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La semaine décryptée

11 juillet 2021, 14:35

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La semaine décryptée

Voir les événements de la semaine autrement. Il s'agit d'une revue critique-et politique- de l’actualité comme rapportée dans les médias du 5 juillet mai 2021 au vendredi 9  juillet 2021.

Lundi 5 juillet

Une rentrée des classes traumatisante

Les classes ont repris le 5 juillet dans une atmosphère pesante car parents et étudiants vivent dans la crainte d’être contaminés par le Covid-19. Le gouvernement a été sans doute bien inspiré de vouloir amener le pays à vivre dans la normalité car on ne pourrait éternellement confiner la population alors qu’il n’est scientifiquement pas établi encore quelle sera la durée de la présente pandémie.

La tâche du gouvernement est loin d’être de tout repos. Ainsi, si des cas individuels sont rapportés dans des écoles, faudrait-il fermer tout l’établissement en raison d’un élève infecté ? À ce rythme, on finira par fermer toutes les écoles. Si un cas est détecté à l’Hôtel du gouvernement, devrait-on mettre en quarantaine tous les fonctionnaires concernés ?

Un immense défi attend Leela Devi Dookun Luchoomun. Elle dirige actuellement le ministère qui s’occupe d’un secteur le plus difficile à gérer dans le contexte d’une pandémie.

Mardi 6 juillet

Pourquoi Mao séduit le MSM?

Le Parlement mauricien n’a pas siégé le mardi 6 juillet pour permettre au Mouvement socialiste militant (MSM) de fêter dignement le centenaire du Parti communiste chinois (PCC) fondé par Mao Zedong. Pourquoi cette fascination pour un parti au pouvoir à l’égard de l’œuvre de Mao Zedong ?

Ce grand amour du MSM pour le PCC, loin d’être justifié par des affinités idéologiques, est occasionné par les opportunités de grand business qu’offre la Chine. En effet, contrairement aux autres pays avec lesquels Maurice entretient des liens diplomatiques assez proches, la Chine est le seul État qui ne dispose pas de médias indépendants qui puissent s’intéresser aux pratiques scandaleuses de ceux au pouvoir. Par contre, en Inde, en Europe, aux États-Unis, toutes les transactions douteuses aves des pays étrangers sont vite dénoncées. Ces derniers jours, par exemple, les médias indiens font grand cas de pots-de-vin échangés lors de l’achat par l’Inde d’avions de chasse Rafale de la France. Une telle interrogation de la presse sur des affaires concernant le gouvernement est impensable en Chine.

Ainsi, si le projet Safe City avait été confié à une firme européenne ou indienne, les médias des pays concernés n’auraient pas manqué d’enquêter pour savoir s’il y a eu value for money dans l’exécution du contrat ou, si tel n’a pas été le cas, qui a «mangé» quoi. Une autre explication pouvant justifier l’alignement enthousiaste du MSM sur le PCC pourrait trouver son origine dans le souci du parti au pouvoir de se mettre à l’abri d’éventuelles sanctions de pays occidentaux. Surtout dans le sillage de l’affaire Chagos et des différentes mises en garde exprimées par des institutions tant économiques que politiques sur la dégradation des normes de bonne gouvernance dans le pays. Avec le soutien solide et décisif de la Chine, Maurice pourrait minimiser l’impact des sanctions à son égard.

Finalement, ceux qui éprouvent le reflexe automatique de Pinokio-bashing avec leurs railleries habituelles auront sans doute sous-estimé les compétences du chef du MSM dans la conception de grands calculs stratégiques.

Mercredi 7 juillet

Gilbert Gnany se démarque

Dans son édition du mercredi 7 juillet, l’express rapporte que Gilbert Gnany, cadre hautement respecté du privé, a soumis sa démission comme président du board de Statistics Mauritius. Sans cette démission, la réputation de Gilbert Gnany aurait été compromise car la principale institution du pays sur la gestion des statistiques a été amenée à se livrer à l’exercice de tire-caleçon le plus humiliant de toute son existence. En effet, après avoir annoncé le 28 juin un taux de croissance de 4,4 % et l’arrivée de 160 000 touristes, Statistics Mauritius devait backpedal 48 heures après pour porter le taux de croissance à 5,4 % et à 325 000 le nombre de touristes.

Statistics Mauritius est le successeur du Central Statistics Office (CSO) qui a été dirigé de main de maître par Louis Honoré, Ah Kong, Dawood Zmanay et Suresh Basant Rai. Au temps de la période glorieuse du CSO, sa contribution, après les élections générales, dans l’attribution des sièges de best losers et ses recommandations sur le taux de compensation salariale restaient toujours incontestables. Aussi, le CSO jouissait d’un énorme prestige auprès de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international de même qu’auprès des grandes institutions économiques et financières du monde.

En démissionnant, Gilbert Gnany prouve qu’il est un homme d’honneur qui a refusé d’être zappé par l’establishment politique au pouvoir. Quant à Statistics Mauritius, cette institution vient de confirmer que le pays vient de s’enfoncer davantage dans la bourbe d’une république bananière.

Jeudi 8 juillet

A star is born

Un prince appartenant à LaKwizinn en raison de ses liens avec la famille royale jouira bientôt d’un profil bien rehaussé. Il a jusqu’ici opéré dans la plus grande discrétion mais en raison de nouveaux moyens d’investigations dont disposent maintenant les médias et les réseaux sociaux, il vient de faire son coming-out.

Le prince, c’est Shaan Kundomal. C’est lui qu’un membre de la famille qui dirige actuellement le Zimbabwe a choisi pour placer des fonds colossaux extraits de diverses transactions opérées à plusieurs niveaux dans ce pays devenu notoire sous le règne de Robert Mugabe. L’homme qui cache une fortune dans l’offshore mauricien s’appelle Kudakwashe Tagwirei. Il est un proche du président actuel du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa. Tagwirei jongle des milliards de dollars.

L’un des gardiens de la fortune de Tagwirei, acquise bien sûr en raison de sa proximité avec le président zimbabwéen, est la compagnie mauricienne Capital Horizons dirigée par Shaan Kundomal.

Les Mauriciens n’auraient jamais connu l’existence de telles transactions s’il n’existait pas une organisation appelée The Sentry fondée par le grand acteur américain George Clooney. C’est The Sentry qui porte sur la place publique les dealings d’un proche du président zimbabwéen et un membre privilégié de LaKwizinn à Maurice.

Vendredi 7 juillet
Gro Zouré et Kim Jong-un

Un membre du Parlement ayant le 4 mai prononcé des propos d’une rare vulgarité a semble-t-il réussi à déjouer les plus grands experts en informatique de la police et évidemment de toutes les ressources technologiques dont disposent les hommes de Khemraj Servansing, l’homme à la recherche d’un contrat à la tête de la police. En effet, lors de la séance parlementaire du vendredi 9 juillet, le speaker, Sooroojdev Phokeer, a annoncé qu’une investigation – technologique, cela s’entend – n’a pu établir qui avait prononcé ces propos injurieux visant à insulter la députée MMM Joanna Bérenger. Des propos qui auraient fait rougir d’embarras les habitués des «cambuses» du pays.

Ainsi, toutes les ressources de la police relevant du ministre de l’Intérieur qu’est le Premier ministre n’ont pu savoir, après sûrement plusieurs voice tests, qui avait prononcé ces jurons. On ne pourrait dire que le pays est technologiquement très arriéré, d’où l’échec de la police. Le pays a investi énormément – Rs 19 milliards seulement dans Safe City – pour nous mettre au niveau des grandes puissances. Maurice compte même un satellite dans l’espace depuis quelques semaines.

Avec la précarité des ressources technologiques, comme constaté dans le cas du gro zouré au Parlement et des données sur le déplacement de Soopramanien Kistnen, le gouvernement doit veiller que notre satellite ne soit pas volé par Kim Jong-un.