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Tantine Olive, Chagossienne: 100 ans et des milliers de souvenirs

18 juillet 2021, 20:07

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Tantine Olive, Chagossienne: 100 ans et des milliers de souvenirs

«Vreman sa fer léker fermal kan fet lamor finn arivé enn bouké fler péna pou zot.» Ces paroles de Cassiya de la chanson Diego ne sont pas dues à un pur hasard. Pour les Chagossiens déracinés, elles évoquent leur souffrance, loin de leurs ancêtres enterrés dans l’archipel. À présent, les aînés n’ont qu’un seul souhait: retourner un jour dans leur l’île natale pour y reposer en paix. C’est aussi celui de Marie Olivia Lemaître… qui n’a pas quitté son île natale par choix. Elle a été expulsée contre son gré des Chagos en 1966, quand Maurice a perdu sa souveraineté sur l’archipel.

Le 14 juillet, qui est la Journée chagossienne sur les réseaux sociaux, est aussi le jour où Marie Olivia Lemaître, affectueusement appelée Tantine Olive par ses proches, a soufflé ses 100 bougies. Des bas, elle en a connus beaucoup, mais aujourd’hui, elle garde la tête haute car, malgré les difficultés, elle a su toutes les surmonter. À l’impasse Desbouchers, Roche-Bois, elle est une figure incontournable. Pour ses proches, Tantine Olive est une battante. Cette Chagossienne a aussi milité pour que ses compatriotes retrouvent leur terre natale. Alitée, elle n’a pas pu nous recevoir. C’est Olivier Bancoult, leader du Groupe réfugiés Chagos (GRC) et proche de la centenaire, qui a raconté son histoire à l’express.

Notre centenaire a donc soufflé ses 100 bougies mercredi. Ses proches, dont ses neveux et nièces, ont voulu organiser une grande fête pour leur tante bien-aimée. Toutefois, pandémie de Covid-19 oblige, la fête ne comptait que 20 personnes. Selon Olivier Bancoult, Tantine Olive est restée forte contre vents et marées. Elle a perdu son premier enfant, une fille alors qu’elle était toujours à Chagos. Elle est donc venue à Maurice avec son mari et son fils et ils ont tous vécus ici. Elle a cumulé des petits boulots pour faire bouillir la marmite. Ce n’était pas facile.

Au décès de son mari et de son fils, elle n’a ni maison, ni terrain à son nom. Elle est simple locataire jusqu’au jour où son propriétaire décède et que ses héritiers décident de partager la maison. Elle se retrouve alors sans toit. Heureusement que la communauté chagossienne et ses proches sont là pour l’épauler. Tantine Olive ne baisse pas les bras. Elle dira merci à ce couple rodriguais qui lui a donné une partie de leur terrain. En effet, Tantine Olive s’était occupée d’une Rodriguaise pour son accouchement. Cette dernière, reconnaissante, ne réfléchit pas deux fois et décide de la soutenir. Des bénévoles lui ont construit une petite maison. C’est là qu’elle vit.

Aux dires d’Olivier Bancoult, Tantine Olive n’a jamais pu faire ses adieux aux Chagos. Le chagrin sur le visage, les larmes aux yeux… c’est ainsi que notre Chagossienne se souvient de son île natale. C’est là-bas qu’elle a grandi. C’est là-bas que repose sa fille. Et c’est là-bas qu’elle souhaiterait être enterrée un jour.