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Septaine annulée, chlore, natifs bloqués, Serge Clair évacué… Rodrigues sous les feux de l’actualité

6 juillet 2021, 22:30

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Septaine annulée, chlore, natifs bloqués, Serge Clair évacué… Rodrigues sous les feux de l’actualité

Le sort des natifs de Rodrigues semble finalement intéresser les autorités. Ceux en difficulté à Maurice seront pris en compte par le ministère de l’Intégration sociale, alors que des experts mauriciens se rendront dans l’île autonome pour régler les problèmes de chlore. En attendant, Serge Clair reçoit des soins à Maurice depuis le lundi 5 juillet.

La quarantaine de sept jours dans l’île annulée

Le High-Level Committee sur le Covid-19 a tranché. Toute personne qui se rend à Rodrigues ne devra plus passer sept jours supplémentaires en quarantaine dans l’île. Cette décision a été prise en fin de semaine dernière par ce comité présidé par le Premier ministre. En même temps, il met de côté la proposition du gouvernement régional.

Avec la reprise des vols commerciaux ce mois-ci, le gouvernement régional avait proposé que ceux rentrant dans l’île passent sept jours dans un centre d’isolement, même pour les touristes. Cette mesure n’a pas été retenue. Elle a aussi été abolie pour les Rodriguais bloqués à Maurice.

Pour rappel, ceux qui étaient à Maurice depuis la suspension de vols entre les deux îles, étaient dans l’obligation de passer sept jours isolés dans un hôtel à Rodrigues après leurs 14 jours de quarantaine à Maurice.

Par ailleurs, ce nouveau protocole a été appliqué dimanche quand un groupe de Rodriguais et des policiers de la Special Mobile Force sont rentrés à Rodrigues. Le commissaire de la santé, Simon Pierre Roussety, qui est intervenu sur les ondes de MBC Rodrigues vendredi, a donné des consignes précises. «Nous demandons aux personnes qui arrivent de Maurice de rester chez elles pendant sept jours. Nous demanderons à un Health surveillance officer de prendre contact avec elles par téléphone de temps en temps. Par la suite, nous leur dirons quand elles pourront sortir de chez elles», a déclaré le commissaire de la Santé.

Cette mesure sera aussi applicable avec l’ouverture complète des frontières en octobre, mais les voyageurs devront être vaccinés et avoir un test PCR négatif. D’ici là, le commissaire de la Santé demande à la population de respecter les consignes sanitaires. Beaucoup de Rodriguais ont critiqué cette décision du gouvernement central estimant qu’il augmente les risques de contamination de la population locale.

D’ailleurs, les Rodriguais ont également protesté sur les réseaux sociaux demandant que la boutique duty free reste fermée. Le gouvernement voulait l’ouvrir mais il a dû céder.

L’intégration sociale vient en aide aux Rodriguais bloqués

«Ils vont apporter des couches à une personne alitée. Il y a aussi une maison, qui pourra accueillir trois ou quatre personnes. C’est ce que j’ai appris des autorités, qui nous viennent en aide», déclare Joyce Jhabeemissur, une Rodriguaise qui a pris contact avec le ministère de l’Intégration sociale au cours de la semaine à la suite de la déclaration du Premier ministre, Pravind Jugnauth, selon laquelle un comptoir est disponible au ministère de la Sécurité sociale et de l’intégration sociale. Il répondait à la Private Notice Question (PNQ) de Xavier-Luc Duval.

Le Rodrigues Information and Support Desk de la National Empowerment Foundation, apprend-on, est en contact avec les Rodriguais en difficulté. Le travail se fait avec le soutien d’une organisation non gouvernementale, le Centre de Solidarité Rodriguais, financé par la National Social Inclusion Foundation. «Le ministère a fait une proposition à l’ONG pour qu’elle fasse un relevé des Rodriguais bloqués à Maurice pour voir comment mieux leur venir en aide», déclare une source.

Cette association a déjà pris contact avec plusieurs familles, hier. Une personne alitée a, effectivement, eu des couches et une maison a été mise à la disposition de deux personnes sans domicile.

Notre source ajoute que l’objectif du Support Desk est de permettre aux Rodriguais venant à Maurice de trouver les renseignements dont ils ont besoin, ou de les référer aux instances concernées, dépendant de leurs besoins respectifs.

Serge Clair transféré à Maurice en urgence

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Le chef de commissaire de Rodrigues, Serge Clair, est souffrant. Il a été transféré à Maurice en urgence hier après-midi pour des examens et des soins médicaux. L’avion de la National Coast Guard a décollé de Plaisance vers 10 h 30 hier matin pour arriver à Plaine-Corail peu avant midi.

Le bureau du chef commissaire a émis un communiqué dans la journée pour faire part à la population rodriguaise de l’état de santé du leader de l’Organisation du peuple de Rodrigues (OPR). «Avant de mettre le cap sur Maurice, le chef commissaire était admis à l’hôpital Queen Elizabeth, Crève-Cœur, depuis le dimanche 4 juillet suivant un léger malaise. Selon les médecins, son état est jugé stable. Le public sera informé de l’évolution de l’état de santé du chef commissaire», dit le communiqué.

L’appareil de la garde-côtes a quitté Plaine-Corail vers 13 h 30. Serge Clair, accompagné de son épouse, était en fauteuil roulant avant d’escalader les marches de l’avion, aidé par des infirmiers.

Plusieurs personnalités et membres de la famille du chef commissaire étaient présents à l’aéroport. Parmi sa fille et le député Francisco François. Ce dernier s’est confié à Jean-François Collet, journaliste rodriguais. «Il est parti pour des examens approfondis. Nous souhaitons qu’il se rétablisse et qu’il revienne au plus vite», a-t-il déclaré.

Âgé de 81 ans, le chef commissaire n’a pas assisté aux dernières réunions inscrites à son agenda. Il nous revient qu’il a manqué les travaux de l’Assemblée régionale mercredi et la réunion du conseil exécutif de Rodrigues vendredi.

Le Dornier avait aussi ramené la dépouille de deux Rodriguais décédés à Maurice, dont un depuis le mois de juin.

Les bonbonnes de chlore seront enlevées

Une entente entre les habitants et la commission de l’Environnement s’est établie hier : des experts de Maurice seront dépêchés pour enlever le chlore.

Les habitants de Mourouk à Rodrigues peuvent souffler. Après une visite des lieux, le lundi 5 juillet, le commissaire de l’Environnement, Richard Payendee, a donné la garantie que les bonbonnes de chlore seront enlevées. Le président du village, Stiwandy Clair, attend la suite.

Jeudi, l’émanation de chlore dans le village de Mourouk a provoqué l’indignation des habitants. D’autant plus que cela fait trois ans qu’ils se battent pour que ces bonbonnes soient enlevées de leur village.

Hier, le commissaire de l’Environnement leur a apporté son soutien. Richard Payendee, accompagné de plusieurs fonctionnaires de son ministère et ceux de l’Infrastructure publique, s’est voulu rassurant. «On a déjà enlevé les bonbonnes vides. Par contre, pour celles qui sont encore pleines, nous allons devoir attendre la venue des experts qui sont à Maurice. La liaison a déjà été faite auprès d’eux. Ici, à Rodrigues nous n’avons pas l’expertise requise.»

Il a aussi donné l’assurance que ce chlore ne sera plus utilisé dans l’île. «On attend que les vols reprennent pour que ces personnes puissent venir nous aider à éliminer tout cela.» À l’issue de cette visite, le commissaire a rencontré les habitants pour leur expliquer la situation.

Stiwandy Clair est partiellement satisfait de cette rencontre. «Nous devons attendre que les frontières s’ouvrent pour que ce problème soit résolu. En tout cas, nous pouvons dire que le gouvernement prend ce problème à cœur».

Restaurer le centre communautaire

Par ailleurs, le président du village a plusieurs projets en tête pour le bien-être des habitants. Parmi eux, celui de restaurer le centre communautaire de la région. Celui-ci est presque à l’abandon avec des vitres brisées, ou encore des meubles en piteux état.

Ce lieu peut être utilisé pour accueillir les évènements de la région, voire servir de centre de refuge lors des intempéries. «Personne ne réalise la distance que nous devons parcourir pour trouver un refuge en cas de cyclone. Le village voisin est loin et lors du passage en alerte 3, il est encore plus difficile de sortir. Ce centre, une fois remis à neuf, peut être utile.»

Récoltes menacées

Autre option envisagée est celle d’un centre de communication. Le président s’explique : «Nous faisons face à un problème d’Internet dans notre région. Nous aurions pu utiliser la salle pour y installer des ordinateurs et permettre aux villageois de se connecter au monde extérieur.»

Autre projet discuté par le conseil de village : l’achat d’une broyeuse. «Le village est envahi par des arbres tels que la fonganne ou encore les pikan loulou. La première espèce est même nocive pour la santé. Mourouk est un village qui regroupe plusieurs planteurs et ces derniers voient leurs récoltes menacées par ces plantes. L’achat d’une broyeuse serait une source de soulagement pour tous.»

Toutefois, le nouveau président – il a été élu il y a trois semaines – sait que tous ces projets sont coûteux. Il espère que des organisations non gouvernementales pourront lui apporter leur aide. «Nous sommes un petit village mais nous tenons au bien-être de tout un chacun.»

Il faut savoir que Mourouk regroupe environ 35 maisons pour une population estimée à 130 habitants.