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Enquête judiciaire sur la mort de Kistnen: Sawmynaden, serial prieur et Padiachy, l’homme mystère

13 juin 2021, 20:15

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Enquête judiciaire sur la mort de Kistnen: Sawmynaden, serial prieur et Padiachy, l’homme mystère

Son nom a été cité, lors d’une séance au tribunal de Moka cette semaine, par le représentant du DPP, Me Azam Neerooa. Il serait l’un des ex-employés de Yogida Sawmynaden et il aurait disparu avant 2010. Il manque toujours à l’appel...

Nous sommes partis à la chasse aux indices pour tenter de découvrir qui est Clarel Arnaud Padiachy, un homme dans la trentaine qui habitait Trou-d’Eau-Douce. Il aurait disparu de la circulation en 2009, selon ses proches amis que nous avons contactés. Ce nom a suscité l’intérêt depuis que Me Azam Neerooa a demandé à Yogida Sawmynaden s’il connaissait cet homme qui travaillait pour lui et s’il était au courant de sa disparition. L’ex-ministre du Commerce a affirmé sans hésitation qu’il le connaissait avant de préciser que sa disparition date de bien avant que Kistnen ne vienne travailler pour lui en 2011. Pourquoi avoir donné cette précision ?

Pour les membres de sa famille à qui nous avons pu parler, un mystère entoure toujours la disparition de Clarel Arnaud Padiachy, 12 ans après. Y-a-il un lien Sawmynaden-Kistnen là-dedans ? Aucune idée, nous dira-t-on. Personne ne sait pourquoi ni comment il a disparu. Les enquêtes de la police n’ont également rien donné de concluant. «Il n’y a eu aucune piste, aucun corps... Zordi nou pa tro gard lespwar ki li touzour vivan.» La famille et les amis ne veulent cependant pas trop s’étendre sur le sujet, ayant, semble-t-il, reçu des menaces. «Mo espere ou kompran. Nou pa envi gagn plis problem», expliquera un ami à qui nous avons parlé. Au moment où Clarel Arnaud Padiachy a disparu, il n’avait pas d’enfant et vivait en concubinage avec une jeune femme de la localité.

Selon un autre ami, avec qui le disparu a travaillé dans la construction en 1998, la dernière fois qu’il a vu Clarel Arnaud Padiachy, c’était le samedi 15 août 2009. «Je travaillais sur un bateau dans le port et il était venu me voir pour qu’on aille boire une bière ensemble. Il avait gagné aux courses ce jour-là. Mais comme je ne pouvais pas quitter le bateau, j’ai refusé son invitation et il est parti tout seul.» Il ne l’a plus revu depuis. Il apprendra sa disparition un an plus tard quand il sera interrogé une première fois par la CID de Curepipe. En mars ou avril 2021, explique cet ami, il est de nouveau convoqué au poste de police de Bel-Air pour interrogatoire. Raison ? «On m’a dit que ce n’était qu’une formalité.» Sait-il si Clarel Arnaud Padiachy avait des ennemis ou des ennuis ? Non, nous dira-t-il. «Je sais juste qu’au moment de sa disparition, il m’a dit qu’il travaillait sur un chantier de construction à Pailles pour un sous-contracteur du nom de Selven. Je ne sais rien de plus sur lui. Si li ti dan problem ou ena lennmi, mo pa koné...»

Les mains tremblantes de l’ex-ministre...

Jour-1 de son audition au tribunal de Moka, lundi. L’ex ministre du Commerce et député orange, n’est pas venu à bord de sa Porsche flambant neuve, comme l’espéraient plusieurs. Il a fait son entrée assis à l’arrière de la voiture de son avocate. Vêtu d’un pantalon beige, chemise mauve pâle et veste gris cendré, difficile de cerner l’expression de l’élu de la circonscription no 8, tant son masque couvrait presque tout son visage.

Cependant, il paraissait visiblement stressé et avait les mains qui tremblaient. Assis sur un banc public, en attendant qu’il soit appelé dans le box des témoins, il avait aussi les pieds qui n’arrêtaient pas de bouger nerveusement. Il ne lèvera pas la tête pour regarder les personnes présentes. D’ailleurs, tout au long de son audition, il lèvera les yeux très rarement en direction de l’audience.

Il répondra aux questions du représentant du DPP, Me Azam Neerooa, tantôt avec des phrases évasives, tantôt à côté. Il a été à de nombreuses reprises appelé par la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath à répondre aux questions et à s’abstenir de commentaires. À un moment donné, Me Azam Neerooa a aussi demandé à l’ex-ministre de ne pas rire sous son masque. Ce que ce dernier a nié en bloc…

Sawmynaden frémit face à la colère de Me Neerooa

Il a provoqué la colère de Me Neerooa, mercredi, après avoir fait le commentaire suivant :«As if you are defending Koomadha…» Cela a fait bondir le représentant du DPP qui a laissé éclater sa colère. «Je ne tolèrerai pas que l’on mette en doute mon impartialité et les commentaires de Yogida Sawmynaden sont des plus inappropriés.» La magistrate est intervenue pour demander à l’ex-ministre de faire attention à ses propos. Il présentera alors des excuses, toujours les mains tremblantes et la voix incertaine. Par moments, il se permettra même de poser des questions à Me Neerooa, alors c’est lui qui est supposé répondre aux questions. Pour cela, il a eu droit à un recadrage de la magistrate.

Chronologie d’un week-end fatidique

Le jeudi 10 juin, c’était au tour de l’avocat de son frère, Koomadha, de mettre l’ex-ministre sur le gril. Me Roshi Bhadain est revenu sur son emploi du temps des 16, 17 et 18 octobre 2020 pendant la disparition de Soopramanien Kistnen (voir le détail plus loin). L’avocat a trituré dans tous les sens les détails donnés par Yogida Sawmynaden dans son interrogatoire par le représentant du DPP, Me Azam Neerooa, les jours précédents. Entre ses contradictions et explications parfois tirées par les cheveux, l’ex-ministre aura passé un sale quart d’heure. Et ce n’est pas fini car Me Bhadain continuera son interrogatoire lundi avant de céder la place à Me Rama Valayden, l’homme de loi de la veuve Simla Kistnen.

16 octobre : Le vendredi, il a assisté au Conseil des ministres, y a déjeuné avant de se rendre à son bureau à Ébène, puis à son domicile. Dans la soirée vers 21 heures, il s’est rendu à un kovil à Rivière des-Anguilles, puis à un autre kovil, à l’Escalier ou à La Sourdine, il ne se rappelle pas. Puis il aurait raccompagné un prêtre à Valentina avant de rentrer chez lui vers 23 h 30 ou 00 h 15. Il est ensuite ressorti récupérer son fils au pub Big Willy’s à Tamarin et ils sont rentrés à Floréal vers 2 h 30 du matin.

17 octobre : Le samedi, il a suivi sa routine en faisant la tournée dans sa circonscription (le no 8) et il s’est ensuite rendu au rond-point de Beaux Songes, près d’un kalimaye avant de rentrer chez lui. Dans l’après-midi, vers 17 ou 18 heures, il a assisté à plusieurs prières dans le cadre du Durga Puja dans sa circonscription. Puis il est rentré chez lui à Floréal entre 21 heures et 22 heures.

18 octobre : Le dimanche, il s’est rendu à son bureau à Ébène vers 10 h 30 pour faire une prière. Il a allumé une lampe et des sandales ; il a prié et a éteint la lampe avant de repartir. Puis, a-t-il souligné, il est allé à une prière à Rivière-des Anguilles, est ensuite rentré chez lui à 16 h 30 avant de se rendre à une prière à St-Julien avec sa femme et ses deux enfants. Retour à son domicile à Floréal à la fin de la prière vers 21 heures.