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Contrats publics: "Happy for you if you win", disait Sawmynaden à Kistnen
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Contrats publics: "Happy for you if you win", disait Sawmynaden à Kistnen
Me Azam Neerooa, représentant du Directeur des poursuites publiques (DPP), est revenu hier sur le témoignage de Yogida Sawmynaden la veille, à savoir que ce n’est pas lui qui avait recommandé Soopramanien Kistnen à son ami d’enfance et bénéficiaire de contrats, Vinay Appanna. «Kistnen m’a appelé après qu’il a envoyé sa cotation», a-t-il soutenu. Et Me Neerooa lui a demandé ce qu’il a répondu à Kistnen. «Happy for you if you win.»
Quand le représentant du DPP l’informe que Deepak Bonomally, ex-employé devenu consultant de Vinay Appanna, avait déjà engagé les services de Kistnen pour la fourniture de plaques en béton à installer sous les conteneurs vendus par Neeteeselec au CEB et qu’il a reçu une avance de Rs 200 000, Sawmynaden a dit qu’il n’était pas au courant. Ainsi donc, lorsque Kistnen appelle ou rencontre l’ex-ministre quand il envoie une cotation à une institution publique ou même privée, c’est pour que le ministre d’alors lui dise «happy for you if you win». Ou pour le prévenir qu’il y a un appel d’offres auquel il peut participer. C’est tout.
Sawmynaden à cheval sur les procédures
Le ministre explique aussi que lorsque le défunt participe à un appel d’offres venant d’une institution gouvernementale, «il ne m’en informe pas en général, sachant bien que c’est toujours le lowest bidder qui décroche le contrat». Kistnen ne demande-t-il pas à l’ex-ministre de toucher un mot à la STC ou une autre institution ? veut savoir Me Neerooa. Réponse du député orange : il donne juste sa recommandation quand il s’agit d’institutions privées. Pourtant, le ministre avait affirmé mardi qu’il n’a pas recommandé Kistnen concernant un contrat de nettoyage chez Courts de Bambous. Ce qui n’a pas manqué de faire réagir un membre du public : «Yogida kiété ? Advisor ?»
Le député a surpris encore plus l’avocat du DPP quand il a affirmé, la main sur le coeur, qu’il n’était même pas au courant que ses amis d’enfance, Vinay Appanna et Neeta Nuckchhed ont bénéficié de contrats du gouvernement alors que lui, Yogida Sawmynaden siégeait au sein du National Covid Committee. Devant l’insistance de Me Neerooa, Sawmynaden a tenté une autre parade : il a récité l’air très connu : «Une enquête est en cours à l’ICAC sur AV Technoworld et Bo Digital et il ne serait pas bien de ma part d’en parler devant le tribunal.» La magistrate l’interrompt en lui disant qu’il peut répondre et que c’est elle qui veille à ce que certaines enquêtes de l’ICAC ne soient pas abordées. Sawmynaden admet finalement qu’il est au courant qu’un contrat de Rs 300 millions avait été alloué mais ne sait pas qu’il y en avait plusieurs.
D’une Football Academy au projet d’hôtel
Et pourquoi Rocky Boodhoo, l’ex-manager de Clear Ocean Ltd, est-il venu le rencontrer à son bureau quand il était ministre des Sports à l’époque ? Ses explications : Rocky Boodhoo est venu le voir pour le projet d’une Football Academy et le visiteur représentait l’équipe anglaise des Bolton Wonderers.
Lorsque la conversation autour de Rocky Boodhoo a débordé sur le projet hôtelier de plusieurs milliards de Pomponette, Sawmynaden jure qu’il l’a arrêté sur le champ en lui demandant de s’adresser au ministère concerné. «Il ne vous a pas demandé de toucher un mot ?» lui a demandé à brûle-pourpoint Me Neerooa. Non, a répliqué l’ex ministre, tout en ajoutant : «Peut-être que s’il n’avait pas remporté le contrat, il me l’aurait demandé.» Le reprenant au mot, Me Neerooa a voulu savoir si Kistnen lui aurait demandé ce service même pour un contrat déjà alloué. Fuyant la question, Yogida Sawmynaden a répondu : «Mais il l’a eu !»
Par ici les chèques
L’avocat du DPP est revenu sur le bâtiment de l’exministre; situé à la rue Mère Barthélemy à Port-Louis. Comment se fait-il, lui a demandé l’avocat «que l’adresse de la compagnie de construction de Kistnen, Rainbow Construction, soit située au bâtiment vous appartenant ?» Bien sûr, celui-ci n’était pas au courant mais, en revanche, il se rappelle que les Kistnen avaient loué un local pour en faire en snack.
L’ex-ministre n’a pu expliquer non plus pourquoi les correspondances, y compris les chèques provenant du conseil de district de Moka, et destinées à Rainbow Construction Ltd, atterrissaient à la rue Mère Barthélemy. Devant les réponses évasives de Sawmynaden, Me Azam Neerooa a perdu patience et l’a fait savoir. Me Narghis Bundhun s’est alors mis debout pour protester contre le ton élevé de l’avocat du DPP envers son client.
Me Neerooa a ensuite lu les textos que Koomadha Sawmynaden a adressés à Kistnen dont celui-ci : «Inn ariv midi mwin kinz, to pou res atann mem sa. Ale get Roshi. Expliké ki inn arivé é dir asisté twa pou enn denonsiasion à l’ICAC.» Dans la foulée, il a demandé à Yogida Sawmynaden si ces mots étaient menaçants comme il l’a déclaré hier et avant-hier en cour. «Oui, c’est une menace.» Quand l’avocat du DPP a répété sa question en citant d’autres textos qui ne paraissaient pas hostiles, le député orange a persisté et a maintenu que c’était des menaces.
Ce qui a mis Me Neerooa hors de lui. Me Bundhun a déploré la façon dont son client est traité.
Devant ce brouhaha, Yogida Sawmynaden en a profité pour lancer à Azam Neerooa, comme à l’Assemblée nationale : «You are defending Koomadha. » Ce qui a fait l’avocat bondir de sa chaise et laisser éclater sa colère. «Je ne tolèrerai pas que l’on mette en doute mon impartialité et les commentaires de Yogida Sawmynaden sont des plus inappropriés.» La magistrate est alors intervenue pour demander formellement à l’exministre de faire attention à ses propos. Yogida Sawmynaden a présenté ses excuses, tout en maintenant que les textos échangés entre Kistnen et son frère étaient menaçants.
«Karé plito»
Un incident impliquant Me Narghis Bundhun a conclu la séance. À un certain moment, l’avocate s’est mise debout pour déclarer à la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath que Me Rama Valayden, qui se trouvait dans le public, aurait lancé «karé plito» lorsque Sawmynaden a affirmé qu’il n’a aucun cercle d’amis. Devant cette dénonciation de Me Bundhun, Me Valayden a demandé à s’adresser à la cour. Prenant à témoin des membres du public et des journalistes, il a déclaré n’avoir jamais prononcé le mot «carré», dont on ignore encore s’il avait un sens caché.
L’audience reprendra vendredi car Me Bundhun est indisponible aujourd’hui.
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