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Filtrage des réseaux sociaux: Facebook critique les propositions de l’ICTA

27 mai 2021, 11:25

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Filtrage des réseaux sociaux: Facebook critique les propositions de l’ICTA

Grâce à la démarche du Systems Architect et du Systems Engineer de La Sentinelle Ltée (LSL), les Mauriciens peuvent prendre connaissance des commentaires du géant des réseaux sociaux Facebook par rapport à l’intention de l’Information and Communication Technologies Authority (ICTA) de filtrer certains contenus publiés sur Facebook.

Alors que l’ICTA n’a publié que des extraits des commentaires faits par Facebook vendredi dernier, Chittesh Sham, Systems Engineer à LSL, a demandé à Facebook de dévoiler les commentaires qu’il a envoyés à l’ICTA dans le cadre de la consultation publique portant sur le filtrage des réseaux sociaux. Et mardi soir, Ish Sookun, Systems Architect à LSL, qui a reçu les commentaires de Facebook, a publié le document sur son blog pour que tous les internautes mauriciens puissent en prendre connaissance.

Ce qu’il faut en retenir, c’est que Facebook est disposé à aider l’État mauricien à bloquer des contenus illégaux. D’ailleurs, un locuteur de créole mauricien sera recruté pour modérer des contenus rapportés sur Facebook. Mais dans ce document, Facebook émet des doutes quant au National Digital Ethics Committee (NDEC), estimant que ce comité a trop de pouvoirs concentrés entre ses mains car ce sera l’organisme qui décidera des contenus.

Le géant des réseaux sociaux parle «d’ambigüité autour du mode opératoire» de cette instance et pose des problématiques telles que le risque vis-à-vis de la liberté d’expression. Facebook estime que le document de consultation donne des pouvoirs accrus au NDEC pour limiter les droits fondamentaux et la liberté d’expression. D’autant plus que les procédures et comment va fonctionner le NDEC ne sont pas claires, notamment quand et comment la personne incriminée sera notifiée de l’application du filtre de son ou ses posts, quel est son droit d’objection et son droit d’appel, entre autres.

Selon Facebook, le NDEC sera la seule instance à décider de la censure des contenus et aucune indication n’est donnée sur les critères de ce filtrage. D’autant plus que les propositions de l’ICTA réduisent les protections des individus, vu qu’aucune provision n’a été faite pour qu’un opérateur de téléphonie s’y oppose ou que la justice ne soit saisie. Facebook estime que le NDEC a un mandat très large.

«L’instance aura le pouvoir d’examiner tous les contenus qui violeraient des lois et de bloquer ceux vagues, qui seraient nuisibles et indécents. L’ambiguïté du NDEC va créer des standards subjectifs, qui ouvrent la voie à des abus et le risque d’un parti pris», a souligné Facebook, dont les craintes rejoignent celles de 50 organisations ayant signé une pétition dénonçant les pouvoirs qui seront dévolus au NDEC.

Facebook est également critique vis-à-vis du Technical toolset, soit l’outil de filtrage et du certificat auto-signé. Selon ce réseau social, cet outil de filtrage va menacer la liberté, la sécurité et l’Internet au niveau global. Autoriser le gouvernement à intercepter, décrypter et sauvegarder tout le trafic sur les réseaux sociaux va mettre en péril les internautes mauriciens, y compris ceux de l’étranger, et cela, sous couvert de surveillance.

Le géant des réseaux sociaux est d’avis que le gouvernement va devoir créer une base de données du trafic Internet et chercher des publications à sa discrétion et appliquer le filtrage sur les réseaux sociaux. Ce filtre qui transite par un serveur proxy va, selon Facebook, exposer les internautes à des attaques de pirates et à d’autres cybercriminels, vu que les connexions ne seront plus cryptées. Les propositions de l’ICTA ne sont pas conformes avec l’article 1 de l’ICCPR, qui garantit la protection de la vie privée des citoyens, fait ressortir Facebook. Et le décryptage va créer un précédent en autorisant la surveillance des citoyens, tout en mettant en danger la sécurité d’Internet dont celui de l’accès à Facebook.

Bien qu’il ait reçu le document de Facebook en entier, l’ICTA a uniquement publié trois extraits de ce document, sans faire mention des critiques émises par le géant des réseaux sociaux.