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La semaine décryptée
Lundi 31 mai
L’alcool, les cigarettes, l’essence…
Dans l’express du lundi 31 mai figurait un article sur la façon dont le ministre des Finances aura à équilibrer le budget qu’il présentera le vendredi 11 juin.
Du temps du ministre des Finances Sir Veerasamy Ringadoo à nos jours, on a connu trois différents styles de présentation du budget annuel. Maurice avait une économie précaire quand Sir Veerasamy Ringadoo gérait les finances publiques. Il n’y avait pas de Sales Tax et les principales sources de financement étaient le fisc - pas vraiment conséquent - et les taxes douanières.
De ce fait, les taxes sur l’alcool, les cigarettes et les produits pétroliers montaient de budget en budget. Bien des jours avant l’oral du ministre Ringadoo, les cigarettes, les bouteilles d’alcool et autres produits encore disparaissaient des étagères. Et une fois le budget présenté, tous ces articles réapparaissaient de manière miraculeuse.
La Sales Tax étant mise en place par Paul Bérenger en 1982, les sources de revenu du gouvernement augmentèrent de façon significative, ce qui permit au ministre Vishnu Lutchmeenaraidoo, d’instaurer une nouvelle pratique- celle du management of public opinion. C’est ainsi qu’avant la présentation du budget, certains nourrissaient délibérément des spéculations sur l’éventuelle augmentation des différentes taxes et redevances. Mais au moment même de la présentation du budget, le ministre Lutchmeenaraidoo annonçait des… baisses de taxe. Plus tard, on poussa l’exercice à faire croire que le pays vivait sous un régime de no-tax budget.
C’est sur la base de ce mythe Lutchmeenaraidoo que de nombreux Mauriciens avaient cru, en 2014, en la promesse électorale d’un nouveau miracle économique sous le double leadership de Sir Anerood Jugnauth et Vishnu Lutchmeenaraidoo. Finalement le miracle prit la forme de l’évincement de Lutchmeenaraidoo des Finances et la passation de la couronne du Premier ministre de père en fils.
Depuis 2020, on connait le style Renganaden Padayachy qui a eu la tâche la plus facile de puiser des fonds des réserves de la Banque centrale. Quelles seraient les sources Renganaden Padayachy, version 2021 ?
Mardi 1er juin
Une reine et ses millions
Le cas de la Reine de Plaine Verte accusée de blanchiment d’argent invite à un grand débat national sur la gestion des fonds sur le territoire mauricien.
A l’intérieur même du pays, on soupçonne l’existence de fonds obtenus à partir du commerce de la drogue ou des actes de corruption dans lesquels seraient engagés des fonctionnaires dont ceux de la police, des hommes politiques et des nominés dans les institutions publiques.
Comment cacher l’argent obtenu de moyens illégaux ou frauduleux ? Les plus naïfs ne tardent pas à dépenser l’argent en s’achetant de grosses voitures, des maisons et des appartements. Ils sont vite trahis par leur style de vie que leur revenu normal ne pourrait soutenir.
Les plus malins savent comment cacher l’agent mal gagné et comment le faire fructifier. On investit dans un business dont on gonfle le chiffre d’affaires en y injectant de l’argent sale. On utilise des prête-noms. Le Champ-d- Mars et les paris en general permettent aussi de blanchir l’argent sale.
C’est dans le contexte des allégations de blanchiment d’argent que le cas de la reine de Plaine Verte s’avère très intéressant. Cette pimpante maharani, de son vrai nom Naseera Bibi Vavra, a déjà plaidé coupable sous dix accusations de blanchiment d’argent. Et demain, lundi 7 juin, le magistrat Alwin Joypaul décidera de son sort.
Mercredi 2 juin
Double source de revenu
L’express du mercredi 2 juin rapporte qu’un policier a été arrêté dans un village de l’Est pour avoir cultivé du gandia chez lui. On y a découvert 23 plantes de cette drogue douce. Ce policier était déjà suspendu de ses fonctions justement pour une affaire de drogue.
De nombreux policiers se retrouvent en état d’interdiction, certains depuis plusieurs années. Selon la belle pratique mauricienne, un fonctionnaire suspendu continue de bénéficier de son salaire et d’autres avantages mais sans heures supplémentaires tant que leur affaire n’aura pas été résolue au niveau des différents tribunaux.
Avec les renvois de son affaire- pratique courante dans les tribunaux mauriciens- un policier suspendu reste assuré de son salaire de base pendant plusieurs années encore. Aussi, les suspendus trouvent facilement d’autres sources de revenu en s’engageant dans différentes activités allant de l’opération d’un minibus à l’ouverture d’un snack en passant par la culture de légumes. Mais le business le plus lucratif reste le trafic de drogue.
Le policier aux 23 plantes de gandia semble avoir opté pour une méthode traditionnelle qui est facilement détectable alors que d’autres choisissent les drogues dures qui rapportent davantage que le gandia tout en présentant de moindres risques d’être détectés.
Le record d’enrichissement de policier semble être détenu par un élément qui n’a jamais été inquiété dans son job mais qui posséderait pas moins d’une soixante de voitures dans un business de ‘contract’.
Jeudi 3 juin
Rambo fait ses adieux
L’événement de la décennie aura été le décès dans la soirée du jeudi 3 juin de Sir Anerood Jugnauth, personnage public incontournable depuis les années 1970.
Depuis quelques jours déjà, il était question de grave maladie dont souffrait l’ancien président et Premier ministre. Durant la semaine, le MSM tenta d’apporter un démenti aux rumeurs et cela de façon très maladroite.
Les Mauriciens étant habitues à voir évoluer un homme dynamique et agressif –d’où le titre de Rambo qu’on lui donna- n’étaient évidemment pas prêts a le voir partir après une maladie qui l’a apparemment ébranlé en quelques semaines. Sinon il était toujours sur le champ de bataille. Pas plus tard que janvier 2021, il avait été mobilisé pour défendre son fils.
Cette opération de comm s’avéra contreproductive car il était nullement flatteur pour le Premier ministre de chercher de l’aide auprès de son père. De plus, ce n’était plus le grand Jugnauth tranchant qu’on voyait à l’écran mais un homme lisant mal un texte soumis qu’il tenait entre ses mains.
L’ironie du sort veut que Sir Anerood s’en aille la nuit même où un satellite… mauricien allait être placé en orbite. On avait préparé tout un spectacle premier-ministériel avec cet événement de satellite portant le quadricolore mauricien.
Vendredi 4 juin
La belle tradition mauricienne respectée
Après la mort de Sir Anerood Jugnauth, on a assisté le vendredi 4 juin à des scènes démontrant que la belle tradition mauricienne de saluer la mémoire d’un disparu et d’oublier les rancœurs et les sentiments négatifs a été largement respectée.
De nombreux Mauriciens ont ainsi cherché à rendre un dernier hommage à l’homme de La Caverne et parmi ceux partis signer le livre des condoléances, on a vu des personnalités de l’opposition, dont l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam, qui avait fait l’objet d’une arrestation par la police comme l’avait d’ailleurs menacé de le faire Sir Anerood avant les élections de 2014.
Sur les réseaux sociaux par contre, des attaques contre Sir Anerood étaient devenues de plus en plus virulentes. On relevait les déclarations haineuses de l’homme politiques et les décisions controversables prises par son gouvernement. Egalement à l’agenda : les actes de corruption et l’érection du bâtiment du Sun Trust. Enfin sa décision de SAJ de confier le poste de Premier ministre à son fils.
Aussi, la décision d’organiser la cérémonie de crémation au jardin de Pamplemousses a aussi été fortement critiquée. Certains ont fait remarquer que le jardin se trouvant actuellement dans le pire état de délabrement et d’abandon de toute son existence serait dorénavant bien entretenu et que les touristes en seront impressionnés. Comme c’était le cas dans le passé.
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