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Rentrée scolaire 2021: quand l’éducation fait l’école buissonnière…

27 mai 2021, 22:30

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Rentrée scolaire 2021: quand l’éducation fait l’école buissonnière…

Face à la hausse des cas positifs au Covid-19, la rentrée scolaire risque d’être à nouveau chamboulée cette année. Le «HighLevel Committee» n’a pas encore statué sur le report de la réouverture des écoles. Les syndicalistes espèrent une décision sur cette question d’ici demain, tandis que la remise des résultats du «Primary School Achievement Certificate» (PSAC) a eu lieu ce jeudi 27 mai. Or, tout renvoi risque encore de perturber, voire pénaliser les élèves. Jusqu’à quand écoperont-ils encore de cette situation ? Explications.

Rentrera, ne rentrera pas ? La reprise scolaire prévue le 14 juin 2021 demeure incertaine avec la recrudescence des cas positifs au Covid-19 depuis ces derniers jours. «Le High-Level committee n’a pas pris de décision à ce stade. Nous étudions la situation», lâche Zouberr Joomaye, porte-parole du comité national de communication sur le Covid-19. Les prochaines réunions du High-Level Committee seront donc déterminantes. Entre-temps, le doute plane sur la réouverture des écoles. D’autant que celle des crèches n’est toujours pas effective. La vaccination du personnel enseignant et non enseignant fait également des vagues puisque le taux stagne à 60 %, indique Vinod Seegum, président de la Government Teachers’Union. «L’exercice de vaccination est désormais achevé. Malgré la campagne, nous n’avons pu atteindre plus d’effectifs scolaires. En même temps que l’on vaccine les personnes âgées, il faut avoir un corridor permettant aux enseignants de le faire. Avec une sensibilisation accrue, nous atteindrons les 75-80 %. Avec ce taux plus élevé, nous pourrons prévoir la rentrée.»

Selon le Dr Laurent Musango, représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le ministère de l’Éducation est en train de travailler sur un protocole pour la rentrée scolaire. «À Maurice, nous sommes toujours dans la deuxième vague du Covid-19. Nous n’avons pas encore terminé celle-ci. Aussi, comment parler d’une troisième vague ? Pour moi, il faut prendre des mesures appropriées et laisser les enfants étudier.» Il pense qu’il faut maintenir la rentrée scolaire comme prévu, soit le 14 juin. Vinod Seegum confirme également que l’État se penche sur plusieurs formules. Incessamment, l’une d’elles sera retenue par le High-Level Committee. «Nous devrions être fixés d’ici le vendredi 28 mai pour cette décision. Nous constatons divers cas positifs. Cette situation est stressante. Jusqu’à quand repoussera-t-on encore la rentrée des classes ? Si tel est le cas, les répercussions seront extrêmement graves.»

Selon lui, au décalage de la rentrée scolaire de 2020, les enfants ont perdu six mois de scolarité. Réitérer cette mesure en 2021 reviendrait à six mois additionnels, donc une année de perdue au total, indique le syndicaliste. Quant à Clive Anseline, responsable de communication du Service diocésain de l’éducation catholique (SeDEC), il affirme que l’établissement s’active aux inscriptions en Grade 7 pour les collèges catholiques, avec possibilité d’y procéder en ligne et par courriel à partir du 28 mai prochain. Concernant la rentrée du 14 juin, il précise que l’éducation ne peut continuer dans un environnement de crainte des enfants et un sentiment de frustration des parents. «Si le virus continue à se propager, nous ne sommes pas pour la réouverture des écoles le 14 juin. S’il y a une amélioration de la situation, nous pourrons reprendre. Mais le scepticisme et la peur subsistent. Il faut vivre avec cette pandémie. Cela dit, vu sa vitesse de contamination, c’est risqué. La sécurité des enfants prime.»

Du côté des établissements privés, qui ne sont pas astreints au même calendrier scolaire que les écoles publiques, les avis convergent vers la réouverture physique le plus tôt possible avec un protocole sanitaire rigoureux. À ce titre, Rishi Nursimulu, fondateur et président des écoles Dukesbridge, évoque des formules pratiques que l’Association of Mauritian International Schools (AMIS) a proposées au ministère. «Nous avons demandé au gouvernement de nous permettre de rouvrir, même si cela implique dix personnes par salle de classe pour ne pas entraver la Quarantaine Act. Nous attendons toujours et poursuivons les cours en ligne entre-temps depuis le confinement de 2021.»

En raison de la résurgence des cas positifs au Covid-19, il est en faveur de la rentrée scolaire en présentiel en juin. Car, insiste-t-il, le Covid-19 ne disparaîtra pas avant quelques années. Les cas positifs surviendront en dépit de la vaccination, de même que de nouveaux variants. «Le mieux est de maximiser les efforts pour prévenir ce virus. Si à chaque fois qu’il y a des cas, on dit de fermer toutes les écoles, cela ira au détriment des élèves. Émotionnellement et pédagogiquement, ce ne sera pas une bonne chose. Ils ont déjà été pénalisés l’an dernier pendant des mois durant le confinement.» Selon lui, Maurice n’est pas le seul pays qui rouvrirait les écoles pendant la pandémie. Il cite notamment le cas de Dubaï qui privilégie une moitié de sa population estudiantine en classe et l’autre en cours à la maison. Ensuite, une rotation est effective.

«Si un élève est testé positif, la classe est en isolement à domicile et y poursuit sa scolarité. Bien sûr, cela demande une organisation énorme et on a offert tout notre soutien au ministère. On doit cesser avec cette frayeur. Sinon celle-ci se perpétuera pendant des années avec à la clé, des enfants qui en écoperont davantage. On ne peut absolument pas les pénaliser. D’ailleurs, qui se chargent d’eux alors que les parents travaillent ? En ce moment, c’est peut-être un grand-parent vulnérable, le voisin qui n’est pas qualifié pour s’occuper des enfants ou alors ces petits sont livrés à eux-mêmes. Cette crainte de protéger les enfants peut, en fait, créer une situation pire, un peu à l’image d’un bigger monster, que s’ils avaient contracté le Covid-19.» D’après lui, certains d’entre eux se noient dans la piscine et d’autres accèdent à des contenus malveillants en ligne en l’absence de supervision parentale ou d’une personne qualifiée. Évidemment, tout ceci impacte négativement sur eux.

Un avis partagé par Marie-Claire Ducasse-Heerah, directrice de la St Nicholas Grammar School, qui compte environ 400 élèves du primaire et secondaire. «C’est une catastrophe. Cela nous embête terriblement. Les écoles privées et publiques n’ont pas le même temps de vacances. Depuis des mois, les enfants, parents et enseignants en ont ras le bol face à cette situation. Tout décalage de la rentrée va encore tout déséquilibrer. Nous ne sommes pas des centaines en classe mais une quinzaine au maximum. Nous pouvons parfaitement les espacer à plus de trois mètres de distanciation sociale. Cette mesure est effective depuis l’an dernier. Je ne comprends pas pourquoi ils bloquent ainsi les écoles», soutient-elle. Elle se demande si ces éléments sont pris en considération par les autorités.

En revanche, Sooryadanand Meetooa, président de l’Éducation Officers Union (EOU), soutient qu’il s’oppose à la reprise scolaire du 14 juin prochain. «Noussommes à deux semaines de la rentrée et ne savons combien de cas seront détectés à l’avenir. C’est risqué de maintenir la rentrée à la date prévue initialement.» Nous avons essayé d’obtenir une déclaration du ministère de l’Éducation au sujet du report de la rentrée scolaire, en vain.

Les alternatives en cas de report

<p>Selon Sooryadanand Meetooa, président de l&rsquo;EOU, reporter la rentrée d&rsquo;une à deux semaines n&rsquo;aura pas d&rsquo;impact sur les élèves. <em>&laquo;Ils devront rattraper le retard à la rentrée, même si nous savons que la surcharge de travail est contre-productive.&raquo;</em> Son avis est partagé par Vinod Seegum, président de la <em>&laquo;Government Teachers&rsquo; Union</em>&raquo;. Pour lui, il faut maintenir la rentrée au 14 juin mais en redoublant les mesures sanitaires strictes sans relâchement. <em>&laquo;Si des cas positifs au Covid-19 surviennent dans les écoles, il ne faut pas toutes les fermer mais le faire de manière ciblée. Par exemple, en décrétant des Red schools.&raquo; </em>Par contre, rétorque le président de l&rsquo;EOU, un report d&rsquo;un mois pourrait être néfaste. <em>&laquo;La meilleure solution serait alors de trouver d&rsquo;autres méthodes d&rsquo;apprentissage, comme les cours en ligne.&raquo;</em></p>