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MV Trochetia bloqué au Sri Lanka: S.O.S d’Agaléens en détresse

13 juin 2021, 16:30

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MV Trochetia bloqué au Sri Lanka: S.O.S d’Agaléens en détresse

Le «MV Trochetia» et son équipage étant bloqués au Sri Lanka, il n’y a pas eu de réapprovisionnement à Agalega depuis mars, selon les habitants, causant une pénurie de nourriture depuis jeudi. Ils confient leurs astuces pour s’en sortir…

Il est 8 heures. Jacqueline (prénom fictif), âgée de 35 ans, prépare à manger pour ses cinq enfants avant d’aller travailler. Depuis une semaine et demie, la jeune maman explique qu’au petit déjeuner, il ne faut plus compter sur le pain ou encore les céréales comme Weetabix, entre autres, pour remplir le ventre de ses enfants. Raison : parmi les provisions qui manquent, il n’y a plus de farine dans l’île. «Pou diri ek dipin mo ena ankor enn tigit mé dipin la pa pé gagn ditou é pa pé kapav fer non pli parski péna lafarinn. Li asé anbetan sirtou kan ou éna zanfan», ajoute Jacqueline. Donc avant d’aller travailler, elle se débrouille comme elle peut. Les repas traditionnels, comme le lamsima (plat à base de germes et de feuilles de coco), sauvent la donne pour nourrir sa famille. Même si cela prend du temps pour la préparation, ce repas consistant l’aide à garder la tête hors de l’eau.

«Les ressources que nous avons dans l’île nous dépannent mais pour combien de temps…», dira un voisin plus tard au téléphone. Ce père de famille d’une quarantaine d’années explique que la mer et ses nombreuses vertus ainsi que les zanimo lakour, comme les poules, les aident à mettre un peu de chair dans leur assiette. Cependant, depuis environ une semaine, il n’y a plus d’huile sur les étagères des boutiques, ce qui pose un problème à de nombreuses familles pour la cuisson des repas. «Comme tout le monde se connaît dans l’île, nous essayons de nous entraider pour la cuisson et la nourriture en partageant entre nous mais nous savons que cette situation ne pourra pas durer indéfiniment.»

En effet, pour les grandes familles, l’angoisse est déjà au rendez-vous. Un habitant explique que comme la plupart d’entre eux n’ont pas de terres ou de maison à leur nom ; il y a des maisons où plusieurs petites familles vivent ensemble et ils savent qu’à un moment donné, s’ils n’ont pas de quoi s’approvisionner, cela posera des problèmes. «Par ailleurs, pa tou dimounn ki éna kass isi. La pa pé gagn dipin pé bisin asté enn pake biskwi a pé pré Rs 80 par zour et diri ration osi nepli éna pa tou dimounn ki éna moyen pou asté bal diri basmati.»

Selon nos informations, un bateau avec les vivres devrait quitter Maurice ce week-end pour Agalega. Cependant, les habitants sont assez perplexes par rapport à cette nouvelle car «enn ta fwa inn vir nou kuma boul», disent certains. Par ailleurs, contacté par rapport à cette pénurie, une source de l’Outer Island Development Cooperation (OIDC) explique que la pénurie est artificielle car les habitants d’Agaléga ont «acheté en grand nombre des provisions pour les revendre au plus offrant, aux travailleurs indiens se trouvant sur l’île.»

Un commentaire qui ne plaira sûrement pas aux habitants. Selon nos interlocuteurs, il n’y a pas de marché noir. «Tou saki nou kapav dir séki nou pa au kouran okenn marché nwar isi. Mé éna enn zafer bizin fer resortir seki réaprovizionman zamé finn ogmenté mem si éna plis dimounn lor lil aster. Nou ti a 350 ; avek travayer nou à 1 320 a pé pré aster…»