher un activiste politique.

L’ACP Hansraj avait ainsi outrepassé un ordre de la cour pour le maintien en détention de cet agent politique, un dénommé Vishal Mauracheea, dans le magasin de qui on avait constaté la présence problématique d’articles d’une valeur de Rs 700 000.

Le nombre de policiers arrêtés, suspendus ou transférés après avoir commis des délits ne se compte plus. Ainsi, suivant la découverte de 275 kg de drogue dans le Nord et l’arrestation du policier Kevin Joumont, on parle maintenant de la participation d’un haut gradé, propriétaire de plus de 50 voitures de louage, dans l’opération montée pour assurer le transport de cette drogue d’une partie de l’île vers Pointe-aux-Canonniers.

Va-t-on assister à d’autres arrestations dans les jours à venir ? Ou tentera-t-on de limiter la casse afin qu’on ne remonte pas aux vrais chefs du gros business ?