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Rodriguais bloqués à Maurice: allégations de discriminations et menaces
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Rodriguais bloqués à Maurice: allégations de discriminations et menaces
Des 266 personnes qui ne sont pas encore rentrées chez elles, certaines pourront finalement fouler le sol de leur île natale, alors qu’une autre partie devrait y aller vendredi. Parmi celles qui sont toujours en attente, il y a notamment des natifs de Maurice qui vivent dans l’île autonome depuis plusieurs années. Depuis quelques jours, des voix s’élèvent et parlent de discriminations et de menaces reçues.
Les natifs de Maurice qui vivent à Rodrigues et qui attendent un vol pour s’y rendre affirment que le gouvernement régional leur a fait comprendre que la priorité sera accordée à ceux qui sont des natifs de Rodrigues. Certains vont encore plus loin et déclarent avoir reçu des menaces pour qu’ils ne participent pas à des conférences de presse ou aux manifestations. Ils craignent tous des représailles, et reviennent sur cette situation sous le couvert de l’anonymat.
Une Mauricienne, qui a suivi son mari à Rodrigues, était venue à Maurice, fin janvier à ses propres frais, pour des examens liés à un problème cardiaque. Son retour était prévu le 20 mars. «Comme il y a peu de communication de la part du gouvernement régional, j’ai pris l’initiative d’appeler l’administration rodriguaise pour savoir de quoi il en retourne. Une personne m’a dit carrément : “Ou pa Rodrigez. Nou pé donn priyorité Rodrige.” J’estime que c’est un acte flagrant de discriminant», raconte-t-elle.
Elle ajoute être en contact avec des natifs de Rodriguais bloqués à Maurice qui ont peur de s’exprimer craignant des représailles. Même ceux qui sont en quarantaine ont peur, dit-elle. «Des personnes proches des politiciens rodriguais leur ont indiqué que s’ils font des manifestations ou s’ils parlent à la presse, ils ne rentreront pas de sitôt dans leur île. On a aussi fait comprendre à des personnes touchant des allocations gouvernementales qu’elles risquent de ne plus toucher ces aides si elles critiquent le gouvernement.»
La Mauricienne fait état d’une femme bloquée à Maurice alors que son enfant handicapé est à Rodrigues. «Une dame qui devait partir en quarantaine le mois dernier avait laissé sa place à cette mère de famille sur une base humanitaire, mais l’autorité rodriguaise a donné la place à un homme d’une vingtaine d’années sans obligation familiale.»
Elle ajoute que de nombreuses personnes qui ont lutté pour que les résidents de l’île autonome puissent rentrer sont toujours à Maurice. «Les autorités semblent vouloir les punir.»
«Je n’ai pas la peste»
Parmi ceux bloqués, il y a aussi une famille qui a récemment tout vendu ici afin de s’établir à Rodrigues. La maman raconte qu’elle a déjà acheté une maison à Rodrigues et qu’un container avec leurs effets personnels et des meubles est déjà parti. «Nous aurions dû prendre l’avion le 14 mars avec une valise contenant quelques vêtements. Désormais, nous sommes à quatre personnes qui vivent dans une chambre chez ma mère sans vêtements. Ce qui est triste, c’est qu’ils disent que les Mauriciens ne sont pas prioritaires alors que notre maison est désormais à Rodrigues», se désole-t-elle.
Cette famille, comprenant deux enfants, a l’intention de rester au moins trois ans dans l’île. «Nous ne projetons même pas de prendre le travail de Rodriguais. Au contraire, nous envisageons de créer de l’emploi dans l’île si la situation nous le permet. Désormais nous commençons à nous poser des questions sur nos projets.»
Une habitante de l’île autonome parle également d’injustice et de discrimination. Cette mère de famille est rentrée en urgence à Maurice le jour même de la suspension des vols entre les deux îles pour être aux côtés de sa fille, une étudiante d’université, qui devait subir une intervention chirurgicale. Désormais, elle se trouve loin de son fils qui a passé ses examens du Primary School Achievement Certificate. «Il a mal travaillé à cause du stress que ma famille a subi. Ce n’est pas tout. Comme je touche une pension, je devais me faire examiner par un board médical à Rodrigues. J’ai fait une demande pour que le board d’ici m’examine, ils ont refusé. Ce n’est pas la même République ? Si ce n’est pas le cas, faites-moi rentrer chez moi. Rodrigues est mon pays, je n’ai pas la peste», dit-elle.
Contacté, le commissaire de la Santé, Simon-Pierre Roussety, affirme qu’il n’y a aucune discrimination lors de la préparation de la liste des passagers qui doivent partir en quarantaine. «Nous n’avons pas encore finalisé la prochaine liste, mais je vous assure qu’il n’y a aucune discrimination envers qui que ce soit. Concernant la menace, à aucun moment le gouvernement régional n’a menacé quiconque. Nous n’avons pas fait de chantage. Si une personne a été menacée par des partisans politiques, elle ne doit pas avoir peur», dit-il.
Il nous revient que l’Equal Opportunity Commission a eu vent de certaines pratiques et l’ouverture d’une enquête n’est pas à écarter.
Une femme enceinte ne prend pas l’avion
<p>«<em>Je suis désespérée et stressée.»</em> Cette Rodriguaise enceinte de sept mois aurait dû prendre l’avion avec son fils de deux ans pour regagner son île natale ce mercredi 2 juin. Cependant, alors qu’elle était en quarantaine, elle a souffert d’hypertension et le médecin l’a transférée dans une salle d’isolement avec son fils où ils sont restés pendant 24 heures environ. <em>«</em><em>À</em><em> part le personnel de la santé, je n’étais en contact avec personne. </em><em>À</em><em> ma décharge, On nous a ramené en quarantaine. Hier, nous avons fait notre deuxième test PCR et le résultat était négatif, mais le responsable du centre de quarantaine m’a fait comprendre que le gouvernement de Rodrigues juge que j’ai brisé la quarantaine et que je dois rester à Maurice», </em>dit-elle.</p>
<p>Cette femme est angoissée. Elle croit comprendre qu’elle va accoucher loin de son mari. «<em>Qu’adviendra-t-il si je retourne en quarantaine prochainement et ma grossesse me conduit une nouvelle fois à l’hôpital ? Cela veut dire que je ne rentrerai jamais chez moi. Je suis tellement stressée que je crains pour la santé de mon bébé. Je demande qu'on me retourne à Rodrigues par le prochain vol humanitaire et je suis disposé à rester en quarantaine à Rodrigues»,</em> dit-elle.</p>
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