Publicité

Liste grise du GAFI: Comment refaire la réputation de Maurice…

30 juin 2021, 22:15

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Liste grise du GAFI: Comment refaire la réputation de Maurice…

En attendant de savoir, en octobre, si Maurice va, oui ou non, sortir de la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI), les principaux acteurs du secteur financier font comme si c’était chose faite. Pourtant rien n’est joué. En attendant la visite d’inspection du GAFI, les opérateurs rassurent clients et investisseurs.

«La priorité de l’heure consiste à changer la perception de notre pays en une juridiction de bonne réputation sérieuse et fiable.» Tel est le sentiment de Mahen Seeruttun, ministre des Services financiers et de la bonne gouvernance, au lendemain de l’appréciation favorable exprimée par la direction du GAFI, véritable gendarme qui veille au grain au respect des normes et de la bonne conduite au niveau des transactions engagées avec les pays faisant partie de l’Union européenne.

«On doit cibler», soutient Mahen Seeruttun, «nos marchés principaux et d’autres marchés potentiels. Il s’agit aussi de la nécessité de concevoir de nouveaux produits plus attractifs tout en mettant en avant nos atouts tels la stabilité politique, les compétences disponibles, les coûts des opérations comparatifs, un cadre juridique sûr, la sécurité.» En d’autres mots, il faudrait tout mettre en œuvre pour «rendre la juridiction mauricienne plus visible aux yeux des pays ciblés avec des produits attractifs afin d’assurer la croissance constante de notre secteur de services financiers».

Pour Mahesh Doorgakant, président de Mauritius Finance, qui regroupe les principaux acteurs du secteur des services financiers, la priorité du moment est de passer le test que constitue l’exercice de validation des experts au GAFI. Il estime que le pays devrait mettre en place une vaste campagne de relations publiques pour faire état du fait que Maurice a toujours eu le souci d’opérer selon les meilleures normes internationales en vigueur dans le secteur et que le passage sur la liste grise du GAFI n’a été qu’un accident de parcours temporaire.

Relancer les contacts

«Nous devrions relancer les contacts avec nos partenaires tant africains qu’européens dont le secteur d’activité a été le plus touché par la présence de la juridiction sur la liste grise du GAFI", déclare Mahesh Doorgakant. "Au niveau du secteur privé, nous avons fait un devoir de mettre tant nos clients que les investisseurs au courant des derniers développements par rapport aux efforts consentis par Maurice pour être en conformité avec les exigences du GAFI. Ces derniers ont toujours manifesté leur entière confiance dans le pays et qu’il était hors de question de ne plus considérer la juridiction comme une destination de choix, sitôt sortie de la liste grise. Il nous faut nous fixer comme obligation de ne plus jamais être sur cette liste grise et faire la démonstration que nous sommes bien à la hauteur de la confiance que nos partenaires ont placée en nous.» Il est d’avis que le partenariat des secteurs privé et public durant l’épreuve liée à la sortie de la liste du GAFI doit se poursuivre à l’avenir de façon proactive par le biais d’engagement direct avec les autorités internationales.

L’optimisme est de mise du côté du Chief Executive Officer de Mauritius Finance, Samade Jhummun. Mauritius Finance et l’ensemble des acteurs de l’industrie, dit-il, «regardent désormais l’avenir avec davantage de confiance. Car avec l’annonce émanant de la dernière session plénière du GAFI, nos partenaires et nos clients à l’international ont une preuve tangible des progrès et des efforts que nous consentons en matière de règles par rapport au combat contre le blanchiment et le financement du terrorisme mais aussi de notre capacité d’adaptation. Avec notre éventuelle sortie de la liste du GAFI, nos clients étrangers auront d’ici la fin de l’année, davantage de raisons de choisir Maurice comme plateforme financière de choix.»

Dans un communiqué émis le 26 juin, la direction de la Banque centrale explique que la visite prochaine d’une délégation d’experts du GAFI va constituer une étape décisive dans le processus visant à sortir Maurice de la liste grise de cette organisation. «Cette étape est un développement positif pour la juridiction dans le cadre de son programme de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Elle va renforcer la confiance dans le secteur bancaire mauricien et dans la juridiction comme un centre financier international.» La direction souligne qu’elle a pris l’engagement d’être aux côtés des parties prenantes pour s’assurer que l’efficacité du système mis en place pour combattre ces deux fléaux que sont le blanchiment et le financement du terrorisme soit durable.

La dernière session plénière du GAFI : Une expérience stressante

Tous les regards étaient tournés vers la posture des dirigeants de l’UE lors de la dernière édition de la session plénière du GAFI. Pour la partie mauricienne, cette session était comparable au jour de la proclamation des résultats des examens de fin d’études secondaires. Le GAFI devait exprimer son appréciation par rapport aux efforts déployés par Maurice pour s’extirper de ces deux maudites listes que sont la liste grise du GAFI et la liste noire de l’Union européenne. Conclusion finale dans un communiqué émis le 25 juin : Maurice a accompli des progrès notables pour sortir de la liste grise. Autrement dit, Maurice a réalisé une étape majeure vers son exclusion de cette liste grise. Il reste toutefois une dernière étape à amorcer : il s’agit de la venue prochaine dans le pays des experts duGAFI pour effectuer un constat sur place des progrès réalisés et évaluer dans les faits les avancées en matière de capacité de surveillance et de prévention des risques de criminalité. Croisons les doigts !