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Hausse des prix: des subventions qui comptent pour du beurre ?

11 juillet 2021, 15:50

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Hausse des prix: des subventions qui comptent pour du beurre ?

Il est apparu à la télé, sur la MBC bien entendu, vendredi. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a annoncé que sept nouveaux produits alimentaires de grande consommation seront subventionnés par le gouvernement pendant six mois. Ainsi, 234 marques de fromage, d’huile, de grains secs, de lait en poudre, de margarine, de tomate et de poisson en boîte sont concernées. Le gouvernement déboursera Rs 500 millions pour ces subventions. Mais est-ce que cela soulagera suffisamment le porte-monnaie du consommateur ?

Estelle Ravina, mère célibataire de deux enfants, a du mal à s’en sortir depuis que le prix de «tou zafer» ne cesse de grimper. Elle a même dû réduire le nombre de produits essentiels qu’elle achète. «Lorsqu’un paquet de lait coûtait dans les Rs 170, je pouvais me permettre d’en acheter deux. Mais depuis les récentes augmentations, je n’en prends qu’un ou alors je me rabats sur deux briques de lait liquide qui revienne à Rs 39 chacun. La priorité demeure la santé des enfants, mais nous sommes obligés de réduire notre consommation…» Même si le prix connaîtra une baisse avec la subvention, ajoute-t-elle, celle-ci reste insuffisante. «Il est vrai que c’est quelques sous en moins, mais en faisant les achats au quotidien, il sera difficile pour moi de sentir la différence avec ces quelques roupies.»Alors qu’elle s’approvisionne auprès de la boutique du coin, elle remarque que les prix ne sont pas fixes.

Comme Estelle, nombreux, très nombreux sont les Mauriciens qui ne savent plus comment porter ce fardeau. Le caddie devient plus léger, mais il est plus lourd à porter en raison des prix des denrées alimentaires, qui ne cessent de grimper. Pour l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM), même si cette subvention contribue à une baisse des prix de certains produits et que ceux au bas au bas de l’échelle vont en bénéficier, ce n’est pas suffisant.

Jayen Chellum, secrétaire général de l’association, est catégorique. «Cela reste une mesure introduite pour alléger le coût de la vie mais ce n’est pas l’introduction d’un contrôle permanent des prix des produits essentiels, comme demandé à plusieurs reprises. On ne parle pas de contrôle. La subvention est l’argent des contribuables... Pe tir dan pos gos pe met dan pos drwat…»

Que se passera-t-il après ces 6 mois, se demande-t-il. Il insiste pour que le gouvernement fasse un suivi continu d’un certain nombre de produits essentiels de grande consommation. «Il faut considérer les diverses marques de produits pour un petit marché comme Maurice et il faut un regard sur la situation de monopole. (…) C’est le manque de contrôle des prix qui a conduit à des marges de profit exagérées, ajoutées aux autres coûts en hausse comme ceux à l’importation.»

Pritam Dabydoyal, directeur de P&P International, qui importe divers produits comme l’huile et les grains secs, fait ressortir, pour sa part, que cette subvention soutient les importateurs dans le financement de l’importation des produits pour six mois et que cela facilite leur situation. Mais il déplore, d’autre part, le manque de consultation avec les importateurs avant la prise de décision. «Ce sont les anciens prix qui ont été considérés pour fixer les prix et la subvention. Il faudrait considérer la nouvelle cargaison de produits, dont certains coûtent plus cher. Soit ceux qui sont arrivés au pays depuis hier, par exemple. Il n’y a pas eu de consultation et ceci ne facilite pas les choses pour les importateurs.»