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Stephan Buckland: «Le sport mauricien est au plus mal…»

22 juillet 2021, 09:00

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Stephan Buckland: «Le sport mauricien est au plus mal…»

À la veille de la tenue du lancement officiel de la 32e édition des Jeux olympiques d’été au Japon, Stephan Buckland livre ses impressions sur la délégation mauricienne, partie défendre les couleurs de l’île. Il revient aussi sur cette pandémie de Covid-19 qui a mis à l’arrêt le sport local ou encore du sport roi, le football qui est au plus mal.

Les Jeux olympiques (JO), cela représente quoi à vos yeux ?

C’est le saint Graal. C’est la plus grande échéance qu’il existe. Il regroupe tout le gratin mondial. Quand on y va pour la première fois, on se fait un devoir d’aller rencontrer nos idoles. Mais une fois que vous appartenez au gratin mondial, vous ne vous intéressez qu’à faire votre sport et réaliser la meilleure performance.

Cette année, les Jeux seront sans public. Est-ce que cela peut impacter sur les performances des sportifs ?

Définitivement. Certes, cela va jouer sur la beauté du spectacle. Mais les athlètes, eux, devront rester «focus» et obtenir de bons résultats.  

Décrochez une place sur le podium est l’objectif majeur de tous sportifs, que pensez-vous des chances mauriciennes ?

Tous ceux qui seront présents à Tokyo vont donner le meilleur d’eux-mêmes. S’ils arrivent à la portée d’une finale, alors tout est possible. Et la médaille suivra. Tout va se jouer sur la psychologie de l’athlète. Ils devront juste tout donner.

Le manque de frottement international en vue de cette compétition risque de peser lourd dans la balance. Les autorités n’auraient-ils pas dû depuis l’année dernière investir dans cette préparation ?

C’est malheureux qu’avec la période de confinement, les athlètes n’ont pu s’entraîner, surtout en vue des JO. Ce qui est encore plus dommage, c’est que le ministère des Sports n’a pas fait le nécessaire pour leur donner les facilités pour qu’ils puissent quand même s’entraîner. Le haut niveau ne se résume pas qu’à s’entraîner devant un ordinateur avec son entraîneur, il faut aussi être sur le terrain. Et je pense que le ministère ne l’a pas compris.

Le sport mauricien tourne au ralenti, suivant la pandémie du Covid-19. Que faudrait-il faire pour le rebooster ?

Le sport mauricien est au plus mal bien avant les Jeux des îles. Prenons le cas des jeunes qui devraient être les champions de demain. Depuis 2018, il n’y a plus de compétitions inter-collèges. On les a empêchés de pratiquer ces sports car l’accent était mis sur la préparation en vue des Jeux des îles. Or, c’était justement le moment d’aller à la recherche de talents. Et de les préparer pour les prochains Jeux. Et l’on parle de promouvoir le sport pour la jeunesse !

Il est vrai que nous avons remporté les Jeux des îles, chapeau à nos athlètes. Mais il est triste de dire que le niveau des autres îles n’est pas mieux que nous. Imaginez que nous avons remporté le 100 m avec un chrono tournant autour de 10’’80. Le niveau a baissé. Je détiens toujours le record de Maurice sur les 100 m (10’’13) datant de 2001, déjà 20 ans. Et personne ne semble s’y rapprocher. On se pose la question, à qui la faute ?

Justement, le football est aussi au point mort. Une discipline où l’État ne cesse d’investir massivement – quelque Rs 38 millions sur deux ans. Quelle est votre analyse de cette situation ?

Le foot a toujours été une passion et un passe-temps. Je me souviens qu’à l’époque où les clubs tels que le Sunrise ou la Fire Brigade existaient, on avait déjà des joueurs professionnels au sein de ces clubs. Prenons l’exemple de Paul Jones. Il comprenait l’importance du football. Les joueurs de son équipe du Sunrise s’entraînaient le matin, et se reposaient par la suite et le soir, ils travaillaient à l’hôtel. Il avait déjà cette vision du professionnalisme. Ce qui est triste à dire, c’est qu’après le passage de Michael Glover comme ministre des Sports, les autres n’ont pas assuré. La régionalisation a tué le football local. La situation est grave. Et le ministère doit assumer sa responsabilité au même titre que la Mauritius Football Association.

L’on constate à Maurice que les dirigeants sportifs sont souvent bien ancrés aux postes à responsabilité, et cela durant de nombreuses années. Ne pensez-vous pas qu’un renouveau serait nécessaire au sein des instances ?

Ceux qui restent en poste ont souvent des partis pris, et s’installent à ces postes pour servir leurs intérêts personnels. Et non pour servir l’intérêt du sport. Cela a un impact sur les disciplines locales. On ne passe même pas les premiers tours des compétitions africaines, surtout au niveau collectif. On a le Liverpool Academy, mais qui ne sert que «l’élitisme» car les autres académies font beaucoup mieux que celle-ci. Les autorités ont préféré fermer les écoles de foot. Et quand on prend l’exemple sur l’Afrique, l’on voit que l’on mise sur les jeunes à des postes clés au sein des fédérations, mais ici, on préfère toujours garder les «dinosaures». Avec en prime, les petits copains qui obtiennent des billets pour voyager…