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La semaine décryptée

4 juillet 2021, 15:11

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La semaine décryptée

Lundi 28 juin

Pandémie, drogue synthétique et changement sociétal

Il a été beaucoup question, dans «l’express» du lundi 28 juin, de la hausse conséquente dans la consommation de drogue synthétique en raison de la pandémie de Covid-19 qui sévit dans le pays. Au fait, les seuls bénéficiaires du business même de la drogue en tous genres sont les grands barons qui semblent jouir d’une solide protection comme l’illustre bien le cas de la fameuse tractopelle venue au pays avec une grosse cargaison de cocaïne. Par contre, les dégâts causés par la drogue, surtout sa version synthétique, sont inestimables. Tant sur le plan de la santé que son impact sociétal. En effet, c’est une autre île Maurice qui se dévoile brutalement dans toutes les régions. Le cas du viol d’une femme par son fils drogué de 16 ans dévoile bien le drame que vivent de nombreuses familles. Car dans ce cas précis, il est clair que la consommation de la drogue synthé se rajeunit de façon dramatique. On rapporte que mêmes des enfants du cycle primaire ont goûté à la drogue. Toujours sur les conséquences néfastes de la consommation de la drogue, on aura aussi noté des cas où des hommes ont violé leur mère bien âgée dans des moments de perte de repère. La question reste posée : si les barons s’enrichissent sur le malheur des Mauriciens, existe-t-il une possibilité que certains gagnent politiquement de la dislocation de la société traditionnelle mauricienne ?

Mardi 29 juin

La BoM principal agent du GM

La Banque de Maurice (BoM) dirigée par le nominé politique Harvesh Seegolam (en médaillon) fonctionne parfaitement comme un agent direct du gouvernement. Cela, contrairement à ce qui se passe dans les pays civilisés où la Banque centrale agit indépendamment du pouvoir politique.

On s’attendait que la BoM de Seegolam se mette bien vite à jouer avec le taux de change de la roupie afin d’accroître les revenus du ministre des Finances. Plus les prix à la consommation grimpent, davantage de revenus partent vers les coffres du gouvernement sous forme de taxes. Effectivement, le mardi 29 juin, on apprend que la BoM a procédé à la vente de quelque 25 millions de dollars américains aux banques commerciales. Ce qui a brutalement dévalué la roupie par rapport à la devise américaine. Ainsi, si le dollar s’échangeait à Rs 41,00 le 25 juin, trois jours après il valait Rs 42,50.

En vendant des dollars tirés de ses propres réserves, la BoM s’affaiblissait dans une certaine mesure vis-à-vis des principales institutions économiques et financières du monde, surtout sur le marché des changes. Mais l’objectif immédiat du gouvernement comme exécuté par la BoM, c’est la dépréciation de la roupie pour faire rouler les finances publiques.

Mercredi 30 JUIN

Il lave plus blanc que blanc

Navin Beekarry (photo) pourrait bien inspirer la reprise d’un vieux slogan par une éventuelle compagnie mauricienne se lançant dans la fabrication de lessive en poudre ou en liquide. Ce slogan a été utilisé à l’étranger depuis des décennies : il lave plus blanc que blanc.

La nomination de Navin Beekarry aux fonctions de directeur-général en 2002 de la toute nouvelle Independent Commission against Corruption (ICAC) constitue un véritable coup de maître que sir Anerood Jugnauth exécuta aux dépens de son allié Paul Bérenger. Le MMM avait été pris de panique quand l’institution anti-corruption d’alors, l’Economic Crime Office (ECO), avait convoqué le ministre Jayen Cuttaree relativement à l’acquisition supposément problématique de biens immobiliers sur le waterfront de Grand-Baie. Il semblait que la directrice de l’ECO, Indira Manrakhan, était bien déterminée à procéder à l’arrestation même de ce senior minister du gouvernement MSM-MMM.

Pour contrer l’enquête de Manrakhan, le MMM proposa une solution radicale : la dissolution pure et simple de l’ECO. Le Premier ministre Jugnauth accepta cette proposition et puisque le gouvernement disposait d’une majorité de plus de trois-quarts au Parlement, la dissolution de l’ECO passa comme une lettre à la poste.

Le gouvernement créa alors une nouvelle institution anti-corruption, la fameuse ICAC. Sir Anerood profita de cette vulnérabilité du MMM pour imposer la nomination de Navin Beekarry comme le tout nouveau directeur de l’ICAC. Il est vrai qu’un comité de sélection avait été institué pour nommer le chef de l’ICAC mais le leader du MSM eut le dernier mot.

Ce fut tout simplement naturel qu’après son retour au pouvoir à la fin de 2014, sir Anerood fit appel encore une fois à son chokra. Donc, depuis 2016, Beekarry contrôle la machine à laver inoxydable du MSM. Il a servi la cause de la famille avec une rare efficacité. Comme le prouve d’ailleurs son ultime intervention à Londres pour que Pravind Kumar Jugnauth soit disculpé dans l’affaire MedPoint. De même, sur l’affaire Angus Road, l’ICAC est restée muette et inactive.

Jeudi 1er juillet

Du nouveau au Champ-de-Mars

Intéressante interview dans «l’express» du 1er juillet de Jérome Tuckmansing (en médaillon), le tout nouveau «Chief Executive Officer» du Mauritius Turf Club (MTC). Comme devait le faire ressortir l’interviewer, Touria Prayag, cette nomination constitue un événement majeur car jamais de toute son histoire vieille de 209 ans, le MTC n’a eu un chef répondant au profil sociologique de Jérome Tuckmansing. Conséquence positive quand même de l’offensive qu’a lancée la Gambling Regulatory Authority (GRA) contre le MTC dans le domaine de la gestion des paris ? Force est de constater que le poids des «zougader» dans la société mauricienne est conséquent. Aussi, en raison de la naïveté légendaire des Mauriciens, les paris ont fait foisonner depuis des générations bien des pratiques frauduleuses, dont la corruption des «handlers», le dopage des chevaux, des courses arrangées et évidemment un large réseau de bookmakers illégaux. En raison de la prépondérance du trafic de drogue et l’existence de fonds colossaux mal acquis, tout ce qui tourne autour du Champ-de-Mars est devenu un magnifique instrument de blanchiment d’argent. Seul le temps nous dira comment va prendre fin ce conflit entre la GRA et une culture fortement enracinée sur le gazon du Champ-de-Mars.

Vendredi 2 juillet

Journée spéciale en Chine pour honorer le MSM?

Le Parlement de Maurice, État souverain depuis le 12 mars 1968 et devenu république le 12 mars 1992, ne siègera pas le mardi 6 juillet parce que le Parti communiste chinois (PCC) organisera une téléconférence avec ses partis frères à l’étranger, dont le MSM à Maurice.

L’événement demande un tel degré de préparation de la part du MSM que le Parlement sera mis en congé ce mardi 6 juillet. Bien que la conférence soit programmée pour 15 h 45 et que l’Assemblée nationale de Maurice siège en principe tous les mardis à partir de 11 h 30, le MSM serait incapable d’être présent à l’institution suprême du pays tant ses dirigeants seront pris à se préparer pour la téléconférence du PCC.

Il serait intéressant de savoir si d’autres partis au pouvoir proches des communistes chinois se mettraient dans un tel état de paralysie institutionnelle juste pour échanger des compliments avec les successeurs de Mao Zedong. Le PCC proclamera-t-il une journée spéciale en Chine pour célébrer l’anniversaire du MSM ?

En prenant une telle décision qui restera gravée dans les annales diplomatiques du pays, le MSM démontre l’étendue et la solidité de ses relations avec les communistes chinois.

Au fait, ils sont plusieurs adversaires du MSM qui pour des raisons irrationnelles aiment lier ce parti aux nationalistes hindous de Narendra Modi en Inde alors que c’est la Chine qui est de loin le partenaire privilégié du MSM. Le contrat de Safe City accordé à une firme chinoise au coût de Rs 19 milliards symbolise parfaitement la profondeur des liens entre les partis au pouvoir dans les deux pays concernés.