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Force policière: arrestations et dénonciations…

22 mai 2021, 22:15

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Force policière: arrestations et dénonciations…

Le rappel à l’ordre du commissaire de police en dit long. Entre écarts de conduite, officiers impliqués dans des affaires de drogue ou de corruption alléguée, la police est vertement critiquée. Quelles solutions pour redorer le blason de l’uniforme bleu ?

«Agir de façon juste en toute impartialité et intégralité.» C’est le premier principe de l’éthique que les policiers à Maurice sont tenus de respecter dès le moment qu’ils prêtent serment. Sauf que ces derniers temps, il ne se passe pas une semaine sans que la police ne soit impliquée dans des incidents qui ne font pas honneur à l’uniforme bleu : que ce soit dans des affaires de drogue ou encore de corruption, entre autres. Au-delà de la honte qu’inspire ce genre de faits, les citoyens se disent surtout révoltés contre ce qu’ils jugent être l’impunité policière.

Selon l’inspecteur Shiva Coothen du Police Presss Office, joint au téléphone par l’express hier, le commissaire de police, Khemraj Servansing, a rappelé ses troupes à l’ordre hier lors d’une fonction organisée aux Casernes centrales. «Il a été clair sur le fait qu’il ne tolérera pas des écarts de conduite de la part des policiers. Il a aussi invité les nouveaux promus à retourner leur uniforme s’ils veulent choisir la voie criminelle», affirme Shiva Coothen.

L’inspecteur Shiva Coothen concède qu’il existe des policiers qui ne sont «pas dignes de porter l’uniforme» et qu’il y va de chaque policier de redorer le blason de la police. «Ou bizin koman respé. Ou bizin respekté lezot pou ki lezot respekté ou. Il n’y a pas de compromis dans ce métier mais malheureusement, il y a certains qui se trompent de carrière. Mais des fois, il faut comprendre que les policiers sont des êtres humains aussi.»

La mise en garde de Khemraj Servansing rappelle celle de sir Anerood Jugnauth au Parlement en juillet 2018. Le ministre Mentor d’alors avait déclaré que les brebis galeuses au sein de la police ne seront pas tolérées. Il avait surtout fait part de son étonnement de constater que des officiers interdits de leurs fonctions continuaient de toucher leur salaire et cela pendant longtemps. Sir Anerood Jugnauth avait insisté : cette situation ne peut perdurer.

Pourtant, selon le dernier rapport de l’Audit, la somme de Rs 1,7 million a été payée à un policier interdit de ses fonctions depuis 2015. Autrefois affecté au sein de la Northern Division, il est accusé d’être impliqué dans une fraude financière s’élevant à plus de Rs 30 millions. Aujourd’hui encore, il continue de toucher son salaire.

Réactions

Hector Tuyau : «Beaucoup de policiers agissent par peur de représailles»

L’assistant surintendant de police Hector Tuyau, qui vient d’annoncer sa retraite de la police, après 42 ans de service, explique les récentes bavures par le fait que les forces de l’ordre ne sont pas indépendantes. «Il n’y a pas d’autres solutions. Les policiers doivent répondre uniquement à leur hiérarchie et non pas aux membres du gouvernement. Malheureusement, il existe souvent des interventions externes qui dirigent les policiers et beaucoup de ces officiers agissent par peur de représailles», explique-t-il.

Quelle est donc la solution ? «C’est facilement réalisable à mon avis. Ce n’est que le commissaire de police qui devrait rendre des comptes au gouvernement et personne d’autre. Je n’ai jamais laissé personne s’ingérer dans mon travail. Cela m’a permis de travailler librement sans aucune contrainte. Tous les policiers doivent avoir cette possibilité pour leur crédibilité.»

Dev Jokhoo : «Politisien bizin aret fou zot nene dan la polis»

L’ex-patron du National Security Services, Dev Jokhoo, partage l’avis d’Hector Tuyau sur le fait que «politisien bizin aret fou zot nene dan la polis». S’exprimant, sans mâcher ses mots, celui qui a aussi été adjoint au commissaire de la police déplore aussi que ceux qui sont à la tête de la police et des Casernes centrales sont des personnes sous contrat. «Sak fwa zot kontra ‘extend’. Zot inn ariv laz retret. Zot bizin ‘enjoy’ zot retret avek zot zanfan ek ti zanfan.»

Dev Jokhoo cite deux exemples pour démontrer comment les transferts au sein de la police ont lieu «à la légère», surtout dans les endroits stratégiques. «Un ancien Sergeant-at-arms, qui avait participé à la fête d’anniversaire de Sada Curpen, est aujourd’hui chargé du poste de police de Grand-Baie. À Pointe-aux-Canonniers, il y a un ancien responsable de l’Anti-Robbery Squad et dans la récente affaire de drogue, des membres de cette unité étaient impliqués. Je n’accuse personne mais comment voulez-vous avancer si vous transférez des personnes vulnérables dans les endroits stratégiques ?», fustige-t-il.

Il ajoute : «Kan ou asizé ou get tou sa, ou fini trouvé kouma tou rélié ek kifer ena sertin kitsoz déroul fasilman. De bons policiers il y en a, mais encore faut-il les utiliser à bon escient. C’est démotivant pour eux. J’ai honte personnellement de dire que j’ai fait partie de cette force policière.» Dev Jokhoo dit aussi regretter que l’Independent Police Complaints Commission n’arrive pas à remplir son contrat. «Li zis enn ‘eyewash’.»

Jaylall Boojhawon : «C’est dommage de voir ceux qui utilisent leurs positions pour obtenir des gains personnels»

«La population a pu voir le travail effectué par la police. Que ce soit pour démanteler les barons de drogue comme cela a été le cas au cours de ces dernières semaines. Imaginez que tout cela aurait été sur le marché. Cela aurait tué les familles. Et aussi, lors des deux derniers confinements, la police a fait un travail énorme sur le terrain. Et le nombre de cas positifs diminue. On a été au four et au moulin, ayant travaillé dans les zones rouges. Mais c’est malheureux de voir que ce gros travail est entaché par le comportement de certains policiers. C’est dommage que les gens ne voient que la tache noire qui est sur un drap blanc. Toutefois, cela ne peut être évité car à travers le monde, l’on voit ce type de comportement. Certes, nous ne sommes pas parfaits, mais je demande aux policiers de ne pas gâcher l’honneur de cet uniforme. Pour ceux qui font face à des problèmes personnels, Ils peuvent venir voir leurs supérieurs ou encore voir un psychologue. C’est dommage de voir ceux qui utilisent leurs positions pour obtenir des gains personnels.»

Dénonciations et arrestations

Comparution de Nobin dans l’affaire Brasse: L’inspecteur Seebaruth en cour le 24 juin

Le 24 juin. C’est la date à laquelle le contre-interrogatoire de l’inspecteur Seebaruth du «Central Criminal Investigation Department» (CCID) se poursuivra devant la magistrate Neela Ramdewor-Naugah de la cour correctionnelle de Port-Louis. Cela, dans le sillage des débats entourant la motion de l’ancien commissaire de police Mario Nobin sur la radiation d’accusation de «using office for gratification» en vertu de l’article 7 (i) de la Prevention of Corruption Act (PoCA) dans l’affaire Mike Brasse. La défense avait, par le biais de Mes Narghis Bundhun et Zaki Ramtoollah, réclamé la radiation d’accusation évoquant un délai entre l’acte d’accusation et son arrestation. Mario Nobin est accusé d’avoir exercé son influence sur les officiers, parmi lesquels l’ASP Narendrakumar Boodhram du Passport and Immigration Office (PIO), en septembre 2016 pour l’octroi d’un nouveau passeport en urgence à Mike Brasse. Deux mois plus tard, ce dernier a été arrêté puis condamné à La Réunion pour trafic de drogue.

L’Independent Police Complaints Commission: aucun bilan après trois ans

L’«Independent Police Complaints Commission» (IPCC) a été constituée en avril 2018. L’organisme, qualifié de «eyewash» par Dev Jokhoo, est chargé de mener des enquêtes sur des plaintes contre des officiers de police en fonction. C’est Deviyanee Beesoondoyal qui en est à la tête. Elle est épaulée par une vingtaine d’employés dont des enquêteurs. Dans un premier temps, il était question de résoudre des enquêtes dans un délai de six mois pour qu’il n’y ait pas d’accumulation de cas. Sauf que selon une source proche du dossier, cet objectif est difficilement atteint notamment depuis le début de la pandémie. En juin 2020, Xavier-Luc Duval avait interrogé Pravind Jugnauth à ce sujet au Parlement mais le Premier ministre avait assuré que des plaintes pouvaient être déposées à la commission, malgré les restrictions sanitaires en place, sans entrer dans les détails. «L’express» a contacté l’IPCC pour connaître le nombre de plaintes enregistrées ces dernières années mais nous n’avons eu aucun retour. Impossible également d’avoir des éléments d’informations d’intérêt public sur le site dédié à l’organisme. Trois ans après sa mise en opération, l’IPCC est toujours privée d’un bilan concret, du moins dans le domaine public.

 

Mario Nobin

<p style="text-align:center"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/gallery/mario_nobin.jpg" width="620" /></p>

<p><strong>29 décembre 2020 :</strong> Mario Nobin est arrêté et traduit en cour à la suite de l&rsquo;affaire Mike Brasse. Il a été appréhendé sous une accusation provisoire de <em>&laquo;using office for gratification&raquo;</em> sous l&rsquo;article 7 (i) de la<em> &laquo;Prevention of Corruption Act&raquo;.</em> Mario Nobin aurait exercé de son influence dans l&rsquo;octroi en urgence d&rsquo;un passeport au présumé trafiquant de drogue Mike Brasse en 2016, alors qu&rsquo;il était commissaire de police.</p>

<p><strong>Heman Jangi </strong></p>

<p style="text-align:center"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/gallery/hemant_0.jpg" width="620" /></p>

<p><strong>16 mai 2021: </strong>Le <em>&laquo;Deputy Commissinner of Police&raquo; </em>est de nouveau propulsé sur le devant de la scène avec l&rsquo;arrestation de Rama Valayden à 2 heures du matin. La manière dont se sont déroulés ces faits a été vivement critiquée. Dans la soirée le même jour, Heman Jangi justifie cette procédure sur la télévision nationale.</p>

<p><strong>Baldeo Hansraj </strong></p>

<p style="text-align:center"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/gallery/baldeo_hansraj_1.jpg" width="620" /></p>

<p><strong>13 mai 2021 :</strong> L&rsquo;assistant commissaire de police (ACP) est arrêté par l&rsquo;<em>&laquo;Independent Commission against Corruption&raquo;. </em>On lui reproche d&rsquo;avoir usé de sa position pour libérer sur parole, le 24 octobre 2018, Vishal Maurachea, un agent de l&rsquo;ex-ministre Sudhir Sesungkur. Vishal Maurachea était accusé d&rsquo;avoir agressé un laboureur. L&rsquo;ACP est actuellement suspendu de ses fonctions en attendant la fin de l&rsquo;enquête.</p>

<p><strong>Anil Kumar Dip </strong></p>

<p style="text-align:center"><img alt="" height="331" src="/sites/lexpress/files/images/gallery/anil_kumar_dip.jpg" width="620" /></p>

<p><strong>12 mai 2021:</strong> Une déposition est faite au poste de police de Trou Fanfaron à l&rsquo;encontre du<em> &laquo;Deputy Chief Commissioner&raquo;</em> (DCP) par le beau-père de sa fille. Ce dernier dans sa déclaration avance que le DCP aurait insinué qu&rsquo;il allait causer du tort à son ex-belle-famille, car sa fille étant en instance de divorce actuellement.</p>

<p><strong>Constable Garry Joumont </strong></p>

<p style="text-align:center"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/gallery/garry_joumont_2.jpg" width="620" /></p>

<p><strong>6 mai 2021 :</strong> Il est arrêté dans le sillage de la saisie record de 269 kilos de drogue - 243 kilos d&rsquo;héroïne et 26 kilos de haschisch - à Pointe-aux-Canonniers. Ce serait à bord de son véhicule que la drogue aurait été dissimulée. Il en est à sa deuxième semaine d&rsquo;interrogatoire. Il est représenté par Me Jean-Claude Bibi. Le policier a indiqué que c&rsquo;est sa voiture, une Fiat Fiorno rouge, qui a été empruntée par une connaissance. Il nie toute implication dans cette saisie de drogue. L&rsquo;interrogatoire a dû être stoppé le jeudi 20 mai et reprendra lundi car les enquêteurs devront vérifier ses dires sur les images des caméras CCTV.</p>

<p><strong>Policier portant mal son masque</strong></p>

<p style="text-align:center"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/gallery/policier_mal_porter_son_masque.jpg" width="620" /></p>

<p><strong>18 mai 2021 : </strong>C&rsquo;est une vidéo qui est devenue virale. L&rsquo;on y voit un policier qui porte son masque sous son menton et qui s&rsquo;adresse à une patiente de l&rsquo;hôpital Victoria. Yeshna Lutchmun a déclaré que le policier lui crachait dessus et qu&rsquo;elle lui a demandé de porter correctement son masque, chose qui n&rsquo;a fait qu&rsquo;empirer la situation. La patiente s&rsquo;est rendue à l&rsquo;<em>&laquo;Independent Police Complaints Commission&raquo;</em> en compagnie de ses représentants légaux, Mes Anoup Goodary et Mridula Chooromoney, pour rapporter l&rsquo;affaire.</p>

Choolun Bhojoo

<p style="text-align:center"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/gallery/choolun-bhojoo.jpg" width="620" /></p>

<p><strong>Avril 2021 : </strong>Une lettre est envoyée aux Casernes centrales pour dénoncer le<em> &laquo;Deputy Chief Commissioner&raquo; </em>et sa façon de gérer les affaires liées à l&rsquo;<em>&laquo;Anti-Drug and Smuggling Unit&raquo;. </em>Les lanceurs d&rsquo;alerte parlent même de la pression qu&rsquo;il exercerait sur les présumés voleurs et revendeurs de drogue, alléguant même les pratiques non conventionnelles menées lors des interrogatoires. Quelques jours après la réception de cette lettre, la saisie record de drogue d&rsquo;une valeur de plus de Rs 3 milliards à Pointe-aux-Canonniers est faite.</p>

<p><strong>Krishna Jhugroo </strong></p>

<p style="text-align:center"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/gallery/krishna_jhugroo_1.jpg" width="620" /></p>

<p><strong>Mai 2021 : </strong>Une lettre circule actuellement contre le <em>&laquo;Deputy Chief Commissioner&raquo;</em> et fait mention de plusieurs cas où il aurait utilisé son pouvoir à des fins personnelles ou au niveau de la police. Parmi les allégations, l&rsquo;on indique des travaux de rénovation de sa maison à Vacoas - notamment de la manière dont il aurait obtenu le matériel, entre autres, ou encore de son rôle dans l&rsquo;arrivée du bétail au port.</p>

<p>*Leurs réactions sont attendues</p>

 

Affaire Bal Kouler: Le ‘ruling’ sur la motion d’abus de procédures attendu

Une date sera communiquée par voie circulaire aux avocats du parquet, en l’occurrence Abdool Raheem Tajoodeen, et de la défense, Me Avinesh Dayal, pour la prochaine comparution de l’ancien ministre de l’Environnement, Raj Dayal, devant la division financière de la cour intermédiaire, concernant l’accusation de blanchiment d’argent qui pèse sur lui. Ce dernier réclame l’arrêt du procès dans l’affaire Bal Kouler en évoquant un vice de procédures en raison du départ de deux magistrats, ce qui a nécessité le redémarrage de son procès. De plus, Raj Dayal dit être souffrant. L’ancien ministre est accusé d’avoir sollicité un pot-de-vin de l’homme d’affaires Soobhany pour l’achat de 50 sacs de poudre de couleur en échange d’un permis pour son projet immobilier. Les magistrates Naddiyya Dauhoo et Nalini Senevrayar-Cunden ont écouté la version du Dr Sookur qui déclare que l’accusé avait subi une attaque en 2016. «Son état de santé s’est détérioré en décembre 2020 et il se trouvait dans un état critique», explique le spécialiste. Toutefois, il a concédé que l’état de santé de l’accusé peut être stabilisé si ce dernier est suivi régulièrement par des médecins. Les deux magistrates se prononceront sur ladite motion à une date ultérieure.