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Rose-Hill: Ally, les taxis et la déroute
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Rose-Hill: Ally, les taxis et la déroute
Déjà une semaine depuis qu’une ligne jaune de la Traffic Management Road Safety Unit est venue chambouler le gagne-pain des taximen de la rue Remono, à Rose-Hill. Depuis, raconte Ally Maroodin, le stress les guette. Surtout quand ils doivent passer entre les filets de la police qui veille au grain…
Ally Maroodin ne pensait pas qu’il allait atterrir derrière un volant. Dans un premier temps, il travaillait à la Central Housing Authority (CHA). Mais, à sa fermeture en 1991, il a dû revoir tous ses projets d’avenir. «J’avais obtenu mon appartement à Camp-Levieux. Un logement de la National Housing Development Company (NHDC) et le même mois, la CHA a fermé ses portes.» Se retrouvant au chômage, il a dû trouver un emploi pour subvenir aux besoins de sa famille. C’est alors qu’il achète une voiture et commence à travailler au noir. Il fera cela pendant deux ans. Voulant être régularisé, il entame les démarches et obtient sa licence de chauffeur de taxi.
En 30 ans de carrière, il n’a jamais baissé les bras. «Ce travail m’a permis de faire grandir mes quatre enfants et de les marier.» Le succès de sa réussite, c’est la communication. «Pour ce métier, il faut savoir parler aux gens. La manière de s’adresser aux personnes est primordiale.» Cette région, il l’a arpentée, jour et nuit. «J’ai toujours fait ce trajet. Le matin, je sors de Camp-Levieux, j’embarque les clients que je dépose à la rue Remono. Puis, je fais le chemin inverse plusieurs fois par jour. Il se peut aussi que nous ayons quelques trajets à faire un peu plus loin. Curepipe, l’aéroport, mais cela était avant l’épisode Covid-19.»
Le taximan confie que les affaires ne sont plus aussi florissantes qu’avant. Plusieurs facteurs doivent être pris en compte, dont le télétravail ou encore la perte d’emploi qui fait que les personnes ne voyagent plus autant. «Avant, à la fin de la journée, on pouvait obtenir au minimum Rs 1 000 après avoir déduit les dépenses comme l’essence. Mais aujourd’hui, notre chiffre d’affaires tourne autour de Rs 600 à Rs 700 par jour et nous devons y déduire les frais d’essence.» Face à ce problème de taille, aujourd’hui, la Traffic Management Road Safety Unit a tracé une ligne jaune qui ralentit leurs mouvements. Mais soudés comme ils le sont, les chauffeurs de taxi s’alignent pour riposter. «J’ai toujours appris qu’il faut aider son prochain, essayer de l’aider à sortir du pétrin.»
À l’aube de ses 72 ans, Ally Maroodin continue de livrer bataille pour aider ses pairs. Et c’est ce qu’il fait sur la place de taxis à Rose-Hill. «On ne demande que de continuer à travailler comme on l’a toujours fait. Sans déranger qui que ce soit. Heureusement que certains policiers sont compréhensifs face à notre détresse mais nous ne pouvons continuellement craindre pour notre emploi.» En tout cas, une rencontre est prévue la semaine prochaine avec le maire de la ville, David Utile, pour rechercher une solution à ce problème.
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