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Jacqueline Elie: «Je remercie mes agresseurs de m’avoir laissée en vie»
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Jacqueline Elie: «Je remercie mes agresseurs de m’avoir laissée en vie»
La directrice d’une entreprise de pompes funèbres a été attaquée par deux hommes en rentrant chez elle il y a deux semaines. Ses assaillants arrêtés en fin de semaine, elle raconte comment elle a pu s’en sortir ce jour-là.
Pas de haine, mais de la compassion. «Quand je reverrai mes agresseurs, je les remercierai de m’avoir laissée en vie», confie Jacqueline Elie. La directrice d’Elie & Sons, âgée de 71 ans, a été agressée devant son domicile à Albion le vendredi 23 juillet. Une quinzaine de jours après, alors que les deux agresseurs ont été arrêtés en fin de semaine, celle que nous avons rencontrée revient sur l’incident…
Son leitmotiv : Dieu. Jacqueline Elie est persuadée que ce jour-là, c’est sa foi qui l’a sauvée. Il était 13 h 30 lorsqu’elle est arrivée chez elle. En ouvrant la porte, elle a senti quelqu’un tirer sur son sac. Au début, la septuagénaire a cru que c’était son fils qui plaisantait. «Je lui ai dit ‘Ah tonn fini ariv la tou ?’» Mais en se retournant, c’était un choc.
Deux inconnus étaient derrière elle. Elle ne les a même pas entendus s’approcher. Ils étaient armés de couteaux. «Là, ils arrachent ma chaîne, mes deux bracelets et ma gourmette». Paralysée, elle n’a pas su lorsque son sac a été arraché de son épaule. Son chauffeur a tenté de s’interposer, mais face aux armes tranchantes, il a dû battre en retraite. «En plus, dans mon sac, il y avait tout. Mon téléphone, les cartes bancaires», soupire Jacqueline Elie.
Mais loin de se lamenter, elle est reconnaissante. «Je prie tous les jours avant de quitter la maison. C’est Dieu qui m’a protégée ce jour-là. J’en suis persuadée.» Jacqueline Elie explique que dans la matinée, elle avait de l’argent dans son sac, mais l’a utilisé pour faire des paiements et s’est dit qu’elle passera à la banque après. Chose qu’elle n’avait pas encore faite au moment de l’agression.
Puis, elle avait aussi oublié ses clés. «Je rentre par le portail. Avant d’arriver à la maison, j’ouvre avec la télécommande et la voiture entre directement», explique-t-elle. Mais comme elle n’avait pas son trousseau, elle a dû passer par une autre petite porte. «Si j’avais ouvert le portail, ils m’auraient suivie pour entrer dans la maison. Là, cela aurait été plus grave.»
Puis, alors que ses agresseurs arrachaient ses bijoux, l’un d’eux a dit «Get sa kantite bag la !» et était sur le point de les prendre. Sans savoir où elle a eu la force, elle a simplement répliqué : «Prenez, mais par pitié, respectez mon alliance». «A ce moment, il a reculé et est parti», se souvient-elle. Au-delà de la valeur financière des bijoux perdus, c’est la valeur sentimentale qui lui fait le plus de peine. Son bracelet, par exemple, était un cadeau de sa belle-mère. Ou encore son porte-monnaie, qui était un cadeau de sa sœur.
L’autre miracle, dit-elle, est qu'un des suspects s'est rendu à la police après deux semaines. Là, Jacqueline Elie s’arrête. «Lorsque je vous dis que je prie, je prie pour tout le monde. Ma famille, mes employés, même les voleurs», affirme-t-elle. Et ses agresseurs ? Pour eux aussi. «Quand je vais les revoir, je vais leur dire que Dieu m’a protégée. Et les remercier de m’avoir laissée en vie pour ma famille.» Au passage, elle précise que même s’ils étaient armés, ils n’étaient pas agressifs. Dans la foulée, elle fait une confidence. Juste derrière la petite porte où elle a été agressée se trouve sa grotte. «La Vierge m’a protégée de son manteau. Il n’y a pas d’autres explications», ne cesse-t-elle de dire.
«Prenez, mais par pitié, respectez mon alliance.»
Pas d’amertume, pas de rancune. D’où puise-t-elle le courage ? La foi, répète-t-elle. Et la famille. D’ailleurs, le jour de l’agression, relate Jacqueline Elie, elle avait prévu un dîner en famille pour l’anniversaire de sa belle-fille. Tout le monde voulait annuler. «Mais j’ai insisté. Nous sommes partis dîner, et tout le monde a passé un bon moment. Je dois être forte pour ma famille.»
Malgré le courage, les contrecoups de l’agression se sont quand même installés le lendemain. Le stress, les démarches à la banque, l’administration pour refaire les cartes d’identités. Avant de dormir, elle revivait la scène dans sa tête. Puis, son caractère de fer a vite repris le dessus. La directrice d’entreprise s’est dit que finalement, elle s’en est pas mal sortie car une amie à elle, qui avait été agressée aussi, s’était fracturé les épaules. «Et j’ai eu énormément d’appels de la famille et des amis qui m’ont soutenue. Cela a été très réconfortant. Je ne peux pas me plaindre.» Quant à la police, elle s’est montrée très coopérative.
Cependant, même si Jacqueline Elie s’en remet, elle ne cache pas qu’elle a quand même changé quelques habitudes. Déjà, elle a développé une peur des motos. Lorsqu’elle marche dans la rue avec Roger Elie, c’est lui qui porte désormais son sac. Elle ne rentre plus à la maison seule non plus, elle attend que son mari ait fini le travail et rentre avec lui. Elle ne sort plus avec un gros sac, elle fait bien attention avant de descendre de sa voiture. Et son entourage fait bien attention à elle aussi. «Lorsque je vais chez ma coiffeuse par exemple, elle me reconduit à ma voiture.»
S’il y a une chose qu’elle souhaite voir changer dans la région où elle habite, c’est la desserte par le transport public. Elle estime que malgré tout, elle a eu de la chance. Mais à Albion, en journée, il n’y a absolument aucun mouvement. «Imaginez un instant l’état d’esprit des employées de maisons qui doivent marcher seules sur des kilomètres. Ce n’est pas normal. Il faut qu’elles soient en sécurité. Il faut des patrouilles et des bus», souligne-t-elle.
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