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Entre discourir et courir

28 juin 2021, 08:21

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Entre discourir et courir

En attendant les attributions de la commission d’enquête sur l’affaire Betamax (qui est censée éclairer la période entre la signature du contrat en 2009 et la résiliation de celui-ci en 2015), l’on ne peut que souhaiter que l’argent public (dont le montant dans ce cas-ci tourne dans les Rs 6,2 milliards, si on inclut les frais des hommes de loi et des consultants) ne soit pas davantage gaspillé sur ce dossier explosif. Les politiciens, tantôt dans l’opposition, tantôt au pouvoir, sombrent trop souvent dans la démagogie (qui vient s’imposer comme une solution de facilité bien tentante), quand ils n’officient pas dans l’ombre ou le secret (à l’image de la signature du deal par un régime travailliste et le paiement de la compensation à la firme des Bhunjun).

Si les propos de nos politiciens s’envolent, les écrits viennent heureusement mettre en relief leurs discours et décisions. Le centre d’arbitrage de Singapour — pays qui, par ailleurs, ne peut pas être comparé à Maurice, en termes de robustesse financière et de farouche indépendance de ses institutions — et le Privy Council ont ainsi permis de démêler quelque peu l’écheveau Betamax sur le plan juridique. Mais il y a encore les aspects liés à la politique politicienne, au népotisme/noubanisme, à la bonne gouvernance, aux procédures d’appels d’offres, au rôle crucial des hauts fonctionnaires et de la commission anti-corruption (où Navin Beekarry s’agite à mesure que l’on s’approche de l’expiration imminente de son contrat) qu’il importe de revoir de manière critique.

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Ainsi, le cinglant rappel de l’Executive Board du FMI, cette semaine, vient confirmer l’analyse de ses économistes relative au déficit budgétaire réel de notre pays et à la création de la MIC (qui vient de perdre Lord Meghnad Desai comme président ; lequel Desai a vite été remplacé par le Britannique Mark Florman).

1) Sur le déficit budgétaire, l’on se souvient que le (très) Grand argentier Renganaden Padayachy avait été applaudi quand il avait conclu son discours-Budget 2020-2021, car il avait prétendu avoir présenté un «budget équilibré». Or, l’on sait que le deficit budgétaire avait été (et est encore) masqué par la ponction des Rs 60 milliards de la Banque centrale, et qu’à aucun moment le FMI n’a cautionné ces recours non-conventionnels. 2) Sur la MIC, le FMI ne passe pas par quatre chemins pour rappeler au ministre des Finances et au gouverneur de la Banque centrale, par rapport aux Rs 80 milliards, que «directors recommend that the central bank be recapitalized and relinquish ownership of the Mauritius Investment Corporation (MIC) with the financing of MIC provided through the budgetary process.»

Oui mais ‘recapitaliser’ avec quel argent ? Déjà que la dette publique, malgré l’apport des milliards de la Banque centrale, a atteint un sommet inimaginable, d’autant que la limite imposée par le FMI a été enlevée par la majorité. Si hier encore, notamment lors du Budget 2015-2016, ce même gouvernement s’affolait face à un taux de 60 %, aujourd’hui, à plus de 100 %, il se bombe le torse et se compare à... Singapour. Ce qui lui attire toutes sortes de commentaires sarcastiques, genre «there’s something called Moody’s, there’s something called S&P, there’s something called Fitch, they give credit ratings to countries based on their assessment of the sustainability of debt in that country and the economy of the country. Last time I checked Singapore is rated AAA and Mauritius is rated BAA2 with negative outlook. Japan is rated A+. You know credit rating agencies and credit default swap spreads exist for a reason. This notion that you can compare a country like Mauritius with negative outlook to AAA countries, well hey you have to be smoking up the kind of stuff that is yet to be invented even the synthetic world...»

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La délégation de la FATF viendra vérifier sur place l’état de nos institutions. Ce serait bon qu’on tente, même tardivement, de mettre un peu d’ordre au sein de l’ICAC, la police, la Banque centrale, la GRA, la FSC, l’IRSA, la STC, entre autres, si on veut vraiment sortir de la liste grise... Au-delà des discours, où sont les actes et les acteurs indépendants, se demandera la FATF.