Publicité
Angus Road: le «prêteur» de Pravind Jugnauth obtient des facilités de Rs 90 millions de la SBM
Par
Partager cet article
Angus Road: le «prêteur» de Pravind Jugnauth obtient des facilités de Rs 90 millions de la SBM
Selon la version de Pravind Jugnauth sur l’affaire Angus Road, Loganaden Govinden lui a indirectement prêté, en 2008, Rs 20 millions pour qu’il achète une partie de sa propriété d’Angus Road. Ce même prêteur est devenu, en octobre 2020, emprunteur auprès de la State Bank of Mauritius pendant le tournage de son film «Prisoners of Paradise». La garantie bancaire : le remboursement de l’État sous le «Film Rebate Scheme» et les droits du film…
«L’express» vous a révélé hier que Loganaden Govinden était présent à Maurice en octobre 2020. À l’époque, la société de production de cet homme d’affaires mauricien établi en Angleterre tournait le film Prisoners of Paradise à Maurice. Loganaden Govinden, c’est celui qui en 2001 avait payé Rs 20 millions à Bel Air Sugar Estate (BASE) pour un terrain de 7 023 mètres carrés à Angus Road, Vacoas. Jamais aucun titre de propriété n’a été rédigé à son nom, et, en 2008, c’est Pravind Jugnauth qui est devenu propriétaire du terrain. C’est un des fondamentaux du scandale «Angus Road». Et selon la version de Pravind Jugnauth, Govinden a bien payé BASE, mais il lui a remboursé ses Rs 20 millions de 2008 à 2013. Govinden, selon le Premier ministre, est donc un genre de «prêteur» pour lui.
Or, ce même prêteur peut aussi être un important emprunteur auprès de la banque où l’État est l’actionnaire majoritaire. L’express est en possession d’un contrat entre la SBM et AMG Film1 Ltd (dont l’unique actionnaire est Loganaden Govinden), signé le 20 octobre 2020, et qui octroie à la compagnie des facilités bancaires (prêts, cartes de crédit, overdraft) totalisant Rs 90 millions.
Selon la documentation en notre possession, la banque a d’abord inscrit les actifs de la compagnie comme garantie. Nos recherches pour les comptes officiels d’AMG Film1 Ltd ont cependant été vaines. La société fondée le 12 septembre 2019 n’a, à ce jour, soumis aucun compte au Registrar of Companies. Impossible, donc, de connaître le montant de ces actifs.
Autre garantie fournie par la compagnie de Loganaden Govinden : les droits intellectuels du film que sa compagnie était en train de tourner au moment où le contrat est signé, Prisoners of Paradise. Un éventuel problème pourrait surgir ici : Romesh Gunesekera, un grand écrivain sri lankais et auteur du roman The Prisoner of Paradise publié à Londres, s’était, dans les colonnes de l’express le 22 octobre 2020, plaint du non-respect de ses droits d’auteurs. Il était à l’époque en discussions avec son avocat pour connaître la marche à suivre.
En revanche, la SBM semble avoir été bien inspirée en exigeant une troisième garantie : le remboursement sous le Film Rebate Scheme, un programme de remboursement de l’État aux producteurs audiovisuels. «Cette somme couvre facilement la totalité des facilités bancaires», nous assure une source non-officielle à la SBM, qui ajoute qu’AMG Film1 Ltd a bien entrepris ses remboursements auprès de la banque.
Nous avons écrit à la SBM hier pour obtenir une confirmation officielle. Une autre source non-officielle à l’Economic Development Board (EDB) nous explique qu’avant même le début du tournage du film (ainsi avant que l’emprunt ne soit contracté), AMG Film1 était assurée de bénéficier du Film Rebate Scheme.
L’EDB a-t-il déjà commencé à décaisser ? «La procédure est en cours», nous répond notre source.
Le notaire du PM parle à «l’express»
<p>Govinden paie Rs 20 millions pour un terrain en 2001 (sans qu’il n’y ait aucun transfert de propriété) et Pravind Jugnauth en devient le propriétaire en 2008. Si ces deux hommes sont au centre du scandale aux côtés de la société <em>Bel Air Sugar Estate </em>(BASE, le vendeur), un autre, plus discret jusqu’ici, a accepté de parler à l<em>’express</em>. Il s’agit du notaire Jérome Koenig. C’est lui qui rédige l’acte de vente où il est stipulé que<em> Bel Air Sugar Estate</em> «<em>affirme avoir reçu et touché des acquéreurs la somme de Rs 20 millions</em>». Or, on le sait, et même Pravind Jugnauth l’a concédé, c’est Loganaden Govinden qui a payé BASE. N’est-ce pas là une faute du notaire ?</p>
<p>De surcroît quand Pravind Jugnauth prétend avoir signé devant ce même notaire une reconnaissance de dettes envers Govinden (document qu’il n’a pas circulé cependant) pour les Rs 20 millions que Govinden a payées.</p>
<p> La question qui lui a ainsi été posée est celle-ci : «<em>Est-ce normal que, d’une part, l’acte de vente dressé en 2008 portant la référence TV7028/22, ne fasse pas mention du prêt – tel qu’expliqué par M. Jugnauth lui-même le 27 novembre 2020 – de Rs 20 millions contracté par M. Jugnauth auprès de M. Govinden pour financer l’acquisition de 7 023 m2 à Angus Road, alors que selon M. Jugnauth, c’est par-devant vous-même qu’il aurait signé un acte où il reconnaîtrait, en 2008 même, cette même dette, et que d’autre part dans ledit acte de vente que vous rédigez, Bel Air Sugar Estate en tant que vendeur affirme avoir reçu et touché des acquéreurs la somme de Rs 20 millions»</em> alors que techniquement il est établi, et reconnu publiquement par M. Jugnauth lui-même, que c’est M. Govinden, et non les acquéreurs (le couple Jugnauth), qui avait payé, sept ans plus tôt, la somme au vendeur ou possiblement à un de ses actionnaires ?»</p>
<p><strong>La réponse de Jérome Koenig : </strong></p>
<p><em>«Étant tenu par le secret professionnel, je ne peux rien vous révéler concernant les affaires précises de mes clients. Par contre, de manière générale, il est tout à fait courant et tout à fait légal qu’un acte de vente ne fasse nullement mention du prêt contracté par l’acquéreur.»</em></p>
<p> </p>
<p><strong>Nos questions à la SBM</strong></p>
<p>Ce n’est qu’en début de soirée hier que nous avons écrit à la SBM. La rédaction concède le court délai accordé et s’engage à publier in toto les réponses que nous obtiendrons. Nous reproduisons, en attendant, l’e-mail envoyé à la direction. We are running a story in tomorrow’s papers about a Rs 90 million facility granted by SBM (the Bank) to AMG Film1 Ltd (the Company) in October 2020. I am, in the public interest, putting the following questions to the Bank:</p>
<p>• 1. Did the company use the full amount of facilities offered?</p>
<p>• 2. How is the loan performing in terms of scheduled repayment instalments?</p>
<p> • 3. The company has only been incorporated in September 2019 and I am made to understand that no account has yet been filed at the Registrar of Companies. Isn’t pledging the goodwill, stocks, movable and immovable properties a risky charge? • 4. Given that it is publicly known that there is a dispute regarding the intellectual property rights of the movie Prisoners of Paradise (https://www.lexpress.mu/article/384097/lauteur-roman-prisonerparadise-parle-non-respect-droits), isn’t pledging royalties from intellectual property rights related to the said movie a risky charge?</p>
<p>• 5. Since the receivables from EDB (75% under the film rebate scheme) is part of the floating charge secured by the Bank, may we know if that sum has been paid by the EDB and hence secured (if it were necessary) by the Bank? Public interest is hereby invoked under the following circumstances:</p>
<p>1. The sole shareholder of the Company is Mr Loganaden Govinden a public figure who is known to have -– as per the Prime Minister’s press conference held on 27th November 2020 – lent the Prime Minister Rs 20 millions in 2008.</p>
<p>2. The Government of Mauritius, led by the same Prime Minister, is the majority shareholder of the Bank.</p>
<p> We apologize for the late notice. Rest assured that, should the Bank’s reply be emailed beyond my printing deadlines tonight, these replies will be published intoto online on Friday and in Saturday’s papers.</p>
Publicité
Les plus récents