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Air Mauritius - Congé sans solde à 18 pilotes: «Je suis coincé, sans travail et sans argent»

10 août 2021, 12:00

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Air Mauritius - Congé sans solde à 18 pilotes: «Je suis coincé, sans travail et sans argent»

Jusqu’à cinq ans de congé sans solde à partir du 1er septembre. Recrutement par ordre d’ancienneté sous un nouveau contrat qui sera régi par des modalités et conditions en vigueur dans l’entreprise à ce moment précis dans l’éventualité d’une reprise des activités durant cette période. Prise en compte des années de service accumulées au sein d’Air Mauritius (MK). Quant à ceux qui ne seront pas rappelés au terme de cet accord, leur contrat sera considéré comme ayant pris fin d’un commun accord, sans qu’aucune responsabilité ne soit encourue ou qu’aucune compensation ne soit due ou payable par la compagnie. Tel est le sort des 18 pilotes menacés de licenciement après la vente des A319 et A340 de MK. Un sort scellé entre le tandem d’administrateurs et la Mauritius AirLine Pilots Association (MALPA), samedi, que Sattar Hajee Abdoula et Arvind Gokhool se sont d’ailleurs précipités de communiquer.

D’une part, l’accord perçu par certains comme une sorte de garantie à la place d’un limogeage pur et simple sans indemnité aucune, donne à ces derniers, de l’espoir. «Cinq ans, c’est long mais de ce que j’ai compris, je ne devrais attendre que deux ans maximum. L’aviation va redémarrer bientôt et MK va me reprendre en un rien de temps. Je suis confiant», semble s’en convaincre l’un des 18 pilotes concernés.

Aucune garantie

D’autre part, les réactions toujours parmi ceux directement liés sont très mitigées. Parmi les premiers commentaires qui ont fusé suivant l’accord, l’on retient celui-ci : «Je ne vois pas comment mes collègues ont pu accepter cela. Cinq ans de congé sans solde sans aucune garantie après les cinq ans alors que selon mon contrat, j’ai droit à six mois de salaire en cas de résiliation de mon contrat. En outre, MK me doit beaucoup d’argent en termes d’impayés, somme qu’elle aurait dû me verser avant de mettre fin à mon contrat. Maintenant, je n’aurai rien. Pas d’emploi et aucune garantie. C’est un très mauvais deal.»

Ce même interlocuteur estime également que l’accord aurait dû contenir une clause stipulant que MK ne peut embaucher de nouvelles recrues pendant les cinq prochaines années, soit tant qu’il y aura des employés en congé sans solde. Un autre pilote est d’avis qu’il aurait mieux fallu leur payer l’indemnité de départ (severance allowance) et les reprendre plus tard lorsque la compagnie aura à nouveau besoin d’eux, étant donné que, de toutes les façons, ils seront repris sous de nouveaux contrats et conditions.

«Là, ils n’auront même pas droit au workfare programme. L’accord a l’air d’avoir été fait pour redorer le blason des administrateurs qui s’en sortent en héros alors que les pilotes repartent les mains vides.»

Un autre déçu raconte qu’il était contre les cinq ans de congé sans solde qu’il trouve excessif. «L’offre était que nous devions tous donner notre accord. Je me suis senti sous pression. J’avais l’impression de ne pas avoir le choix. J’aurais préféré prendre l’argent pour survivre jusqu’à la réouverture de l’aviation et aller chercher un emploi ailleurs. Mon contrat stipule que MK me doit six mois d’impayés. Mais le syndicat dit que cela ne s’applique pas. Je ne comprends toujours pas pourquoi. Et si jamais les choses reprennent, je peux toujours à nouveau postuler chez MK. Maintenant, je suis coincé sans travail et sans argent.»

Accueil de 650 000 touristes

À un autre qui se souvient encore comment au début de la mise sous administration volontaire l’année dernière, les pilotes se sont faits bernés en acceptant de rendre caduc leur Memorandum of Understanding sans aucune garantie en retour, de se demander si les pilotes ne se sont pas fait avoir une nouvelle fois avec 18 d’entre eux se retrouvant tôt ou tard à la porte sans aucune indemnité en retour. Cela, comme le souhaitent les administrateurs dans leur demande formulée au Redundancy Board.

En tout cas, chacun des concernés y va de son lot de commentaires. Un pilote qui a de nombreuses années d’expériences au sein de MK veut, lui, connaître la part que jouera le transporteur national avec l’objectif des autorités d’accueillir 650 000 touristes en 12 mois.

«Au lieu d’envoyer les pilotes au Redundancy Board et d’énoncer le nombre de licenciés de cinq compagnies étrangères qui date d’un an de cela, pourquoi les administrateurs ne parlent-ils pas du plan de cette compagnie pour les prochains trois ou six mois ?», fustige-t-il.

Il ajoute, par ailleurs, qu’il ne comprend pas pourquoi 18 Mauriciens sont visés, «alors que, d’une part, on sait très bien que la compagnie va recruter des pilotes à nouveau pendant la reprise» et «d’autre part, alors que MK a autant, voire plus d’expatriés toujours en poste dont certains qui ont vu leur permis être renouvelés en pleine crise».

Pour lui, des expatriés, dont certains avec une licence européenne, ont plus d’opportunités de retrouver du travail alors que les Mauriciens ne peuvent compter que sur leur licence mauricienne. Il conclut que bon nombre des 18 pilotes n’ont pas demandé à être sur les avions qui ont été vendus.

«C’est MK qui les a mis dessus. Sans compter que la compagnie a dépensé une fortune pour leur formation. C’est complètement aberrant de jeter tous ces investissements par la fenêtre !»

À noter que seule la MALPA fait état, dans son communiqué émis samedi, du fait que MK a agréé de ne recruter aucun pilote externe dans le but de s’assurer que ces 18 pilotes reprennent du service en priorité.

21 jours en centre de traitement pour un «cabin crew» positif au Covid-19

Il a été testé positif au septième jour de son auto-isolement, la semaine dernière. Ce membre du personnel navigant de MK qui était de service sur le vol MK 218 du 26 juillet, a, depuis, été conduit dans un centre de traitement.

Du côté de MK, l’on affirme que le protocole veut que l’employé passe 21 jours dans le centre de traitement avec un test PCR aux jours 0, 7, 14 et 21. Après cela, il devra s’autoisoler pendant sept jours supplémentaires. «Par la suite, le médecin de l’aviation fera le suivi avec la personne concernée», soutient un préposé autorisé.

Qu’en est-il des autres membres du personnel navigant qui étaient sur le même vol que l’employé infecté ? D’autant qu’ils ont reçu l’autorisation de mettre un terme à leur auto-isolement après avoir été testés négatifs. «Le protocole du ministère de la Santé s’applique pour le ‘contact tracing’», réplique-t-on du côté de MK.

Rappelons qu’avant ce cas, trois pilotes de la compagnie aérienne avaient été dépistés positifs. Un premier le 25 janvier et deux autres de retour de formation sur un simulateur de vol à Toulouse et qui ont pris l’avion en tant que passagers à Paris pour Maurice, le 25 juillet.