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Réseau criminel: Rodrigues secouée par une affaire de pédopornographie
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Réseau criminel: Rodrigues secouée par une affaire de pédopornographie
La tranquillité de Rodrigues est perturbée par une affaire de pédopornographie et des ébats impliquant des adultes, dont des fonctionnaires, filmés sur téléphone portable. Une proche d’un membre du gouvernement régional serait une victime. La police, qui enquête en toute discrétion, a déjà arrêté cinq personnes.
Viol. Sodomie . Mineurs. Omerta. Une équipe restreinte de la Criminal Investigation Division a été constituée, dit-on, avec uniquement quelques policiers afin d’éviter toute fuite sur une affaire de pédopornographie et de vidéos sexuelles d’adultes via téléphone portable. D’une part, les autorités ne veulent pas que des informations concernant des mineurs se retrouvent sur la place publique. D’autre part, une adolescente proche d’un membre du gouvernement de Rodrigues en serait une victime. Sa mère aurait eu une rencontre avec le chef de la police de Rodrigues pour que l’enquête soit menée en toute discrétion et pour qu’aucune vidéo ne fuite.
Toute l’affaire a commencé quand un ex-cameraman de la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC) de Rodrigues a porté plainte pour le vol de son téléphone portable au début du mois. Il a balancé le nom d’une mineure qu’il soupçonnait d’avoir pris son téléphone. Les policiers ont récupéré le portable avec cette fille. Lors de son interrogatoire, elle a affirmé qu’il y aurait des vidéos d’elle sur le téléphone. Effectivement, en analysant l’appareil, les policiers sont tombés sur des vidéos pédopornographiques ou encore des adultes en pleins ébats.
D’après certaines informations non vérifiées, une centaine de vidéos à caractère pornographique auraient été découvertes, dans lesquelles, dit-on, des fonctionnaires (hommes et femmes) et d’autres adultes sont impliqués dans des actes sexuels, souvent avec des mineurs, ou d’autres adultes. La police soupçonne qu’il s’agit d’un réseau et que des adultes filment leurs actes pour les partager entre eux. Elle a même des soupçons de prostitution infantile. Toujours selon certaines informations, dans une des vidéos, il y aurait deux jumelles de dix ans avec un homme. La Child Development Unit a pris en charge les enfants pour comprendre ce qui s’est passé. La mère a également été entendue.
Dans le cas du ex-caméraman de la MBC, une fille de 18 ans a également porté plainte contre lui pour sodomie durant la semaine. L’élève a affirmé à la police que l’acte s’est produit une première fois dans un buisson, en mai, et, la deuxième fois, à la plage de Pointe Coton, le 24 juillet. La fille, qui habite au centre de Rodrigues, a également porté plainte pour le même délit contre un homme de 21 ans. Celui-ci l’aurait sodomisée le même jour, le 24 juillet, à Malabar. Une autre femme de 25 ans a également porté plainte contre l’ex-employé de la MBC pour attouchement et agression sexuelle notamment. Elle a affirmé que l’acte aurait été filmé.
La police a déjà arrêté cinq personnes. Les suspects sont accusés de viol, de sodomie, de «dealing with obscene matters» et de «causing child to be sexually abused». D’autres arrestations sont à prévoir.
Les enquêteurs tentent de savoir s’il y a un lien entre cette affaire et une photo postée sur Facebook le mois dernier. Un chauffeur d’un membre de l’Assemblée régionale avait posté par «inadvertance» sa photo à côté d’une femme nue, sur les réseaux sociaux, pendant un court instant. Cependant, plusieurs internautes avaient eu le temps de télécharger l’image sur laquelle la femme nue dormait ou était dans un état second. Après cet incident, elle aurait déclaré à qui veut l’entendre, «pou ena lot film, me pa mwa ki pou aktris».
Du côté de la police, le surintendant Vijay Russeeawon, un des enquêteurs, a tenu une conférence de presse, lundi, aux côtés de Franchette Gaspard-Pierre Louis, la commissaire de la Femme, de la famille et des droits de l’enfant. Ce haut gradé de la police a confirmé un réseau opérant dans l’île. «Nous avons mis en lumière un réseau qui opère depuis quelque temps en commettant des délits sexuels dans lesquels des mineurs sont concernés. Plusieurs accusés sont impliqués et ont été arrêtés. Nous prenons cette affaire très au sérieux. Des charges provisoires ont été logées contre eux et l’enquête continue.» Pour la police, l’enquête ne fait que commencer.
Des parents inquiets
<p>Des parents ne comprennent pas pour quelle raison la police ne communique pas davantage sur cette affaire. <em>«Rodrigues est petite. Tout le monde fréquente tout le monde. On aurait aimé savoir si nos enfants ont côtoyé un des suspects pour qu’on puisse leur demander s’ils ont été victimes d’attouchement ou autre agression»,</em> déclare le président d’une <em>Parents Teacher’s Association</em> d’une institution scolaire. Il affirme qu’une mère lui a confié que sa fille fréquente une des victimes. <em>«Sa fille l’a rassurée qu’elle n’est pas concernée. Mais si, au moins, la police trouvait un moyen pour identifier les potentielles victimes, les parents pourraient aborder le sujet avec les enfants car, par frayeur, ils pourraient nier.»</em> Ce parent affirme que tout le monde en parle, mais peu d’informations sont disponibles.</p>
Hers appelle à dénoncer les actes pédophiles
<p>Les membres de l’association Hers Rodrigues, qui milite pour l’émancipation et les droits de la femme, tiennent une conférence de presse ce matin à Rodrigues. Stivelle Castel, la secrétaire, affirme que tout le monde sait qu’il y a un problème à Rodrigues, mais avec l’avènement de la technologie, les choses se sont empirées. <em>«Beaucoup de personnes disent qu’elles savaient qu’untel est intéressé par des jeunes filles ou que des jeunes filles sortent avec des hommes plus âgés, mais il faut arrêter de penser que c’est normal. Il faut les dénoncer. Si vous avez peur, contactez-nous, on fera le nécessaire.» </em>Elle appelle aussi la population à arrêter de blâmer les adolescentes. <em>«C’est un âge où les hormones sont actives. Elles n’ont pas la mentalité d’adulte encore, elles ne peuvent pas juger. Il faut arrêter de dire : zot in rodé! » </em>Hers Rodrigues demande aussi aux parents d’oser parler de la sexualité avec leurs enfants. Stivelle Castel affirme qu’il faudra briser ce tabou et que l’école doit continuellement mener une campagne de sensibilisation auprès des jeunes.</p>
L’ampleur du scandale inquiète le gouvernement régional
<p>Devant l’ampleur de cette affaire, la commissaire Franchette Gaspard-Pierre-Louis a convoqué la presse lundi pour demander la collaboration des parents. <em>«C’est une situation assez préoccupante, surtout par rapport à la mauvaise utilisation de l’internet et des réseaux sociaux. Des images choquantes, dégradantes et méprisantes ont circulé, mettant en avant des jeunes filles et des femmes rodriguaises dans des postures inconvenantes.»</em> Elle ajoute qu’il faut tout dénoncer. <em>«Nous avons eu des discussions avec le chef de la police. Quand nous mesurons l’impact et l’étendue de ces mauvaises pratiques, c’est ahurissant. C’est pourquoi nous invitons la population à fournir des informations qui aideront à faire progresser l’enquête policière et à dénoncer toute pratique anormale qui passe sur les réseaux sociaux.»</em></p>
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