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La semaine décryptée

1 août 2021, 14:30

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La semaine décryptée

Lundi 26 juillet - Dulthumun pèse aussi lourd que le chef juge

Le Premier ministre, Pravind Kumar Jugnauth (PKJ), dépose au procès électoral intenté par le Travailliste Suren Dayal, s’est livré à un tas d’acrobaties verbales pour justifier l’instrumentalisation de la MBC en faveur du MSM lors des dernières élections générales.

Ainsi, PKJ a pris autant de distance que possible du directeur-général de la MBC, Anooj Ramsurrun, et de l’usage que fit le gouvernement de Somduth Dulthumun, un acteur «socio-culturel» en vue, pour s’attaquer à Navin Ramgoolam par le biais de l’unique chaîne de télévision publique du pays.

Quant à la nomination post-électorale de Dulthumun comme président du board du Museums’ Council, PKJ n’y voit aucune faveur à l’homme qui aurait fait basculer le verdict en faveur du MSM à 48 heures des élections générales en exploitant l’affaire Katori. Selon PKJ, la nomination de Dulthumun s’est faite selon le même principe qui l’a amené à approuver la nomination d’Asraf Caunhye aux fonctions de chef juge. En d’autres mots, Dulthumun et le chef juge sont logés à la même enseigne.

Mardi 27 juillet - Britam revient à la Une

Le rapport de la commission d’enquête sur Britam est déposé au Parlement. Présidée par l’ancien juge Bhushan Domah, celle-ci avait pour principal but d’établir comment la part d’actions de l’ancien conglomérat appelé British American Investments (BAI) dans une compagnie kenyane avait été adjugée à quelqu’un qui avait offert un prix bien inférieur à un autre.

En effet, malgré une offre sud-africaine d’achat à Rs 4,3 milliards, c’est à l’homme d’affaires Peter Munga du Kenya que les actions de Dawood Rawat furent vendues pour Rs 2,4 milliards, soit Rs 1,9 milliards de moins. Le gouvernement mauricien avait justifié cette décision par le fait que le Kenya ne voulait pas que des étrangers fassent l’acquisition de ces actions. Or, une fois les actions dans les poches de Peter Munga, ce dernier en a bien revendu des segments à des étrangers. Puisque le gouvernement ne s’est intéressé qu’à cette partie des actifs de la BAI, pourquoi pas une commission d’enquête sur les circonstances qui ont poussé le gouvernement Jugnauth post-2014 à démanteler la BAI ?

Tout comme la commission Britam a établi la responsabilité de décideurs comme Roshi Bhadain et Akhilesh Deerpalsingh et mis au jour une transaction douteuse de vendre pour dipin-diber une partie des biens de Dawood Rawat, on saura alors qui ont été derrière ces manœuvres de démantèlement et comment les avoirs ont été donnés à gauche et à droite. La vente de la clinique Apollo-Bramwell constituerait en elle-même un chapitre palpitant du rapport.

Mercredi 28 juillet - Sorciers du pays, attention !

L’express annonce l’arrestation par l’ICAC d’un guérisseur communément connu comme «sorcier» dans la société mauricienne. Cette arrestation d’un sorcier par l’agence de lutte contre la corruption a surpris bon nombre de Mauriciens qui croient que celle-ci existe à plusieurs niveaux et que des gens s’enrichissent de façon particulière et opaque.

Quand on parle d’enrichissement, on fait allusion depuis quelque temps aux constructions à l’endroit le plus prisé actuellement, c’est-à dire Au Bout du Monde, d’où on a une vue surprenante sur le port et l’océan. Un jour, les résidents seront les témoins privilégiés de l’arrivée à Port-Louis de bateaux de guerre et des tirs de canon subséquents, si jamais Maurice s’engage dans une guerre avec une surpuissance.

Malgré les manifestations d’extrême opulence chez certains, l’ICAC s’est intéressée à un sorcier de Morcellement St-André chez qui on a retrouvé une somme de Rs 665 000. L’homme sera poursuivi pour avoir enfreint la loi sur les avoirs non déclarés. Or, ce n’est pas l’ICAC mais la Mauritius Revenue Authority qui devait s’intéresser à ce cas. D’ailleurs, le pays devrait être reconnaissant au Pakistanais Sudhamo Lal pour avoir tiré Maurice du Moyen Âge dans le domaine de la ponction des richesses.

Suivant cette arrestation, on aurait raison de croire que les sorcières et sorciers du pays se mettraient à bien gérer leurs comptes et faire des entrées sur les achats de rhum blanc et de poules noires, les dépenses encourues sur des voitures utiles pour des déplacements vers des cimetières ou forêts et les divers accessoires utilisés dans l’exercice de leurs fonctions. Ils pourraient ainsi justifier leurs revenus par rapport aux dépenses encoures.

Ceux qui souffrent d’une baisse dans leur business en raison du Covid-19 pourraient toujours faire appel à la Mauritius Investment Corporation. L’ICAC vient d’établir un intéressant précédent en leur faveur tout en rehaussant leur profil comme acteur économique de premier plan.

Jeudi 29 juillet - On entre au PMO comme dans une boutique ?

Le témoignage en Cour suprême de deux super conseillers du Premier ministre dans le cadre de la pétition électorale a laissé pantois les Mauriciens.

Ken Arian, steward d’Air Mauritius devenu premier conseiller du Premier ministre, et Rudy Veeramundar, directeur du Government Information Service GIS et également membre du board de la MBC, ont été convoqués comme témoins. Leur nom a été mentionné par l’activiste Salim Muthy qui a affirmé comment à la veille des élections générales de 2019, ces hommes ont été impliqués dans une démarche pour faire croire aux victimes d’un compte spécial de BAI qu’elles seraient compensées par le gouvernement.

Ainsi, d’après ce qu’a raconté Ken Arian, on aurait l’impression qu’il est facile pour n’importe quel quidam d’avoir accès à l’intérieur du Prime Minister’s Office (PMO) et d’y circuler librement. C’est ainsi que Salim Muthy s’est retrouvé à l’intérieur sans y être invité. Qui plus est, il a pu suivre Ken Arian quand ce dernier s’est rendu au bureau du secrétaire financier Dev Manraj. En principe, Ken Arian a dû prendre un couloir souterrain hautement sécurisé pour se rendre chez Manraj. Et, lorsqu’il est arrivé au bureau de Manraj, il a «découvert» que Salim Muthy l’y avait suivi !

Quant à Rudy Veeramundar qui détient un record dans l’histoire de la fonction publique, il a tenté d’expliquer comment il ne s’est jamais ingéré dans les affaires internes de la MBC alors qu’il y siège comme membre du board et qu’il a fait l’objet d’une pétition signée par pas moins de 28 journalistes dénonçant ses manœuvres à la station de Moka.

Le record détenu par Veeramundar a été établi quand il s’est vu nommé, comme un outsider à la fonction publique, directeur-général du GIS, après qu’on a exercé des pressions faire partir le titulaire, un universitaire d’expérience et hautement qualifié.

Vendredi 30 juillet - Quand la 5G fait oublier le maharajah

Il est question d’une cérémonie au cours de laquelle Mauritius Telecom (MT) a lancé la téléphonie 5G. Dans un secteur marqué par la concurrence, celui qui lance un tout nouveau produit, avant les autres, marque certainement des points.

Mais il doit bien se préparer à la réplique de ses concurrents qui peuvent offrir un produit de meilleure qualité et à un prix inférieur. Mais il va certainement au crédit de Sherry Singh, grand patron de MT, d’avoir réalisé le coup 5G. Ce qui vient l’aider dans une certaine mesure à redorer son blason, suivant le désastre de com causé par son affirmation, en mars 2019, qu’il était de sang royal, descendant d’un roi en Inde.

Cette énorme bourde qui pourrait constituer un thème de dissertation pour un étudiant en communication lui valut des commentaires très méchants des Mauriciens qui parlèrent du vrai job de son papa, une fois arrivé dans l’île, au magasin Ramlagan dans les années soixante. On parla aussi des débuts de carrière du pauvre Sherry Singh. Il serait tout à fait honnête de reconnaître toutefois qu’exceptant l’imbattable et l’inégalable Megh Pillay, Sherry Singh mérite largement les fonctions que lui a confiées LaKwizinn.