Soodesh Callichurn avait affirmé dans sa réponse à la Private Notice Question (PNQ) du 19 juin que son prédécesseur – Yogida Sawmynaden – avait rencontré les représentants de Vitol Bahrain. Deux semaines après, on se demande encore ce que l’ex-ministre y est allé négocier.

«Je ne m’ingère pas dans les affaires internes de la STC.» Ces mots ont été martelés plusieurs fois au tribunal de Moka par Yogida Sawmynaden lors de l’enquête sur la mort de Kistnen. Et pourtant... Lorsque Mes Azam Neerooa et Roshi Bhadain lui ont demandé ce qu’il était allé faire à Paris entre le 12 et le 15 décembre 2019, l’ex-ministre ne répondra qu’à moitié : «mission officielle».

Et voilà que l’on apprend le 19 juin au Parlement que Yogida Sawmynaden avait rendez-vous avec Vitol Bahrain à Paris. Et qu’il est allé régler le problème de carburant de mauvaise qualité qui a causé des dommages à 3 300 voitures à Maurice.

Sauf que le problème de l’essence frelatée n’a pas été réglé, au contraire, mais en plus, Vitol Bahrain a bénéficié de deux commandes supplémentaires.

Jonathan Ramasamy devait diriger la délégation

Ce qui dérange le plus, c’est la raison pour laquelle Yogida Sawmynaden est allé personnellement à la rencontre de Vitol Bahrain. «C’est Jonathan Ramasamy qui devait diriger cette délégation, mais au dernier moment, c’est Yogida Sawmynaden qui y est allé à sa place», nous dit-on à la State Trading Corporation (STC).

L’autre mystère, le communiqué du Conseil des ministres de fin décembre 2019 ne fait aucune mention de cette visite. Pourtant, un déplacement aussi important et avec une si forte délégation devrait normalement figurer dans un des communiqués émis par la suite.

Il est à noter aussi que lors de sa réponse à la PNQ du 14 février 2020, Yogida Sawmynaden n’a pas non plus parlé de cette visite à Paris en décembre 2019 bien qu’Arvin Boolell, le leader de l’opposition de l’époque, le passait au grill.

Silence des autres membres

Pourquoi ce silence pendant 18 mois ? Il faut dire que c’est grâce aux questions de Me Azam Neerooa que l’on a pu prendre connaissance de ce déplacement à Paris, d’une manière fortuite. Et c’est à la suite de cet «aveu» que l’on a eu d’autres informations à ce propos à l’Assemblée nationale.

Ce qui étonne encore plus, c’est le silence des autres membres ayant supposément fait partie de cette délégation. La société SGS ne nous a pas encore confirmé ni infirmé les propos de Callichurn à l’effet qu’un représentant de SGS était dans la délégation. Idem pour le State Law Office.

La question demeure : quelle négociation a eu lieu entre Vitol Bahrain et Yogida Sawmynaden entre le 12 et le 15 décembre 2019 ?