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Variant Delta: tout ce qu’il faut savoir
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Variant Delta: tout ce qu’il faut savoir
Il est bel et bien présent à Maurice. Et le variant Delta inquiète surtout de par sa contagiosité accrue. Du coup, les interrogations sont nombreuses. Quid, par exemple, de l’efficacité des vaccins face à ce «mutant»?
Il est en passe de devenir le plus redoutable des variants: le Delta. Depuis son apparition en Inde en octobre 2020, il est désormais présent dans plus de 82 pays, dont Maurice, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, ayant annoncé qu’il y a au moins trois cas où le Delta a été décelé, lors d’une conférence de presse, vendredi. Le Delta est d’autant plus inquiétant car il représente désormais une grande partie des contaminations et pour ne rien arranger, sa version «améliorée», le Delta Plus, a aussi fait son apparition. Que sait-on de ce variant et faut-il en avoir peur ?
Pour l’heure, il n’a pas été prouvé que le variant Delta est plus virulent que les autres variants. Cependant, il est 40 % à 60 % plus transmissible que le variant Alpha (le variant anglais), qui lui-même était 50 % plus transmissible que le virus original. S’il a pris le monde de court, son apparition n’a pas été une surprise. Les virus mutent pendant la transmission. Si le rythme de transmission est élevé, les mutations le seront aussi. Certaines mutations ne sont pas inquiétantes, mais d’autres peuvent changer les propriétés des virus.
Lorsque l’Organisation mondiale de la santé (OMS) détecte un virus avec des mutations qui changent sa propriété, il peut être est classé comme «variant of concern» si les mutations particulières sont sur le site de protéine S. Si les mutations sont moins importantes ou les conséquences moins connues, le variant est classé comme «variant of interest». Si les mutations ne semblent pas potentiellement inquiétantes, il est seulement «surveillé». Le variant Delta a été classé «variant of concern» car il se transmet plus rapidement et touche aussi les jeunes.
Ses mutations
Deux mutations notables ont été remarquées sur le variant indien: T478K et L452R. Ces deux mutations ont l’air d’avoir une incidence sur «l’évasion» du virus au système immunitaire. Cependant, selon les données disponibles, les effets sont moindres que la mutation E484K, présente sur les variants anglais et sud-africain. Autre mutation: D614G, présente sur tous les variants et «classifiée» comme facilitatrice de transmission. La mutation P681R accélère pour sa part la vitesse à laquelle le virus s’attache à nos cellules. Le Delta Plus présente une mutation supplémentaire, le K417N. Cette mutation, qui avait été détectée sur le variant sud-africain, rend le virus plus susceptible d’évasion au système immunitaire. La variant Delta est en train de remplacer très vite le variant anglais qui avait lui-même remplacé les souches à l’origine de l’épidémie.
De plus, les symptômes notés jusqu’à présent pourraient être légèrement différents des autres lignées. En Angleterre, les patients ont présenté des maux de tête, éternuements, fièvre, perte de l’odorat alors que la perte de goût est moins sévère. Les enquêtes sont toujours en cours pour déterminer si ces symptômes sont cohérents chez la majorité des patients.
L’efficacité des vaccins
Depuis la propagation du variant Delta, des questions sur l’efficacité des vaccins fusent. Cependant, au vu des chiffres et de la situation, il a été prouvé, sans l’ombre d’un doute, que les vaccins sont toujours efficaces contre ce variant et le virus en général et réduisent les risques de transmission de 40 % à 60 %. L’exemple cité est le cas des travailleurs étrangers des dortoirs. Alors qu’une explosion était attendue suite aux cas positifs dans lesdits dortoirs, les cas positifs ont plafonné à environ 70 sur plusieurs centaines de travailleurs car les employés étaient vaccinés.
En Angleterre, où 84 % de la population a reçu une première dose et 62 % la deuxième, les cas sont en augmentation. Durant la semaine écoulée, 17 616 cas ont été recensés, soit une augmentation de 72 % par rapport à la semaine précédente, et la grande majorité des nouveaux cas se sont révélés être le variant Delta. Cependant, à la même période l’année dernière, ce chiffre était de 25 000. Quant aux décès liés au Covid-19, alors le chiffre quotidien l’année dernière tournait autour de 80, cette année, il est de 20. La situation est similaire en Israël, où plus de 55 % de la population a été vaccinée. La semaine dernière, un pic de 227 cas a été enregistré, soit le plus grand nombre depuis deux mois. Cependant, en juin 2020, le nombre de cas quotidiens oscillait entre 600 et 800 et il n’y a pas eu d’augmentation du nombre de décès. 50 % des nouveaux cas sont associés au variant Delta. Quant aux Seychelles, c’est le variant Beta qui est derrière l’explosion des cas.
Pour en revenir aux vaccins, sur 92 029 cas du variant Delta analysés par le Public Health England depuis février, 117 personnes sont décédées, ce qui représente un taux de 0.13 %. Parmi, huit avaient moins de 50 ans et aucun d’eux n’étaient vaccinés avec deux doses. 109 étaient âgés de plus de 50 ans. Quant aux hospitalisations, 1 320 personnes atteintes du variant Delta ont été admises. 831 parmi elles, 63 %, n’étaient pas vaccinées. Aux États-Unis, en mai, sur les 853 000 hospitalisations, moins de 1 200, soit 0 ,1 %, étaient vaccinés. Et des 18 000 décès, 150 personnes, soit 0.8 %, étaient vaccinées.
Les causes des pics
Si les chiffres sur le pourcentage de personnes vaccinées qui ont été contaminées ne sont pas encore clairs pour tous les vaccins, en Israël, le taux tourne autour de 40 % à 50 %. Les explications des experts se rejoignent. Dr Katelyn Jetelina, une épidémiologiste basée aux USA, explique que plus une population est vaccinée, plus il y aura des infections parmi les vaccinées. «Il faut faire la différence entre la moitié des personnes infectées qui sont vaccinées et la moitié des personnes vaccinées qui sont infectées. Par exemple, si une population est vaccinée à 100 %, donc la totalité des nouveaux cas seront vaccinés», écrit-elle. Pour en revenir à Israël, le taux d’infection parmi la population vaccinée est de 2 % alors que parmi la population nonvaccinée, le taux est de 13 %. De plus, deux clusters étaient dans les écoles, donc, une population non-vaccinée car la vaccination pour les ados vient de débuter là-bas.
L’autre facteur à prendre en considération est l’âge. Après 35 ans, le risque de décès grandit de 50 % après chaque sept ans. Ce qui fait qu’une personne vaccinée de 80 ans a autant de risques de mourir d’une infection qu’une personne non-vaccinée de 50 ans.
Puis, depuis le début de la campagne de vaccination à l’international, il a été dit qu’aucun vaccin n’est efficace à 100 %. Ce qui fait que même une personne totalement vaccinée doit continuer à maintenir les gestes barrières pour éviter les contaminations. La plupart des pays qui ont enregistré des pics de contamination avaient levé les restrictions. Cependant, l’OMS conseille à toute personne de porter rigoureusement le masque. «Le public ne peut pas se sentir rassuré uniquement parce qu’il a été vacciné. Il doit continuer à se protéger», avait déclaré la Dr Mariangela Simao, assistante directrice générale de l’OMS sur l’accès aux médicaments et vaccins. Au-delà des masques, il est toujours recommandé d’éviter à tout prix les lieux fermés et mal aérés, qui favorisent la transmission.
Les vaccins à Maurice
Si l’efficacité de l’AstraZeneca a été prouvée entre 60 % à 92 % contre le variant Delta, il n’en est pas de même pour les autres vaccins administrés à Maurice. Concernant le Sinopharm, aucune donnée ou étude n’est disponible. Zhong Nanshan, un épidémiologiste qui a travaillé sur le protocole du gouvernement chinois face à la pandémie, a fait savoir que les vaccins de Chine sont «quelque peu efficaces» quant à la réduction des symptômes et cas sévères causés par le Delta. Il s’est basé sur une enquête menée sur un petit groupe. L’ancien no 2 du Chinese Centre for Disease Control avait lui déclaré que les anticorps développés après les deux doses de vaccins de Chine sont moins efficace sur le variant Delta lorsque les résultats sont comparés aux autres variants.
Cependant, il faut faire ressortir qu’aucun patient infecté au variant Delta en Chine n’a développé de symptômes graves. Mais il faudra plus de données pour s’assurer de l’efficacité des vaccins développés en Chine contre le variant indien. Quant au Covaxin, deux études du National Health Institute ont démontré leur efficacité contre les variants Beta et Delta. Et le Sputnik V, arrivé au pays cette semaine, a une efficacité de 92 % contre le variant, selon le fabricant.
Le protocole à Maurice
Pour l’instant, il n’y aura pas de protocole particulier pour les voyageurs qui débarquent des pays où le variant Delta représente la majorité des cas. À partir du 15 juillet, les passagers vaccinés ayant reçu leurs deux doses, dont la dernière injectée depuis plus de 14 jours, devront rester à l’hôtel pendant 14 jours et se soumettre aux tests PCR. Pendant ce temps, ils pourront profiter des facilités de l’établissement. Quant aux non-vaccinés – quant à tous les autres – ils ne pourront pas quitter leur chambre. Le personnel des hôtels ont été vaccinés ainsi que leur famille vivant au même domicile. Seuls les travailleurs étrangers, même ceux qui ont été vaccinés, devront se soumettre à une quarantaine stricte.
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