Publicité
La semaine décryptée
Voir les événements de la semaine autrement. Il s'agit d'une revue critique-et politique- de l’actualité comme rapportée dans les médias du 14 juin 2021 au vendredi 18 juin 2021.
Lundi 14 juin
Un jour historique
Le mois de juin a produit deux différentes secousses sismiques à Maurice.
Un 12 juin – en 1982 – le pays connut son premier 6-0 à des élections générales.
Le 14 juin 2021, le jugement du Privy Council de la reine en Angleterre dans l’affaire Betamax devait porter encore un coup dur à un gouvernement déjà fortement secoué par une succession de scandales, de cas de mauvaise gestion de l’économie avec le nom de Maurice jadis prestigieux fortement noirci.
Alors que les médias internationaux ne manquaient pas de saluer la performance de Maurice comme une success story, on met actuellement à nu toutes les difficultés auxquelles le pays fait face.
Scandale dans le scandale : il paraît qu’après avoir arbitrairement résilié le contrat avec Betamax, le gouvernement a dépensé pas moins de Rs 400 millions seulement avec des avocats pour défendre sa position. Évidemment, le gouvernement n’a pas tenu compte d’un avis légal qui lui fut prodigué sans qu’il n’ait eu à dépenser un sou. Ce fut le conseil du State Law Office (SLO) géré par des professionnels hautement qualifiés comptant parmi les meilleurs avocats du pays. Le SLO s’était prononcé contre la rupture du contrat avec Betamax.
Après avoir payé quelque Rs 5,7 milliards à Betamax (compensation initiale plus intérêts de Rs 400 000 par jour) et Rs 400 millions à des avocats, le gouvernement devra aussi se préparer à dédommager Dawood Rawat pour le vol de ses biens.
Dawood Rawat poursuit le gouvernement sur la base de sa nationalité française et le procès a connu des complications initiales. Le gouvernement a déjà dépensé plus de Rs 20 milliards pour gérer les retombées de la saisie des biens de Dawood Rawat après avoir affirmé au départ qu’il n’aura pas à débourser un sou après cette mainmise sur les avoirs de British-American.
L’ancien patron de la BAI réclame un milliard de dollars en compensation. Cela fait Rs 41 milliards au cours du jour du dollar. La roupie ne cesse de dégringoler, ce qui portera la compensation de Dawood Rawat à un montant encore plus élevé. Comme le dit l’Américain, you ain’t seen nothing yet.
Mardi 15 juin
MICkey buying a white elephant?
L’express du mardi 15 juin annonce l’acquisition de la Mon Trésor Smart City par la Mauritius Investment Corporation (MIC) pour la somme de Rs 4,5 milliards.
Cette smart city dont le nom est surement inspiré par le jeu de slogans ronflants auquel se livrent des politiciens appartenait au conglomérat Omnicane. Tout comme le terme «hub», le qualificatif «smart» est utilisé pour n’importe quoi.
Donc 184 hectares, d’après un site Web pro-MSM, soit 454 arpents de terre pour la somme de Rs 4,5 milliards. Ce qui revient à quelque Rs 10 millions l’arpent. À moins que la MIC se soit découvert la vocation de Mickey et que l’institution aime s’amuser aux dépens de contribuables mauriciens, on pourrait bien se demander comment le nouveau monstre qui a comme chef Lord Meghnad Desai entend rentabiliser les terres d’Omnicane alors que ce géant mauricien n’a pu le faire.
Très certainement ces terres seront confiées à la cousine Hanoomanjee, la grande patronne de Landscope. Ces terres seront-elles vendues à des prix attrayants – certainement pas Rs 10 millions l’arpent – ou seront-elles tout simplement distribuées contre location modique à des mini-Bissoon Mungroo pour des projets agricoles et aquacoles ?
Mercredi 16 juin
Rehana Mungly-Gulbul chef juge jusqu’en 2027
Encore un grand événement dans l’histoire du pays. Ce mercredi 16 juin, Rehana Mungly-Gulbul est nommée Senior Puisne Judge (SPJ).
En d’autres mots, elle est devenue le no 2 de la Cour suprême. Puisque le no 1, le chef-juge Ashraf Caunhye, prend sa retraite en novembre 2021, Rehana Mungly-Gulbul deviendra automatiquement le chef juge, poste qu’elle occupera jusqu’en avril 2027, année où Pravind Jugnauth serait toujours Premier ministre après avoir remporté les élections de 2024 en profitant des divisions irréconciliables dans l’opposition.
L’ascension de Rehana Mungly-Gulbul est doublement remarquable car elle sera la première femme à occuper les fonctions de chef juge de Maurice tout en étant l’épouse de quelqu’un qu’on décrit comme politically-exposed person (PEP). En effet, son époux, Raouf Gulbul, est considéré comme un pilier de LaKwizinn. Il fut d’ailleurs candidat malheureux du MSM aux élections de 2014 quand il sortit en 6e position, ce qui ne lui permet même pas de bénéficier d’un siège de best-loser.
Évidemment, la nouvelle SPJ et future chef juge reste inébranlable dans son engagement professionnel comme elle l’a toujours été. Elle a eu un parcours irréprochable.
Jeudi 17 juin
Du rififi dans le lunch room
Ce jeudi 17 juin on a découvert une autre facette des ministres Bobby Hurreeram, Kailesh Jagutpal, Deepak Balgobin et du PPS Anjiv Ramdhany. Ils ont tous quatre «kass palto» dans le lunch room du Parlement pour se mettre en position d’agresser des députés du Parti travailliste.
Tout a commencé par une plaisanterie du député Shakeel Mohamed qui avait lancé une quête pour recueillir de l’argent en vue de contribuer à la compensation due à Betamax. Cette plaisanterie n’a pas plu au ministre Hurreeram qui s’est aussitôt mis en situation pour agresser le député rouge. Ses camarades Jagutpal, Balgobin et Ramdhany se sont mis en position pour lui prêter main-forte.
Ce genre de comportement à l’heure du thé et des collations au Parlement contraste singulièrement avec ce qui s’y passait avant 1982. Le nouveau gouvernement de 1982 mit fin aux déjeuners, dîners et surtout les boissons alcoolisées. Avant 1982, malgré la consommation d’alcool, les députés des deux côtés de la chambre s’entendaient bien et rares furent des accrochages.
On croit savoir que de nos jours, certains sont particulièrement gâtés par un puissant protecteur dont le bar est bien garni de ce qui il a mieux comme produit écossais. On est loin de l’ère kapsil rouz.
Vendredi 18 juin
La 5G après Safe City
Maurice n’a plus rien à se reprocher par rapport aux pays les plus avancés du monde quand il s’agit de télécommunications. Ainsi, après la mise en place de la Safe City au coût de Rs 19 milliards, voilà que le pays passe à la technologie 5G pour la téléphonie mobile.
En adoptant la 5G, les trois opérateurs actuels, Emtel, Cellplus et Mahanagar seront en mesure d’offrir un service encore plus performant à leurs abonnés. Ainsi, la 5G sera capable d’offrir une vitesse de dix gigabits à la seconde.
Évidemment, la 5G va certainement booster l’économie du pays au même titre que les drains du ministre Renganaden Padayachy. Pour commencer, les Mauriciens qui veulent bénéficier de la 5G auront à se débarrasser de leurs portables actuels devenus obsolètes. Ce qui rendra plus que florissant le business de vente de portables. D’autre part, les banques et la communauté des affaires seront en mesure d’augmenter de façon spectaculaire leur communication et cela au grand bénéfice des clients.
Si jamais la Safe City cesse de fonctionner au régime de «la lampe pétrole» et devienne ultraperformante comme on l’a cru avec ses investissements de Rs 19 milliards, Maurice aura un autre atout à vendre aux étrangers en sus de son centre offshore, ses facilités d’immigration, sa mer et ses plages.
Puisque l’Information and Communication Technologies Authority (ICTA) semble s’être déculottée après sa tentative de contrôler l’Internet et les médias sociaux, voilà un pays lancé vers un bel avenir dans le secteur des télécommunications.
Publicité
Les plus récents