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Expression artistique: Sutroohan Jeeneea, le sculpteur autodidacte de Triolet
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Expression artistique: Sutroohan Jeeneea, le sculpteur autodidacte de Triolet
La première chose qui frappe l’attention du visiteur dès qu’il franchit le portail de la cour de Sutroohan Jeeneea, alias Beessoon pour les proches et amis, à Triolet, ce n’est ni sa coquette maison en dur ni les arbres parmi lesquels des manguiers mais le nombre de sculptures taillées soit dans du bois soit dans des morceaux de roche. Parmi les formes que l’on peut facilement distinguer, il y a celles qui reproduisent des divinités, dont Hanuman et Shiva. Si on fait le compte du nombre de sculptures qui s’y trouvent, on peut atteindre facilement la trentaine. Nous voici dans l’univers de la véritable personnalité de Sutroohan Jeeneea.
En effet, son engagement dans la sculpture est venu compenser le fait qu’il n’a pu suivre une scolarité confortable. Son envie de réussir ses études a été stoppée en Form I. En raison des difficultés financières auxquelles ses parents sont exposés, il a dû mettre un terme à sa scolarité qu’il venait tout juste de démarrer au collège International. En comparaison de ses camarades de classe qui poursuivaient sereinement leur scolarité, Sutroohan Jeeneea, lui, allait surveiller les animaux dont disposaient ses parents et s’occupait de toutes les activités liées à l’élevage, dont la vente du lait. «Le quart d’un litre de lait se vendait à cinq sous. C’était une autre époque et j’étais jeune. Il fallait travailler pour subvenir aux besoins de la famille. La vie n’était pas facile pour une famille nombreuse comme la mienne. Je viens d’une fratrie de sept enfants et mon père travaillait à son propre compte comme laboureur», raconte-t-il.
Contrairement à son père qui était laboureur, Sutroohan Jeeneea a pu décrocher un emploi au ministère de la Santé dans le département chargé des travaux d’infrastructures comme chef d’équipe. Enfin la lumière au bout du tunnel pour ce jeune homme qui n’a pu terminer ses études normalement. Ayant un travail stable, il va reprendre le chemin de l’école. Pendant ses heures libres au travail, il ne faisait que lire. Il lisait tout ce qui lui tombait sous la main. Des livres en anglais, en français et en hindi. Notre interlocuteur, avec les facilités qui étaient disponibles pour apprendre l’hindi, a brillamment obtenu des certificats pour le Prathama et Madhyama (NdlR, niveau un et niveau deux du curriculum en hindi).
Cependant, Sutroohan Jeeneea avait comme un manque dans sa vie. Il estimait que sa vie aurait été autrement si jamais il avait pu terminer normalement sa scolarité. Il trouva une activité afin de combler ce manque. C’est dans la sculpture qu’il a fini par trouver de quoi démontrer qu’il a du talent. Jusqu’aujourd’hui, à 72 ans, il ne sait pas comment il est entré en sculpture. Sa rencontre avec cette forme d’expression artistique lui est venue de la façon suivante : «En regardant les pierres et les bois, quelque chose me disait que je pourrais sortir des formes. Je n’ai aucune idée comment cela s’est fait mais du jour au lendemain je me suis vu en train de tailler des formes. Voilà où a commencé mon histoire dans le monde de la sculpture.»
Aujourd’hui, ce retraité s’adonne totalement à sa passion. Sutroohan Jeeneea, qui a partagé plusieurs années avec son épouse, Sangeeta, union qui lui a permis d’être père de quatre fils, jouit d’une bonne santé et compte sculpter jusqu’à son dernier souffle.
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