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Mères accusées de vendre leurs enfants: Des séquelles qui perdurent
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Mères accusées de vendre leurs enfants: Des séquelles qui perdurent
C’est une énième affaire qui choque. Mardi, une habitante de Camp-Levieux, soupçonnée d’avoir vendu sa fille de 12 ans, a été arrêtée par la police de la localité (voir texte ci-dessous). «L’acheteur» ne serait autre que son concubin, qui est accusé d’attentat à la pudeur sur la petite. Montant de la transaction: Rs 500. Hélas, ce n’est pas un cas isolé. En février 2021, celui d’une autre Rosehilienne interpellait l’opinion publique. En effet, quatre jours après avoir accouché d’une petite fille à l’hôpital Victoria, elle aurait vendu son nouveau-né. Cette mère en aurait fait de même avec six bébés. Des situations qui font froid dans le dos.
Comment les mères parviennent-elles à commettre ces actes à l’égard de leurs enfants ? Outre les difficultés financières et des violences antérieurement subies par la mère elle-même, Laurent Baucheron de Boissoudy, psychologue clinicien qui travaille à Open Mind, association encadrant enfants et adultes en souffrance psychologique, à Chrysalide, qui effectue la réhabilitation des femmes sujettes aux ad- dictions et victimes de violences domestiques, distingue d’autres raisons. «Il y a une certaine soumission à la sexualité masculine ainsi qu’un mépris de la féminité. Il s’agit de la sienne comme maman et celle de son enfant. Elle a pour perception que le corps peut se monnayer pour l’homme. Cela traduit aussi un manque de volonté par rapport à la morale.» Il évoque également un trouble mental ou psychologique chez les mères qui vendraient leurs enfants.
Pour Rita Venkatasawmy, Ombudsperson for Children, il faut étudier ces situations au cas par cas. «Évidemment, ce sont les personnes les plus pauvres qui y sont impliquées mais on ne peut généraliser. Dans des situations de détresse et d’extrême précarité, les gens sont prêts à tout. Ce n’est pas une raison pour vendre son enfant. Il faut voir pourquoi les parents ne sont plus attachés à leurs enfants. Avec ces cas-là, je ressens qu’un accompagnement des parents est impératif.»
Quelles sont les séquelles immédiates chez les victimes ? Celles-ci empirent-elles dans le temps, surtout si l’enfant est revendu ? «Les enfants souffriront davantage d’un emotional breakdown notamment avec la vente et les transactions d’argent», constate Christiano Arlanda, directeur adjoint de SOS Village. Le psychologue clinicien, également de service à la Ruth School, établissement destiné aux enfants sujets aux troubles d’apprentissage, mentionne un traumatisme et un manque de confiance en soi et d’estime de soi. «Un mépris à l’égard de la mère et des adultes en général sera développé. L’enfant pensera : si ma mère m’a vendu, donc mon prof aussi le fera tout comme d’autres adultes. Le mépris s’étendra à elle-même ainsi qu’aux hommes», précise-t-il.
Au fil du temps, cette souffrance va s’incruster en l’enfant à mesure qu’il grandit si celui-ci a été vendu une seule fois. Or, si ce délit se perpétue, cela va augmenter le traumatisme et renforcer les conséquences. Pour sa part, l’Ombudsperson for Children explique que les victimes sont traumatisées à vie et déscolarisées. «Face à ces abus, la Child Development Unit doit les retirer de leurs familles. La personne la plus importante de la vie de ces enfants, soit la maman qui doit les protéger, les met en danger. Il faudra plusieurs années pour que les victimes puissent reprendre leur scolarité», confie-t-elle.
Face à ces conséquences, faut-il retirer l’enfant vendu du domicile de l’accusée ? Quels sont les risques si celui-ci doit y être replacé ? Selon Laurent Baucheron de Boissoudy, le danger de récidive est réel après la détention de l’accusée. L’autre problématique est la violence de l’enfant sur le parent et l’inverse, poursuit-il. Concernant le retrait de la victime de la maison de la maman incriminée, le psychologue propose une alternative. «Isoler ou retirer l’enfant de sa famille peut entraîner des carences affectives des parents. En solution, on peut le retourner au domicile mais avec une prise en charge psychoéducative. Il y a alors une obligation exigée par la cour pour un suivi de la famille et de l’enfant. Cela permet d’exercer un contrôle des services sociaux pour voir si les parents ne commettent pas à nouveau le délit.»
Selon Rita Venkatasawmy, il faut d’abord évaluer les compétences des parents pour leur prise en charge à travers des ONG avant de statuer sur le retrait de l’enfant. Christiano Arlanda avance que le travail avec la famille est crucial face à ces délits. «Si après enquête, il est établi qu’il y a eu abus, l’enfant ne pourra pas y retourner car il risque d’être abusé à nouveau. Il y a une réinsertion à faire avec les deux partis – parents et enfant.»
Abus sur une fille de 12 ans : des proches dénoncent la mère
La région de Camp-Levieux, Rose-Hill est sous le choc. Mardi, une mère de 41 ans a été arrêtée par la police après avoir été dénoncée par sa fille de 12 ans. La quadragénaire a avoué avoir empoché Rs 500 pour que son concubin ait des relations sexuelles avec la mineure. L’homme de 59 ans, qui habite le même immeuble que la famille, s’est donné la mort par pendaison sur un terrain en friche dans la localité mercredi matin.
Cette affaire a éclaté au grand jour lorsqu’une des tantes de la victime s’est rendue au poste de police de Camp-Levieux pour dénoncer la mère de l’enfant. C’est ainsi que le bureau de la Family Welfare and Protection (FWP) de la Child Development Unit (CDU) a été alerté. Après avoir interrogé la fillette qui est en grade 6, l’organisme a fait une déposition et a expliqué en détail l’expérience traumatisante dont la fillette aurait été victime. Cette dernière aurait raconté que le concubin de sa mère aurait attenté à sa pudeur à plusieurs reprises et qu’il l’aurait même brûlée avec une cigarette.
Dans l’après-midi de mardi, la mère de la fillette a été emmenée au poste de police pour s’expliquer sur l’affaire. Elle n’a pas récusé les faits, expliquant que le samedi 15 mai, l’homme serait venu à son domicile et lui aurait proposé Rs 500 pour avoir des rapports sexuels avec elle. Il aurait par la suite, fait part de son désir d’avoir des relations sexuelles avec sa fille mineure. Elle dit avoir accepté la proposition. Le quinquagénaire se serait rendu dans la chambre de la fillette et se serait adonné à des attouchements sur cette dernière.
La nouvelle s’est très vite propagée dans le quartier. «Ou pa kapav ena enn tifi e tou kalite figir vinn kot ou, nimport ki ler.» La quadragénaire, disent ses voisins, avait pour habitude de quémander de l’argent aux habitants du quartier. «Elle demandait tout le temps Rs 10. Elle disait que c’était pour acheter à manger à sa fille.» Depuis une quinzaine d’années, elle habitait cette maison avec un homme qui était séparé de son épouse. De cette relation est née leur fille. L’homme est décédé il y a environ un an des suites d’une maladie.
Face à cette tragédie, les voisins, révoltés, pointent du doigt la quadragénaire qui a terni l’image du coin, considéré comme tranquille. Toutefois, peu après son arrestation, trois individus ont débarqué dans l’immeuble pour s’en prendre au quinquagénaire, qui a été retrouvé pendu à un arbre mardi matin. Les voisins, qui ont qualifié ce dernier d’homme sans histoire, disent ne pas croire qu’il entretenait une liaison avec la quadragénaire et encore moins qu’il abusait de la fillette. Ils sont d’avis que le quinquagénaire, victime d’un chantage de la mère de famille, n’aurait pu tenir la pression et l’accusation.
La fillette est toujours admise à l’hôpital pour suivre le protocole des victimes d’abus sexuel et bénéficie d’un encadrement psychologique. La CDU a obtenu un Emergency Protection Order pour retirer la garde de l’enfant à sa mère. L’officier de la FWP travaille de concert avec une psychologue pour effectuer une évaluation parentale et décider où l’enfant sera placé. Au cas contraire, la fillette sera prise en charge par la CDU et placée dans un shelter. Toute personne qui a connaissance d’un cas de maltraitance ou d’abus sur des mineurs est invitée à alerter la hotline 113 qui opère 24/7.
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