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Les policiers, armes politiques de destruction massive de confiance populaire

23 mai 2021, 19:00

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Les policiers, armes politiques de destruction massive de confiance populaire

À qui profitent les agissements de la police ? Est-elle devenue un outil politique entre les mains des politiciens et autres «gro palto» ? L’interpellation de Rama Valayden à son domicile à 2 heures du matin dimanche dernier et l’arrestation d’un inspecteur sanitaire pour sa présence aux funérailles du jockey Nooresh Juglall, notamment, viennent une nouvelle fois braquer l’attention sur le fonctionnement de la police. Les hommes en bleu sont-ils devenus des «pantins», comme le diraient certains ?

Selon Ranjit Jokhoo, inspecteur de la Major Crime Investigation Team, à la retraite après 43 ans de service, dans l’affaire Rama Valayden, il faut en premier lieu savoir qui dit vrai, mais de toute façon, il n’était pas nécessaire d’aller le cueillir à son domicile à 2 heures du matin. «Rama Valayden est une personne connue et il n’y avait aucune urgence. Il ne se serait pas sauvé comme un criminel.»

Et si c’était à la demande de Rama Valayden lui-même que la police se serait rendue chez lui ? L’ex-inspecteur de police avoue que c’est la première fois de sa vie qu’il entend cela. «Sa ve dir nimport ki dimounn ki pou dir lapolis vinn pran li dimé, lapolis pou alé?»

Or, fait-il ressortir le fonctionnement du Central Criminal Investigation Department (CCID) est une des seules unités de la police qui fonctionne de 8 heures à 17 heures au quotidien. «Bann-la met kravat travay laba. N’y avait-il pas d’autres priorités ? D’autres dossiers plus urgents à traiter ? Ti bizin zis get misié Valayden?»

Perdre la confiance de la population

Pour lui, il est clair que des membres de la police sont utilisés comme arme politique et c’est ce qui leur fait perdre la confiance de la population. «Ils donnent l’impression que l’on se sert d’eux pour s’attaquer aux opposants politiques. Ou trouv zot pe tir pli vit ki zot lomb koumadir Lucky Luke.»

Si Ranjit Jokhoo soutient qu’il y a toujours de bons éléments, il maintient que les ordres viennent, pour la plupart, d’en haut, qu’il faut impérativement exécuter «au risque de se retrouver transféré loin de son domicile ou endurer d’autres tracasseries. Il y en a d’ailleurs eu dans l’affaire Kistnen par exemple.»

Pour lui, cette situation n’a jamais été aussi courante dans le passé, quel que soit le régime au pouvoir. «Aster ou trouv tou kalité politisien interfer ek lanket lapolis. Koumadir lepok Hitler.» Vivement un commissaire de police à l’épreuve et indépendant en toutes circonstances.

Pas la première fois

Dans le cas de Rama Valayden, font ressortir plusieurs sources, il ne faut pas oublier que ce n’est pas la première fois que la police utilise ce type de procédé. Le 22 août 2020, Jonathan et Josué Dardenne avaient été arrêtés à leur domicile à Trou-d’Eau-Douce vers 6 heures du matin, après une plainte consignée à la police peu après minuit. Ils étaient accusés d’avoir agressé deux partisans du MSM lors de la comparution mouvementée des ministres Sudheer Maudhoo et Kavy Ramano au tribunal de Mahébourg, dans la même semaine.

Dans la même veine, en avril 2020, Rachna Seenauth avait été arrêtée par le CCID. La secrétaire de l’ex-présidente Ameenah Gurib-Fakim. Elle avait passé la nuit en cellule et avait été interrogée sous une charge provisoire de breach of ICTA dans le sillage d’un mème sur le Premier ministre – texte que beaucoup ont jugé humoristique – qu’elle avait partagé sur Facebook et qui avait été véhiculé par des centaines d’internautes.

Pourquoi l’inspecteur sanitaire ?

Une autre arrestation a surpris plus d’un mercredi. Celle d’un inspecteur sanitaire par le CID de Port-Louis Nord, pour infraction à la Quarantine Act. Il avait assisté aux funérailles du jockey Nooresh Juglall dimanche dans la capitale. L’habitant de Triolet, âgé de 43 ans, a été libéré le même jour.

Pourquoi lui seulement ? se demandent plusieurs. Alors que selon la police, environ 100 véhicules et plus de 500 personnes y ont participé alors que seules dix personnes sont autorisées.

Selon nos recoupements d’informations, les images de cet évènement ont été passées à la loupe par les policiers et plusieurs autres personnes pourraient être entendues prochainement. «L’enquête est toujours en cours», fait-on comprendre même si cette tâche s’annonce fastidieuse.