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Réseaux sociaux: colère et plaintes après des attaques contre les handicapés

3 juillet 2021, 22:30

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Réseaux sociaux: colère et plaintes après des attaques contre les handicapés

Trop c’est trop. C’est le message de bon nombre de personnes d’ici et d’ailleurs à la suite d’une vidéo postée jeudi soir sur Facebook par Rubina Seetharamdoo, 43 ans, aussi connue comme Chachi Rubina. Dans celle-ci, l’internaute, très active sur les réseaux sociaux avec ses «live», suggère l’introduction d’une loi qui permettrait la mise à mort de toutes les personnes souffrant d’un handicap qui, selon elle, ne rapportent rien au pays. Cette vidéo de haine n’est pas passée inaperçue et depuis sa parution, beaucoup de Mauriciens indignés, touchés ou en colère ont exprimé leur mécontentement et soutien aux personnes handicapées sur les réseaux sociaux.

Ameegah Paul, motivational speaker, a été la première à faire entendre sa voix sur les réseaux sociaux, environ une heure après la publication de la vidéo. Au bord des larmes, elle déclare que cette vidéo offensante n’a pas sa place sur les réseaux sociaux. Sans tarder, elle a déposé une plainte au Casernes centrales. «Li finn bles tou bann dimounn otreman kapab. Nou tou imin li pe dir vinn touy nou.» Les messages de soutien n’ont pas tardé.

Membre exécutif et trésorière de l’Association pour la protection des droits des handicapés, Ameegah Paul s’est, de plus, rendue hier au Central Criminal Investigation Department (CCID) en compagnie de Me Shahzaad Mungroo. «Cette internaute est dans l’erreur. Nous aussi nous contribuons à la société et ce n’est pas correct de porter des jugements contre nous et de nous abaisser ou insulter. Elle nous a carrément humiliés, a causé des ‘nuisances’ de par ses propos.»

Magali Deliot de Planète Enfant s’est aussi exprimée et espère que la justice tranchera. «Peut-être qu’elle est psychologiquement instable mais ça ne l’excuse pas. Il faudrait voir la situation et s’il faut la référer à une psychologue.»

Jean Pascal Thierry Danilo de Paraplegia Life à Rodrigues, pour sa part, explique qu’il n’est pas d’accord avec la forme dans laquelle Rubina Seetharamdoo a balancé ses propos. C’est dans cette optique qu’il a aussi fait une vidéo avec sa femme dans laquelle ils exécutent quelques pas de danse pour démontrer la capacité des personnes en situation de handicap. «Li kontan fer buzz me pa vinn rod rol lor nou. Li pa gagn drwa dir touy nou ki later mem aksepte nou. Ena enn laenn dan fason ki linn dir sa e rasis osi sa. Pou mwa li pa fol. Mo trouv li konsian mwa e li kone kifer linn dir sa», déclare Pascal Danilo. Il se dit aussi indigné que cette internaute ait fait une autre vidéo en direct le lendemain sans penser à s’excuser.

«J’ai peur pour ma sécurité»

Soovan Sharma, qui travaille avec les handicapés depuis des années, invite à utiliser le terme personne en situation de handicap au lieu de personnes autrement capables. Il a aussi déposé une plainte à la Cybercrime Unit et au bureau du CCID. Ali Jookun est la première personne à s’être tournée vers les autorités après la diffusion de la vidéo. Ce citoyen a fait une entrée jeudi et a fait une déposition au CCID hier matin.

Jean Marie Malepa, président du Mauritius Paralympic Committee, de Special Olympics Mauritius et membre de la Mentally Handicapped Persons Sports Federation et qui vit lui-même avec un handicap, n’est pas en reste. Accompagné de son avocat, Me Olivier Barbe, il a fait une déposition pour violation de l’Information and Communications Technologies Act contre l’internaute et demande dans aux autorités de prendre des actions contre elle. «J’ai peur pour ma sécurité et celle de mes membres, étant donné que la principale concernée a tenu ces propos : bizin fer enn lalwa pou touy zot akoz zot pa fer nanye. Bizin eliminn zot... P nourri dimoune ki bizin alle en bas la terre…» déclare-t-il, en qualifiant ces propos de blessants, dénigrants ou insultants à l’égard des handicapés. D’ajouter qu’il s’est senti humilié et très affecté à la suite de ces propos incendiaires.

La réaction de la ministre de la Sécurité sociale, Fazila Jeewa Daureeawoo, n’a pas tardé non plus. Son ministère juge cette situation alarmante après avoir pris connaissance de la vidéo. «Mo kondann sa video-la e mo rasir la polilasion ki nou pa pou toler sa kalite konportman-la», explique l’élue, qui indique que le ministère de la Sécurité sociale portera plainte contre Rubina Seetharamdoo.

L’internaute passera le week-end en cellule

<p>Après que l&rsquo;internaute Rubina Seetharamdoo a été lynchée sur les réseaux sociaux en raison de ses propos &laquo;incendiaires&raquo;, la police n&rsquo;a pas tardé à agir. Elle a arrêté la quadragénaire hier à son domicile à Circonstance, St-Pierre. Elle a comparu le même jour devant le tribunal de Moka où une accusation provisoire de violation de l&rsquo;<em>&laquo;Information and Communication Technologies (ICT) Act&raquo; </em>a été déposée contre elle. Les enquêteurs se sont opposés à sa remise en liberté pour sa propre sécurité. Du coup, elle a été conduite en cellule policière et devra revenir en cour la semaine prochaine. Aujourd&rsquo;hui, elle devra être entendue pour sa version des faits. Selon l&rsquo;acte d&rsquo;accusation, il lui est reproché d&rsquo;avoir tenu des propos à titre vexatoire et <em>&lsquo;causing annoyance&rsquo;</em> à l&rsquo;encontre des personnes souffrant d&rsquo;un handicap étant donné qu&rsquo;elle dit que ces dernières devraient être éliminées. Pour rappel, toute personne jugée coupable de violation de l&rsquo;<em>ICT Act </em>est passible d&rsquo;une peine d&rsquo;emprisonnement ne dépassant pas 10 ans et d&rsquo;une amende maximale de Rs 1 million.</p>