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[VIDÉO] Agalega: Al Jazeera s’intéresse à l’archipel des secrets
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[VIDÉO] Agalega: Al Jazeera s’intéresse à l’archipel des secrets
Le sort d’Agalega continue d’interpeller sur le plan international. Une vidéo intitulée «Island of Secrets», diffusée mardi le 3 août et réalisée par l’Unité d’investigation d’Al Jazeera (I-Unit), montre, en quelques 16 minutes, comment l’archipel isolé est en train d’être transformé en un centre militaire névralgique pour la marine indienne, alors que la Grande péninsule étend son influence géopolitique vers l’Afrique. À l’aide de photos satellites, de données maritimes, de documents financiers et d’images d’Agalega, l’I-Unit montre comment un projet de construction a le potentiel de déraciner 300 résidents pour faire place à une installation militaire.
Selon les analystes militaires, les structures visibles à ce jour consistent en deux jetées navales et une piste d’atterrissage de 3 km suffisamment grande pour les avions de reconnaissance les plus avancés de l’Inde. L’équipe, qui comprend le réalisateur et journaliste d’investigation Yarno Ritzen, qui, d’ailleurs avait pris contact avec l’express en avril, dans le cadre de son enquête, fait ressortir dans la vidéo que depuis le début de la construction en 2019, l’Inde et Maurice ont nié qu’il s’agit d’une base militaire et affirment que leur objectif est simplement d’améliorer les infrastructures locales.
Cette investigation a, entre autres, tracé les mouvements du Glocem, un navire indien appartenant à une entreprise basée à Mumbai. Ce bateau est resté en haute mer à Agalega pendant six mois avant de rentrer en Inde en mai dernier. Avant son déplacement à Agalega il est resté plusieurs semaines au port de Visakhapatnam, où se situe également une base navale indienne, soit le quartier général de l’Eastern Naval Command. Sept autres navires ont fait la traversée Inde-Agalega jusqu’ici. «Il n’y a pas de véritable raison pour laquelle cette île serait développée autrement que pour un usage militaire», a déclaré, à Al Jazeera, Samuel Bashfield, chercheur à l’Australian National University.
Abhishek Mishra, chercheur associé à l’Observer Research Foundation de l’Inde, a confirmé qu’en coulisses, le personnel militaire indien a parlé de l’objectif du projet Agalega. «J’ai eu l’impression que la base sera utilisée pour l’accostage de nos navires et que la piste sera principalement utilisée pour nos avions P-8I», a soutenu M. Mishra, faisant référence à l’avion P-8I de l’Inde, conçu pour la reconnaissance maritime, la lutte anti-sous-marine, entre autres.
La vidéo d’Al Jazeera met, comme d’autres avant elle, en avant comment avec cette construction l’Inde se positionne comme un acteur majeur dans l’océan Indien, alors que sa rivalité avec la Chine en tant que puissance régionale et mondiale se réchauffe, en rappelant qu’en 2017, la Chine a ouvert sa première base militaire étrangère à Djibouti, dans la Corne de l’Afrique. Les journalistes donnent également la parole aux habitants d’Agalega, qui disent craindre de subir le même sort que les Chagossiens, déplacés de force pour faire de la place à la base militaire américaine de Diego Garcia dans les années 1960.
Toujours selon Mishra dans la vidéo, l’Inde ne déclare pas qu’il s’agit d’une base militaire pour des questions de souveraineté mauricienne. «Ce sont toutes des questions de sécurité nationale», a-t-il indiqué. L’Unité d’enquête affirme avoir contacté toutes les personnes impliquées dans cette enquête.
Le gouvernement mauricien a réaffirmé sa position selon laquelle «il n’y a pas d’accord entre Maurice et l’Inde pour installer une base militaire à Agalega». Il a ajouté qu’il utilisait le terme «base militaire» pour désigner «une installation détenue et exploitée par, ou pour, l’armée pour abriter du matériel et du personnel militaires, sur une base permanente et pour des opérations militaires».
Il a déclaré que les travaux de construction sur Agalega sont destinés à améliorer «les infrastructures inadéquates» de l’île, qui resteront «sous le contrôle des autorités mauriciennes et toute utilisation de celles-ci par un pays étranger sera soumise à l’approbation du gouvernement mauricien». L’île Maurice a également démenti les informations selon lesquelles des militaires indiens donneraient des ordres au gestionnaire de l’île et a déclaré que le gouvernement n’avait aucune intention de déplacer les personnes vivant sur Agalega.
Quant au ministère indien de la Défense et celui des Affaires extérieures, ils n’ont pas répondu aux sollicitations d’Al Jazeera. L’entreprise de construction AFCONS Infrastructure Ltd non plus.
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