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Journée mondiale des dauphins: ces animaux en danger qu’il faut protéger
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Journée mondiale des dauphins: ces animaux en danger qu’il faut protéger
«L’incident du MV Wakashio nous a clairement montré qu’il y a un manque de connaissances sur les cétacés à Maurice», explique Shaama Sandooyea, détentrice d’une licence en science marine et activiste pour le climat et l’océan. Selon elle, il est important qu’à l’avenir, des décisions soient prises concernant ces animaux avec des données scientifiques selon le Precautionary Principle.
En effet, Shaama Sandooyea explique que la crise climatique est une nouvelle menace pour la reproduction des dauphins. «Une étude menée en Australie a démontré que le taux de survie des dauphins a chuté de 12 % suite à des vagues de chaleur en 2011. De plus, les femelles ont donné naissance à moins de progénitures, un phénomène qui a duré six ans. La crise climatique et écologique menace davantage le réseau trophique marin et donc, l’alimentation des dauphins.»
Autour des eaux de Maurice, de La Réunion et de Rodrigues, l’on retrouve 11 espèces de dauphins. Parmi eux, il y a bien sûr les dauphins d’Électre. Aussi, dix espèces ne sont pas vraiment en danger excepté le Pseudorca crassidens, plus connu comme le False KillerWhale, explique, pour sa part, le scientifique Owen Griffiths de la Mauritius Marine Conservation Society (MMCS).
«Notre région est l’une des plus sûres pour les dauphins et les baleines. Cependant, il existe des espèces qui nagent dans nos eaux et qui sont en danger comme les False Killer Whales ou encore la baleine bleue et c’est pour cela que le travail pour la conservation ne s’arrête jamais.» Il abonde également dans le même sens que Shaama Sandoyeea, en affirmant que de nombreuses espèces de baleines et de dauphins sont gravement menacées dans le monde, notamment en raison de la pollution marine et de la surpêche de leurs proies.
Selon nos interlocuteurs, il est important de protéger ces animaux à travers nos choix. En 2006, la MMCS a présenté un travail pour sensibiliser le public et alerter les autorités mauriciennes qui, par la suite, ont établi des régulations pour protéger les dauphins (et les baleines). Cependant, ce cadre législatif - les Tourism Authority (Dolphin and Whale watching) Regulations 2012 - est peu connu et bien souvent ignoré, se désole Shaama Sandoyeea.
«Malgré les réglementations, il existe toujours beaucoup de compagnies, certaines reconnues internationalement, qui offrent des package pour nager avec les dauphins à Maurice. Nager avec les dauphins nous procure peut-être un sentiment de bien-être, mais cela ne veut pas dire que les dauphins ressentent la même chose», soutient la militante écologique.
Elle affirme que cette pratique est immorale car la présence même des humains altère négativement le comportement des dauphins, perturbe leur repos et les stresse. «Nous savons tous que les dauphins sont des êtres sociaux et amicaux, mais ils restent des animaux sauvages et méritent d’être traités avec respect. De plus, certains bateaux les chassent pour que les individus puissent mieux les voir et nager avec eux. Ces activités sont non seulement dangereuses pour les animaux mais également pour les humains. Il y a eu des cas où les dauphins ont tiré les nageurs à des dizaines de mètres sous l’eau - n’oublions pas qu’ils jouent de cette façon.»
Owen Griffiths ajoute qu’il y a plusieurs autres manières de les protéger, notamment réduire les déchets comme le plastique, entre autres. «Et, si nous ne sommes pas déjà végétariens, nous pouvons choisir des produits de la mer compatibles avec les dauphins, c’est-àdire des produits de la mer dont la production n’a pas été nocive pour les dauphins. Par exemple, nous pouvons éviter d’acheter de gros poissons pêchés avec des filets dérivants en haute mer, car cette technique de pêche est très nocive pour les dauphins et autres espèces marines comme les tortues.»
Vassen Kauppaymuthoo: «Les règlements pour la protection des dauphins doivent être revus»
Aujourd’hui, nous observons la Journée mondiale des dauphins. L’océanographe Vassen Kauppaymuthoo estime que nous manquons de données sur les différentes espèces de dauphins présentes dans les eaux mauriciennes, et que les régulations de 2012, mises en place pour la protection de ces mammifères, ne sont pas assez appliquées.
Combien d’espèces de dauphins identifions-nous dans les eaux Mauriciennes ?
Nous comptons 11 espèces répertoriées, mais elles seraient une trentaine au total avec celles non-recensées. On peut trouver des dauphins très commun, qui font d’ailleurs l’objet du «dolphin watching», qui sont les Stenella longirostris et les Tursiops truncatus, entre autres. Nous avons également d’autres types de dauphins, mais qui sont peu connus et difficilement observable car ils sont moins joueurs et ne s’approchent pas de la côte. Il a fallu malheureusement que les dauphins d’Électre, par exemple, échouent après le naufrage du MV Wakashio pour qu’on prenne connaissance de leur présence. Il manque donc beaucoup de données sur les dauphins présents dans les eaux mauriciennes.
Est-ce qu’il existe des réglementations mises en place par les autorités pour assurer la protection de ces mammifères ?
Oui, il y a les Tourism Authority (Dolphin and Whale Watching) Regulations 2012 mises en place par le ministère du Tourisme suivant les activités qui concernent les dauphins et qui causent des problèmes environnementaux. Ce règlement stipule qu’il faut, par exemple, garder une distance de 50 mètres pour les dauphins et 100 mètres pour les baleines, qu’il ne faut pas couper la voie des dauphins, mais aussi, il y a un certain horaire destiné au dolphin watching, entre autres.
Pour moi, ces règlements ne sont pas assez appliqués. C’est d’ailleurs important de les respecter pour ne pas faire fuir ou stresser les dauphins, mais aussi pour éviter des accidents graves car un dauphin est un animal sauvage. Au Brésil, des attaques envers des baigneurs ont déjà eu lieu.
Il y a une importante concentration de bateaux en période touristique, où une cinquantaine de bateaux tournent autour d’une quinzaine de malheureux dauphins. De plus, les dauphins doivent remonter à la surface pour respirer et, avec l’afflux de bateaux, il n’y a pas énormément de distance qui les séparent des engins. Des personnes se jettent également à l’eau pour aller nager avec eux et le bruit des bateaux causent également du tort à ses mammifères. Donc, les activités avec les dauphins devaient être réglementées par le ministère du Tourisme mais, malheureusement, ces réglementations n’ont pas l’air d’être vraiment appliquées en mer. On voit d’ailleurs rarement la présence des garde-côtes et les skippers devraient être sensibilisés à ce sujet. Ces réglementations ne sont non seulement pas appliquées, mais doivent aussi être revues. On devrait avoir une étude détaillée sur les cétacés à Maurice qui sont considérés vulnérables par l’IUCN (NdlR, International Union for the Conservation of Nature). Les dauphins sont extrêmement sensibles et fragiles à la pollution chimique et bactériologique et nous avons pu le voir lors de l’échouement des dauphins d’Électre l’année dernière après l’échouement du MVWakashio. Un rapport publié récemment a démontré qu’il y avait des traces de pétrole dans les dauphins.
Le danger que représente la pêche à la senne pour les dauphins est-il important ?
Oui, définitivement. Beaucoup de dauphins sont pris dans les filets de ces bateaux de pêche industrielle. Même si ces bateaux se disent dolphin-safe, les dauphins voyagent beaucoup avec les poissons et souvent se retrouvent piégés. Et vu qu’ils doivent remonter à la surface pour respirer, ils se retrouvent prisonniers au fond de l’eau et se noient. Il y a beaucoup de senneurs européens et japonais qui viennent dans nos eaux, et un bateau de senne peut ramener 300 à 400 tonnes de thons et ils récupèrent définitivement des dauphins de temps en temps. Il faut donc encourager la présence d’observateurs sur ces bateaux ainsi que le changement des méthodes de pêche.
Des études ont été effectuées récemment sur la possibilité de l’extinction des dauphins dans les prochaines années ?
Il n’y a pas beaucoup d’études qui ont été faites sur l’extinction des dauphins. Cependant, leur destin, vu leur position en haut de la chaîne alimentaire, est lié au stock de poisson. Avec le train actuel, d’ici 2045-2050, les grands stocks de poissons s’épuiseront, et les dauphins n’auront plus de nourriture. À court ou moyen terme, d’ici vingt ans, il y aura une baisse de la population des dauphins. Les maladies et virus, tels que l’herpès, affectent également beaucoup de dauphins.
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