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Natation - Philippe Pascal: « J’ai entraîné trois nageurs pour les JO mais n’ai jamais pu les y accompagner »

25 juin 2021, 11:42

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Natation - Philippe Pascal: « J’ai entraîné trois nageurs pour les JO mais n’ai jamais pu les y accompagner »

 

Les sportifs de haut niveau sont normalement ceux que l’on met en avant. Ceux dont on parle moins sont les entraîneurs. Si ces gens demeurent dans l'ombre, leur travail, lui, contribue largement au succès de leurs athlètes. Philippe Pascal, coach de Mathieu Marquet et d’Alicia Kok Shun, nageurs sélectionnés pour les JO de Tokyo, fait partie de ceux qui  œuvrent pour le développement de la natation mauricienne. A ce jour, dans sa carrière, il a coaché 3 athlètes pour les JO ; cependant, il n’a jamais eu l’opportunité de les suivre aux olympiades auxquelles ils participaient et ne pourra, non plus, le faire cette année.

« Allez au bout de vos envies, croquez la vie à pleines dents à Tokyo » tels sont les mots non pas d’un père à ses enfants mais d’un entraîneur à ses nageurs, avant qu’ils ne partent pour les JO. C’est ce qui correspond au côté atypique de Philippe Pascal. Tout le monde reconnaît ses compétences dans le domaine de la natation. Mais ce que l’on retient surtout du Marseillais, c’est cette approche très humaine pour ne pas dire humaniste du personnage. Aux dires de ceux qui le connaissent, il croit toujours dans le potentiel des nageurs qu’il côtoie, du plus petit au plus grand. Il les amène, du mieux qu’il peut, à se dépasser à l’entraînement ou en compétition. Néanmoins, il ne les forcera jamais à se lancer dans quelque chose où ils ne sont pas à l’aise.

Philippe Pascal supervisant les ‘dauphins’ nageant sur le dos sans planche,
lors du gala de natation du CAMO en décembre 2020Caption

C’est cette approche qu’il a privilégiée pour préparer Mathieu Marquet pour les JO de Londres en 2012 ainsi que Bradley Vincent pour les olympiades de Rio en 2016. Et pour les JO de Tokyo, il se charge actuellement des entraînements d'Alicia Kok Shun et de Mathieu Marquet (Ndlr : pour la 2e fois). Mais comme en 2012 et 2016, Philippe Pascal n’ira pas aux JO cette année. Peu importe les raisons, le Français trouve cette situation « frustrante ». Pour rappel, c’est bien lui qui avait permis à un Mauricien, pour la première fois dans l’histoire de la natation mauricienne - en l’occurrence Bradley Vincent - à réaliser des minima B pour des olympiades (Ndlr : les JO 2016 à Rio). Malheureusement, rien n’avait été fait par les institutions concernées, pour qu’il accompagne son protégé au Brésil. Les mauvaises langues diront qu’on lui avait permis, deux années plus tôt, de suivre Elodie Poo Cheong aux Jeux Olympiques de la Jeunesse à Nanjing en 2014 (Ndlr : la Mauricienne avait réalisé des minima B au 50 m NL sous la houlette du Français en 2013). Toutefois, si l’entraîneur a bien pu s’envoler pour la Chine, il n’a pas pu pour autant se retrouver au village des jeux. Au-delà de la déception ressentie, Philippe Pascal s’attèle aujourd’hui à ce qui est le plus important pour lui : la préparation tant physique que mentale d’Alicia Kok Shun et Mathieu Marquet. Cependant, l’approche qu’il emploie pour les 2 nageurs est différente. « D’un côté, j’ai une adolescente novice dans ce genre de compétition de très haut niveau. De l’autre, un adulte qui est dans la vie active et qui a beaucoup plus d’expérience par rapport à ce type de compétitions. L’approche est différente pour chacun d’eux et leurs attentes elles-mêmes sont distinctes. Quand Mathieu – que j’avais déjà eu au Trust Fund en 2009 et que j’ai retrouvé après les JIOI 2019 - a appris qu’il avait été sélectionné pour les JO, cela l’a remotivé. Il est bien conscient du challenge. Quant à Alicia, elle a toujours eu en tête de progresser. En d’autres termes, je me retrouve devant un nageur expérimenté alors que l’autre découvre un univers » déclare le Français.

Le coach marseillais ne pourra, une fois de plus, se rendre aux JO pour y suivre ses nageurs. Pourtant, ce qui lui tient plus à coeur, ce sont les valeurs qu’il veut leur transmettre avant leur départ. « A Alicia et Mathieu, je leur dis d’aller au bout de leurs envies. Ils se sont donné les moyens d’être là depuis des années. Peu importe la manière dont les JO se passent. D’un point de vue performance, ce sera compliqué pour eux. Ce n’est pas grave, je leur dis quand même d’aller au fond des choses, de ne pas tricher et d’être eux-mêmes » déclare Philippe Pascal. Enfin, le mot qui lui vient à l’esprit en cette période difficile est le mot ‘résilience’ « La résilience fait écho avec ce qui se passe dans le monde depuis 2 ans. Ceux qui s’en sortent sont ceux qui ont la meilleure résilience. Pour moi, un athlète olympique est quelqu’un qui a cette qualité. Pour arriver là, il doit être au top, quoi qu’il se soit passé. On voit souvent l’athlète dans la lumière mais on ne sait pas par quoi il est passé (des hauts et des bas) pour en arriver là ». Alicia Kok Shun et Mathieu Marquet en savent quelque chose.

 

 

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