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Cadavres retrouvés à Mare-D’Albert: qui étaient les victimes ?

5 juin 2021, 20:00

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Cadavres retrouvés à Mare-D’Albert: qui étaient les victimes ?

«Mo pé vini la.» Ce sont les dernières paroles d’Hema Coonjobeeharry à sa soeur Nisha, 38 ans, dans l’après-midi du 10 mai. Depuis, la famille n’a plus eu de nouvelle de cette mère de famille de 40 ans. Leurs multiples tentatives de la joindre sont restées vaines. Pour ses proches, Hema Coonjobeeharry était une maman affectueuse, qui ne méritait pas une telle fin.

Hema Coonjobeeharry: «Une mère aimante qui ne méritait pas de mourir ainsi»

C’est le 10 mai que la quadragénaire avait quitté la maison. C’était aussi le jour de son anniversaire. Employée de maison à Tamarin, elle avait dit à sa sœur qu’elle allait travailler et qu’ensuite, elle ferait les magasins. Mais elle n’est jamais rentrée chez elle. Hema Coonjobeeharry a été étranglée et enterrée dans un verger à Mare-d’Albert.

Son corps a été déterré le samedi 29 mai. «Elle ne méritait pas de mourir ainsi. Elle aspirait à une vie meilleure. Depuis qu’elle s’est séparée de son époux, elle vivait chez nous, et n’avait rencontré personne à notre connaissance. Ses enfants vivent chez leur père, mais ma sœur ne les a jamais négligés, elle était aimante. Elle les appelait et passait du temps avec eux. Et lorsqu’ils avaient besoin de quelque chose, elle allait l’acheter et le leur donnait.»

La trentenaire raconte que des articles de presse sur la découverte macabre à Mare-d’Albert vendredi dernier l’ont interpellée et elle s’était aussitôt rendue à la Major Crime Investigation Team (MCIT). «Nous avons signalé la disparition de ma sœur le 22 mai au poste de police de Bambous parce que ce n’était pas dans ses habitudes de partir ainsi sans rien dire. J’ai également effectué mes recherches, et vu la photo d’Umyad Ebrahim sur la page Facebook de ma sœur. J’ai donc interrogé une des amies de ce dernier. C’est là qu’elle m’a dit que c’était peut-être le corps de ma sœur qui a été retrouvé, ajoutant toutefois qu’elle n’avait pas entendu le prénom d’Hema mais celui de Zahira.»

En effet, Umyad Ebrahim a avoué à l’une de ses amies virtuelles qu’il avait des remords car il avait enterré sa compagne Zahira Ramputh, qui s’était suicidée. Il disait mériter la peine de mort. «La fille sur Facebook m’a dit qu’elle n’avait pas entendu le prénom de ma sœur, mais peut-être que c’était d’elle qu’il parlait et qu’il avait donné un faux nom. Je suis ensuite allée à la police», relate Nisha.

L’amie d’Umyad Ebrahim, qui a aussi été entendue par la MCIT, a confié qu’elle avait fait la connaissance de ce dernier sur le même réseau social. S’étant liés d’amitié, le jeune homme était devenu l’un de ses confidents. Lorsqu’Umyad Ebrahim lui a confié avoir enterré Zahira Ramputh, elle a paniqué et a préféré ne rien dire aux autorités.

Hema Coonjobeeharry laisse derrière elle trois enfants de 12, 17 et 19 ans.

Zahira Ramputh, une romantique qui aimait de tout son cœur

Les proches de Zahira Ramputh sont submergés par le chagrin. Ils ne cessent de repenser au jour où elle a quitté le domicile familial, en décembre dernier, laissant sa fille de 16 ans et abandonnant le travail qu’elle exerçait dans un centre commercial pour aller vivre avec son présumé meurtrier. «Elle m’avait dit qu’elle avait rencontré quelqu’un sur Facebook, mais je ne me doutais pas qu’elle comptait vivre avec lui parce qu’elle venait de faire sa connaissance. La famille était contrariée par ce départ, mais elle appelait, de temps en temps, pour donner de ses nouvelles, jusqu’au jour où on ne l’a plus entendue. Nous avons essayé de la contacter et une fois, c’est Umyad qui a répondu pour dire qu’elle était sortie pour rendre visite à de la famille. Sa fille l’avait également appelée car elle n’avait plus de nouvelles et il avait demandé à cette dernière de venir voir sa mère», raconte une proche.

Depuis que l’adolescente et sa grand-mère âgée de 77 ans ont appris le décès de Zahira, elles ont perdu la parole et pleurent en silence. Zahira Ramputh, 40 ans, avait contracté un premier nikah, il y a 20 ans. De cette union est née une fille. Le couple, battant de l’aile après quelques années, a fini par se séparer. Après cette rupture, elle a rencontré un vigile de 45 ans, avec qui elle s’est mise en couple. Mais le 18 décembre 2020, le quadragénaire a reçu un appel d’Umyad Ebrahim, qui l’a informé que Zahira Ramputh vivait désormais avec lui. Perdu, le vigile n’a pas compris les raisons de cette rupture.

«C’était une jolie femme, qui aimait la vie et qui aimait s’habiller. Et quand elle aimait, elle aimait de tout son cœur», se remémorent ses proches. Née d’une fratrie de huit enfants, elle était la benjamine. Après avoir surmonté de nombreux obstacles, la quadragénaire s’était forgé un caractère, bien qu’elle accordait sa confiance un peu trop facilement «Zordi get so move swa kot finn amenn li», pleure l’entourage de la victime.

Un proche d’Umyad Ebrahim : «Li enn dilo trankil…»

Umyad Ayraz Ebrahim, 37 ans, était un habitant de Cité Atlee. Ce fils unique, élevé dans un environnement pieux, vivait avec ses parents et la cohabitation était paisible. Toutefois, il perd son père alors qu’il n’a que 17 ans. Son aîné est emporté par la maladie. Très affecté, il devient alors le soutien de sa mère.

En 2005, alors qu’il n’a que 21 ans, il est arrêté pour une affaire de séquestration et en 2009, il a eu deux ans de probation. Selon nos recoupements, à l’époque, les policiers ont dû enfoncer la porte de son domicile pour procéder à son arrestation. «Il avait une forme de démence en lui depuis longtemps. Il allait jusqu’à l’extrême. Après cette affaire, sa mère a été stressée et une longue maladie s’en est suivie jusqu’à ce qu’elle meure. Tout le monde à Cité Atlee pense qu’il est fou. C’est ce que son comportement laissait transparaître.»

Après la mort de sa mère, il n’a pas gardé contact avec les autres membres de sa famille. Il a vendu ses biens et personne n’a plus entendu parler de lui. En 2010, il a quitté Curepipe. Un proche raconte que personne ne savait où il s’était installé. Selon nos informations, avant 2017, il travaillait à Mahébourg comme porteur de légumes pour un maraîcher. «Il dormait dans le bus. C’est à ce moment qu’il a rencontré sa première épouse», nous dit-on. En 2017, il aurait fait une dépression mais personne n’aurait su dire pour quelles raisons il a été admis à l’hôpital Brown Sequard. «Après son traitement, l’ambulance l’a conduit chez des proches. Il y a séjourné mais une fois guéri, il est parti et comme d’habitude, il n’a pas donné signe de vie à la famille.»

Il a ensuite refait surface le 20 mai alors qu’il était admis à l’hôpital BSH. Comme l’établissement a besoin de l’autorisation d’un membre de la famille pour autoriser sa décharge, il a donné le numéro d’un proche. Son médecin nous a expliqué que pendant trois jours, il allait mal mais qu’à présent, il est stable. Un proche nous a expliqué : «On m’a dit qu’il avait perdu sa femme en janvier 2021. Mon épouse et moi savions qu’il vivait avec une habitante de Vallée-Pitot et que la famille ne voyait pas cette relation d’un bon œil. Il s’agissait de Zahira Ramputh, qui s’était sauvée avec lui. J’ai appelé la famille pour leur demander si cette dernière était vivante et c’est là que tout s’est enchaîné.»

Il ajoute que «le 16 février, mon épouse et Zahira Ramputh ont eu une conversation sur Facebook. Je suis surpris qu’il ait dit que cette dernière est morte en janvier. Son meurtrier se servait-il de son compte pour faire croire qu’elle était vivante ? Ou elle n’est pas vraiment morte en janvier 2021 comme il nous le fait croire mais après février ? Je pense qu’il nous a tous menti.»

Un autre proche, qui avait fait des recherches sur sa page Facebook, nous raconte que sur ce mur, il a découvert une chanson de film où l’acteur tue l’actrice à la fin. «Mo’nn santi kitchose pa bon.» Il nous explique qu’Umyad Ebrahim est une personne très réservée, que personne ne parvient à cerner. «Dilo trankil, eski ou kapav nwayé? C’est quelqu’un de très tranquille. Même les docteurs ne le bousculent pas. Il a l’art de montrer cette facette de lui. Timide, tranquille, réservé et sans histoire. Malheureusement, sa stratégie n’a pas marché avec moi.»

Umyad Ebrahim a été inculpé pour meurtre devant le tribunal de Mahébourg après sa décharge de l’hôpital psychiatrique mercredi.

L’ex-épouse d’Umyad Ebrahim a été traumatisé

<p>La MCIT a fait appel à elle durant la semaine écoulée pour tenter de cerner le profil du présumé meurtrier. L&rsquo;habitante du Sud-Est est revenue sur son mariage avec le trentenaire. Elle a expliqué qu&rsquo;après leur séparation, elle n&rsquo;est pas restée en contact avec lui, car il était violent et n&rsquo;aimait pas travailler. Si au début de leur relation, <em>&laquo;Abhi&raquo; </em>a caché son vrai visage, après leur mariage en 2017, il s&rsquo;est dévoilé, dit-elle. <em>&laquo;Il vivait chez son épouse et donnait l&rsquo;impression d&rsquo;être un homme bien, tranquille, doux, amical, et gentil quand on lui parlait&raquo;,</em> confie un proche de l&rsquo;ex-épouse. Cette dernière que nous avons sollicitée a expliqué <em>&laquo;J&rsquo;en ai fini avec lui. Nous nous sommes mariés puis séparés. Je ne veux pas être mêlée à ses problèmes.&raquo;</em></p>