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Faux permis pour des morcellements: des acheteurs atterrés

11 juillet 2021, 20:08

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Faux permis pour des morcellements: des acheteurs atterrés

Des officiers du ministère des Terres auraient émis de faux permis de morcellement. Ceux qui paient les pots cassés ? Les acheteurs… Plus de trois ans après, ni les chefs de service de ce ministère, ni les promoteurs des morcellements en question et ni les courtiers très actifs dans ce domaine n’ont été inquiétés. Comme dans beaucoup d’affaires de ce genre, ce sont les petits poissons qui sont pris dans les filets. «Les gros requins, eux, restent en poste et s’engraissent», réagit un acheteur lésé.

À travers le pays, il y aurait 36 morcellements pour lesquels de faux permis ont été délivrés par le ministère des Terres. Un des promoteurs, Liyaquat Mamode Ally, affirme avoir payé la somme due au ministère et avoir obtenu en retour le reçu et permis. Or, le ministère considère ces permis comme des faux, c’est-à-dire pas approuvés par le Morcellement Board. Le 13 septembre 2019, le ministère écrit à tous les conseils de districts et municipalités pour leur demander de ne pas approuver les demandes de permis de construction dans ces morcellements, dont il donne une liste. Deux des dix acheteurs du morcellement Four Sirs Property Investments Ltd de Liyaquat Mamode Ally et fils à Albion avaient déjà obtenu le permis et ils ont pu y construire et habiter leur maison. Les huit autres ont dû annuler leur projet de construction lorsque le conseil de district de Rivière-Noire leur a refusé le permis suivant la lettre circulaire du 13 septembre 2019 du ministère des Terres. Cette lettre est venue «un peu tard», disent-ils, bien que le ministère ait déjà découvert la fraude depuis le juillet 2019…

Une mafia «puissante» 

Les acheteurs de ces lotissements ne comprennent pas pour quelle raison ils sont pénalisés alors que la fraude a été commise au ministère. Ce qui est sûr, c’est qu’un certain C. a été suspendu de ses fonctions au sein dudit ministère depuis près de trois ans ans alors que le cerveau de ce trafic de faux permis, un certain L., est toujours en poste et sévirait toujours. Un autre haut cadre qui avait été suspendu a repris le chemin du travail. «La mafia des terres est très puissante», confie même un employé du ministère, excédé, dépassé.

C’est pour cette raison, pense-t-on, que cette enquête prend autant de temps et que les victimes n’en finissent pas d’attendre. Deux procès intentés par des victimes auprès de l’Environmental and Land Use Tribunal (ELAT) traînent ainsi depuis 2 ans. Le ministère des Terres, en tan que codéfendeur, demande et obtient à chaque fois des renvois en avançant que l’enquête est toujours en cours du côté de la police. À certaines victimes et à l’express, le ministère, interrogé à ce propos, parle d’enquête en cours, mais cette fois par l’ICAC. «Which is which?» se demande une victime. Peut-être les deux...

Quid de la position de Liyaquat Mamode Ally, le promoteur ? Il ne compte pas poursuivre le ministère, son avocat expliquant que l’affaire est perdue d’avance. Au grand dam des victimes. Et les questions se bousculent. «Pour quelle raison l’officier du ministère des Terres aurait émis de faux permis s’il n’a pas reçu de pot-de-vin en retour ?» s’interroge l’une d’elles. «Si cet officier a été suspendu pour soupçon de corruption, on ne comprend pas pourquoi le corrupteur allégué n’a pas été inquiété car il faut être au moins deux pour commettre un acte de corruption.»

Projet de rachat 

Les victimes n’ont cessé d’ailleurs de réclamer le remboursement de leur argent au promoteur Four Sirs Property Investments Ltd de Liyaquat Mamode Ally et fils. Ce dernier a bien remboursé une des victimes mais au prix d’achat d’il y a trois ans, sans remboursement des intérêts bancaires, payés pour rien. Liyaquat Mamode Ally et son fils Bilall réclament même le remboursement des frais d’enregistrement. Si certaines victimes ne croient pas que leurs terrains seront rachetés par Mamode Ally, pour d’autres victimes, ils le seront car il y a effectivement des tentatives et même des pressions en ce sens. Pourquoi ? Liyaquat Mamode Ally n’est pas revenu vers nous alors que son fils Bilall, s’il nous a bien confirmé ce problème de faux permis, a stoppé net la conversation lorsque nous lui avons demandé la raison pour laquelle il veut racheter ces lots et si c’est pour y lancer d’autres projets…Nous y reviendrons.