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Affaire Kistnen: révélations de taille !
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Affaire Kistnen: révélations de taille !
On s’en doutait : la réouverture de l’enquête judiciaire sur la mort de Soopramanien Kistnen a été ordonnée à la suite de la découverte de nouveaux éléments. Le Forensic Science Laboratory (FSL) qui a, par la même occasion, démontré son indépendance a par le biais de sa représentante, Asha Auckloo, a affirmé que l’on ne peut exclure la possibilité que Kistnen ait été étranglé jusqu’à que ce que mort s’ensuive. Des traces de tissu ont été retrouvées autour de son cou, dont la consistance et couleur ne correspondent pas à celles de la chemise rouge que portait la victime le jour où elle a disparu, le 16 octobre 2020.
L’avocat du bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP), Me Azam Neerooa, a voulu aussi sa voir pour quelle raison Kistnen avait la langue qui pendait. Asha Auckloo a expliqué que cela peut être causé par la décomposition ou une strangulation. Comme le cadavre n’avait pas atteint un stade de décomposition avancé, la seule explication plausible serait qu’une constriction au niveau de la gorge ait provoqué cela, la base de cette dernière bloquant l’arrivée d’air et, par conséquent, une asphyxie. Me Neeroa a alors tenu à savoir si on combine l’élément de marques au cou avec les traces de tissu, on ne pouvait que conclure à une strangulation. «We cannot rule out this possibility», a répondu Asha Auckloo. Surtout lorsque l’avocat du DPP a attiré l’attention sur un autre élément troublant…
Il s’agit, toujours selon le rapport du FSL, d’autres traces retrouvées aux chevilles de Kistnen. Est-ce possible que ces traces aient été causées par les chaussettes qu’aurait portées ce dernier ce jour-là ? s’est enquis Me Azaam Neerooa qui s’est montré encore une fois très incisif. «Non», a répondu l’experte du FSL car Kistnen était pieds-nus. On a appris aussi que les pieds de Kistnen étaient absolument propres. Ce fut la réponse de l’experte à une question en ce sens de Me Neerooa qui a montré des photos des pieds immaculés de la victime…
La police, plus particulièrement les enquêteurs de la Major Crime Investigation Team (MCIT), en ont pris pour leur grade avec ces révélations et certaines réponses fournies par la représentante du FSL aux questions de Me Neerooa. Les deux rapports du FSL qui se sont révélés déterminants pour conclure au meurtre de Kistnen auraient été négligés par la police. Elle aurait pourtant dû s’en servir, comme dans tous les cas de décès suspects.
Or, la MCIT ne s’est non seulement jamais enquis de ces rapports mais ne les a pas récupérés prompte- ment lorsque le FSL l’en a avisée. Le premier, qui concernait justement ces traces retrouvées sur Kistnen, était prêt dès le 19 janvier 2021. Mais la MCIT n’est allée le chercher qu’avant-hier, soit à la veille de la réouverture de l’enquête judiciaire. Le second rapport, prêt le 3 mai 2021, n’a été récupéré que le 1er juillet, soit après deux mois !
Ce second rapport concerne les traces d’ADN prélevées sur une paire de ciseaux retrouvée près du corps et un gant ramassé par une équipe menée par Me Rama Valayden et les proches de Kistnen. Bien que le FSL n’ait pu retrouver d’ADN correspondant dans sa base de données, il a pu déterminer qu’il appartient à un homme.
C’est pourquoi Me Neerooa a demandé et obtenu de la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath que la police, convoquée le même jour, procède à la collecte d’ADN de tous les suspects. Ce qu’a promis l’ASP Vikash Seebaruth après moult explications, qui n’ont pas trop convaincu, sur les raisons pour lesquelles la police ne l’a pas fait depuis le 1er juillet.
Quant au téléphone portable retrouvé sous le corps de Kistnen, aucun prélèvement n’a pu être effectué car il est en possession de l’IT Unit de la police depuis octobre 2020. On ne sait d’ailleurs rien sur les trouvailles éventuelles de l’IT Unit à ce propos. Quand Asha Auckloo a affirmé que le cellulaire était en bon état, un membre du public n’a pu s’empêcher de murmurer «Akoz samem zot pé gard téléfonn-la, pou gagn tou ransegman.» Et en extraire des vidéos et des photos ?
Le sac à dos du défunt n’a pas non plus été retrouvé. Même la photo du sac n’a pas été prise car le médecin légiste n’aurait pas donné les instructions dans ce sens au policier photographe, Kathapermal, qui est venu déposer en premier, hier.
Asha Auckloo a donné d’autres explications instructives à Me Neerooa. Pourquoi des morceaux de papier sont-ils restés coincés dans le poing serré de Kistnen ? Il est très difficile voire impossible de rouvrir un poing fermé d’un mort sans lui casser les doigts. Cet élément conduira Me Neerooa à obtenir une autre information importante : Kistnen était mort sur le coup, ce qui expliquerait le poing fermé.
L’ex-agent du MSM au n°8 était déjà mort quand son corps a été transporté par au moins deux personnes dans le champ de cannes à Moka. Ce qui étaye encore plus cette thèse c’est qu’aucune trace de lutte ni de chute n’a été découverte sur les lieux. Kistnen, dit Kaya, aurait donc été assassiné ailleurs avant que son corps ne soit jeté et brûlé.
L’autre témoin présent hier était la Dr Shaila Prasad-Jankee, médecin légiste qui s’était rendue à Telfair pour faire un premier constat. Pourquoi, lui a demandé Me Azam Neerooa, n’a-t-elle pas procédé à l’autopsie elle-même, comme le veut la pratique ? Explications plutôt confuses de Dr Jankee : «Cela arrive souvent que ce soit un autre médecin légiste qui effectue l’autopsie.» Qui lui a dit de laisser l’autopsie au Dr Ananda Sunnassee ? «Je n’ai pas reçu d’instructions en ce sens ni contraires…»
Elle sera aussi vague quand elle expliquera à Me Rama Valayden que c’est le policer Buchoo qui lui a dit que c’est un suicide. Ni si elle l’a cru. C’était avant que l’ASP Seebaruth promette qu’il reviendrait en cour le 18 août avec les résultats des tests ADN.
Rendez-vous donc le 18 août.
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