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Musique: T-Well chante les inégalités
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Musique: T-Well chante les inégalités
Sa voix n’est pas exclusive aux lives qu’il fait sur le terrain lors de grands événements, et de sa plume ne sortent pas que des textes cliniques. Stewelderson Casimir, 26 ans, journaliste à l’express, monte parfois sur scène aussi. Dans de tels cas, il s’appelle T-Well. Il slame, chante, conte, sensibilise et dénonce. Cette semaine, l’artiste a lancé son premier morceau en solo intitulé Personn, inspiré de Mon Roi du rappeur Youssoupha. Rencontre.
La composition
Ce nouveau morceau a une place spéciale dans la discographie de T-Well. Avant Personn, il avait déjà lancé six autres morceaux en collaboration avec d’autres artistes. C’est la première fois, depuis qu’il a débuté officiellement en 2019, qu’il est seul face au micro. Mais ce morceau a aussi une autre particularité. «Dans Personn, j’aborde plusieurs problèmes sociaux : la misère, la corruption. Je parle de politique, d’enrichissement à outrance. Chaque vers est une punchline avec un thème différent», explique l’artiste. C’est la première fois qu’il réussit ce tour de force car avant, il abordait un seul thème par morceau.
Comment a-t-il réussi son coup ? Tout est dans la musique, confie T-Well. Cela fait un moment qu’il essaie de trouver le moyen de condenser les thèmes, qui lui tiennent à cœur, dans une chanson, mais cela lui était difficile. Lorsque Mon Roi est sorti en avril dernier, il s’est procuré l’album. «Dès que j’ai entendu ce morceau, j’ai eu le déclic. J’ai tout de suite su que c’était l’instrumental qu’il me fallait pour mon projet», dit-il. Il s’est mis à la composition du texte qu’il a terminé le même jour. Pour l’arrangement musical, il s’est tourné vers Stelio Pierre-Louis car il lui fallait quelqu’un pour maintenir le bon équilibre entre la musique et le texte. Son titre lancé sur les réseaux sociaux a obtenu des milliers de vues et de partages.
Travail de terrain
Pour pouvoir évoquer les problèmes de la société mauricienne, allant de «Vinn millioner malerezman pa tou dimounn ki ena so reset» à «bann ki suiv ban demini pou koné ki zot devini», en passant par «Li dificil pou konstrir, pou detrir li zis enn simp detay» ou encore «tou dimounn happy, ce zis kan zot fek gagn lapey», T-Well n’a pas dû aller loin. Tout cela, toute cette misère, c’est ce qu’il constate sur le terrain lorsqu’il travaille. «Get Ti Rodrig mem. Kan ou ale laba, koumadir pa dan Moris sa.»
L’autre constat qu’il a fait depuis qu’il est journaliste a trait aux cas grandissants d’achat de bonne conscience. Et c’est sans détour qu’il l’affirme. Les personnes, qui vont aider les autres en le publiant sur Facebook ou d’autres, qui pensent avoir changé le monde en faisant une contribution financière, sont dans l’erreur, estime-t-il. «Je ne dis pas que cela ne soulage pas ceux dans le besoin. Mais cela ne change pas leur situation», dit T-Well.
Espère-t-il que sa chanson amène un changement ? «Si cela provoque un déclic, ne serait-ce que chez une seule personne, et lui fait prendre conscience de la profondeur des inégalités à Maurice, et qu’il change ses habitudes, ce sera déjà un pas positif de fait.»
Le tournage
Le clip de Personn a été tourné dans la forêt Daruty. Pour cela, T-Well a été aidé par son collègue Kooghen Vyapooree. «Nous avons opté pour un décor sobre, qui ne détournerait pas l’attention». Après une petite réflexion, il confie que les légendes surnaturelles et les good vibes entourant le lieu ont aussi contribué au choix du décor.
Le clip est entrecoupé d’un jeu d’échecs et des pions qui bougent dans des mouvements précis et où chaque pion tente de survivre, ce qui rajoute au poids du texte. À la fin, c’est la Reine, qui vient à bout du Roi. Inutile de rappeler qu’une autre des causes défendues par T-Well est le droit de la femme…
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