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Résultats du SC: la réussite des candidats largement à la hausse
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Résultats du SC: la réussite des candidats largement à la hausse
«Les résultats sont bien meilleurs comparés à ceux attendus. C’est dans l’intérêt des enfants mauriciens qui peuvent reprendre leur chemin après le Covid-19. Partout, on voit que tous les élèves ont bien travaillé. Dans mon établissement, le taux de réussite est de 99,9 %. Les données changent avec la considération spéciale de Cambridge. Cela a énormément influé sur le taux de réussite», déclare Yugesh Panday, membre de l’exécutif de l’Union of Rectors and Deputy Rectors of State Secondary Colleges. Constat partagé par le recteur du collège St-Esprit de Rivière-Noire, Lindsay Thomas. «En 2019, le taux de réussite était d’environ 30 %. Pour la présente cuvée, nous avons atteint 51 %. Il se peut que la correction ait été adaptée.»
Au collège Mootoocoumaren Sungeelee, le taux est passé de 37,8 % en 2018 et 41,3 % en 2019 à 88,5 % en 2020. L’établissement pourra ainsi renouer avec l’enseignement du HSC après plusieurs années. Au Camp de Masque SSS, le taux est passé de 55 % to 85 % et pour la première fois, un élève a décroché six unités. Beaucoup d’écoles régionales comme le Camp de Masque SSS et le Sangeelee SSS ont vu une bonne progression de leur taux de réussite. Au Bel Air SSS, le nombre d’élèves éligibles à la promotion en Grade 12 est passé de 16 à 56.
Alors que la performance générale des collèges de Maurice et de Rodrigues est attendue du Mauritius Examinations Syndicate (MES), en 2019, le taux de réussite était de 70,93 %, avec 15 419 candidats. En 2018, 15 374 candidats y avaient pris part et 71,51 % avaient réussi. En 2017, 71,59 %, des 15,352 candidats avaient réussi. Notons que les filles affichaient une meilleure performance que les garçons par un écart d’environ 4 %.
«Pas les mêmes chances»
Pour la cuvée 2020- 2021, le score est encore plus élevé. L’United Deputy Rectors and Rectors Union confirme d’ailleurs que le taux de réussite et de cinq credits est supérieur dans la plupart des collèges régionaux de la zone 2, Beau- Bassin–Rose-Hill et l’Est, indique le président Harish Reedoy. D’ailleurs, selon Yugesh Panday, dans son établissement, 103 des 114 candidats ont obtenu au moins cinq credits. Plusieurs pédagogues abondent dans ce sens. «Dans la zone 1 : Port-Louis-Nord, les trois académies : collège Royal de Port-Louis, collège Droopnath Ramphul et GMD Atchia ont obtenu 100 % sur les 23 établissements qui y figurent», confie l’un d’eux.
Oral d’anglais : score attribué sans examen
Cela dit, certains s’interrogent sur les scores obtenus sur l’oral d’anglais alors que l’épreuve a été annulée avec la pandémie, à l’exemple de Neeteshraj Sewpal, recteur du Curepipe College qui affiche un taux de réussite de 90 % contre environ 65-70 % en 2019. «Certains élèves n’ayant pas eu un credit en anglais ne comprennent pas comment ils ont obtenu un score pour l’oral alors qu’il n’y avait pas d’examen. Beaucoup de parents nous interrogent et pensent que leurs enfants ont été pénalisés à cause de la note en oral. On doit avoir des éclaircissements», indique-til. Une dizaine de candidats sont concernés par cette situation qui pourrait entraver la promotion en Grade 12.
De son côté, rectrice et manager de Full-Day Sumputh Secondary School, Reshma Ramchurn, s’inquiète du sort des recalés. «Définitivement, l’exigence des cinq credits joue contre beaucoup. Chaque enfant n’a pas les mêmes chances. Même si les autorités ont étendu l’année scolaire, plusieurs ont souffert psychologiquement et face au manque d’accès aux technologies. Il y a eu un débalancement qui a affecté les jeunes.»
Selon elle, environ 12 000 étudiants ont échoué ou n’ont pas obtenu les cinq credits au SC l’an dernier. Annuellement, l’établissement accueille une centaine qui reprennent leur scolarité. Ce qui implique qu’une bonne partie des recalés restent sur le pavé s’ils refusent un resit, une formation technique ou sont privés d’opportunités d’emploi. «Quel emploi décrocheront- ils à 16/17 ans ? Sans expérience et maturité, ils se heurtent à un mur, contrairement à ceux des années 1990 qui avaient le sens des responsabilités. Dans la génération actuelle, les jeunes ne seront pas considérés professionnellement. Les prendra-t-on comme helpers, apprentis ? Bien sûr, la capacité académique n’est pas l’unique critère mais il faut leur permettre d’exceller dans tous les domaines et de gagner en expérience», encourage-t-elle. Même pour progresser en filière technique, le fait que certaines formations avancées ne soient accessibles qu’avec cinq credits, courtcircuite toute chance d’intégrer un emploi.
Performance remarquable
<p>Ils sont aux anges, satisfaits de leur performance. Des élèves ayant pris part au SC ont confié leurs impressions à chaud après avoir consulté leur résultat en ligne. Ils ont bossé dur et sont fiers du devoir accompli.</p>
<p>Kasish Pem, Sookdeo Bissondoyal State College. Il a récolté six unités. Pour le <em>Higher School Certificate </em>(HSC), il choisira les mathématiques, la physique et les computer studies comme matières principales. ll est satisfait de son travail assidu. <em>«Je m’attendais à ce résultat. Mes parents sont fiers et super contents. Merci à eux, à ma soeur et mes professeurs pour leur soutien inconditionnel.» </em>Paranjothi Moorghen, qui fréquente également le Sookdeo Bissondoyal State College, nous confie que tous ses camarades de classe ont obtenu les cinq crédits cruciaux pour monter en grade 12. Lui, il en a récolté précisément six. <em>«J’ai eu un A+ en mathématiques, en additional mathematics, en chimie, physique, en français et en tamil et un A en anglais et en design»</em>, nous explique l’élève. À la rentrée, il optera pour les mathématiques et les deux sujets scientifiques. </p>
<p>Au<em> </em>Saint Mary’s West, la surprise est venue de la jeune Laurie Bontemps, 18 ans. Cette habitante de Petite-Rivière s’est rendue à son école pour voir ses résultats et elle a été agréablement surprise d’apprendre qu’elle avait réussi. <em>«Kan monn arive profeser dir mwa pankor gagn mo rezilta monn per e zis apre enn miss dir mwa felisitasion mo rasire»</em>, relate-t-elle. Pour elle, c’est le fruit du travail acharné. <em>«Laurie fait la fierté d’une famille de trois enfants. Elle compte continuer sur le même élan et faire la fierté de sa famille.»</em></p>
<p>Yusuf Nuseeb fréquente le collège<em> </em>Sir Abdool Razack Mahomed SSS à Port-Louis. Il a récolté sept unités. L’élève précise que sans la discipline, il n’aurait pas pu faire une performance aussi remarquable. <em>«J’ai dû travailler dur, faire des révisions et beaucoup pratiquer»</em>, confie-t-il. <em>«Avec l’aide de mes amis, surtout Jibraan Goolamally, et de mes professeurs et du recteur, j’ai réussi à obtenir un bon résultat.» </em>Il prendra les mathématiques, la physique et <em>design and technology</em> comme matières principales pour le grade 12. </p>
<p><a href="https://www.lexpress.mu/article/397923/resultats-sc-double-joie-pour-bhujun" target="_blank">Yuvraj Bhujun</a> a également réussi brillamment à ses examens. Cet élève du collège Royal de Port-Louis, habitant New Grove, a obtenu six unités. Yuvraj Bhunjun s’attendait à réussir à ses examens.<em> «J’ai fait beaucoup de sacrifices. Je m’attendais à de bons résultats mais l’attente était quand même assez stressante. Chaque minute était un peu comme une éternité. Mais je suis content à présent»</em>, confie Yuvraj Bhunjun. Sa famille affiche la satisfaction. Après le benjamin Aditya qui a réussi aux examens du<em> Primary School Achievement Certificate </em>(PSAC) 2020/2021 avec cinq unités, voilà que leur aîné leur apporte une autre bonne nouvelle. </p>
<p>À Union Park chez la famille Ramiah, c’était la joie. En effet, la surprise est venue de la petite Eisha, 16 ans. Cette dernière, qui fréquente le collège Queen Elizabeth à Rose-Hill, s’est démarquée en décrochant 8 A+. Résultat que sa mère Amrita Ramiah accueille avec beaucoup de fierté. <em>«Mo extra kontan pou mo tifi depi lepok li pe travay. Mo rappel li ti sorti lekol pe strese mo ti dir li pa fatig latet tou pou pass bien»</em>, explique Amrita Ramiah. Eisha, quant à elle, explique que c’est le fruit de longues années d’études.<em> «Je révisais dans le bus en route pour l’école et même dans la voiture de mon père quand il m’emmenait à l’école. Je ne vais pas dire que je m’attendais à ce résultat mais de voir cela c’était wow. J’ai même pleuré en voyant mes résultats en ligne»</em>, raconte Eisha. Ses résultats, elle a préféré les consulter seule dans sa chambre avant de l’annoncer à ses parents. Cap maintenant sur le <em>Higher School Certificate</em> où Eisha espère reproduire le même résultat. </p>
<p>Les conditions dans lesquelles les élèves de grade 11 ont pris part aux examens n’étaient pas favorables, et c’est pour cette raison qu’Aïshani Tanushrï Beeharry-Panray, élève au collège SSS Forest-Side Girls, s’attendait à obtenir moins de six credits. <em>«Nous avons pris part aux examens durant le confinement et c’était stressant»</em>, nous confie-t-elle. <em>«Je ne m’attendais pas vraiment à de si bons résultats.» </em></p>
<p>Uzair Muhammad Madarbokus, de Nouvelle-France fréquente le College Bhujoharry de Rose-Belle. Il a décrohé huit unités. <em>«En prenant connaissance de mes résultats en ligne, j’étais étonné»</em>, nous confie le jeune homme. <em>«Sincèrement je ne m’attendais pas à un tel résultat, surtout en français et en anglais puisqu’il y a quelques années, j’avais énormément de lacunes en langue.»</em> Uzair Muhammad Madarbokus fait avant tout le bonheur de son père, boucher de profession, et de sa mère, femme au foyer.</p>
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<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" height="500" src="/sites/lexpress/files/images/article/de_gauche_a_droite_en_haut_kasish_pem_paranjothi_moorghen_laurie_bontemps_et_yusuf_nuseeb.jpg" width="700" />
<figcaption><strong>(De gauche à droite en haut) Kasish Pem, Paranjothi Moorghen, Laurie Bontemps et Yusuf Nuseeb. (De gauche à droite au-bas) Yuvraj Bhujun, Eisha Ramiah et Uzair Muhammad Madarbokus.</strong></figcaption>
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Mathieu Dacruz: «Il n’y a pas que l’académique qui compte»
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<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/article/mathieu_dacruz_0.jpg" width="620" />
<figcaption><strong>Mathieu Dacruz, président du comité national du National Forum for Colleges (NAFCO).</strong></figcaption>
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<p><strong>Quel est votre regard sur la performance du SC de cette cuvée ?</strong><br />
D’après ma première analyse, on assiste à un fort taux de six unités cette année. Les chiffres ont littéralement doublé pour certains collèges, comparé à la cuvée précédente. C’est peut-être dû à la considération spéciale de Cambridge. Le nombre de recalés a diminué, tout comme celui des moins de cinq credits.</p>
<p><strong>Quels sont les objectifs de National Forum for Colleges (NAFCO) ? </strong><br />
NAFCO a d’abord été lancé en 2019. Avec la compétition entre organisations, il fallait trouver une structure plus pragmatique pour réunir les jeunes et trouver des solutions concrètes à leurs problèmes. Bien qu’on soit tous de collèges différents, on sera tous ensemble dans le travail et la société demain. Autant travailler ensemble dès maintenant. Nous tons 42 délégués des collèges affiliés, soit Collège Saint-Esprit, Saint Mary’s, Le Bocage International School, Loreto College Curepipe, Lycée des Mascareignes et collège Saint-Joseph. Nous avons 28 membres indépendants venant de Queen Elizabeth College, Mahatma Gandhi Institute SSS Moka, Gaëtan Raynal SSS et Sodnac SSS. De plus, j’étais membre d’une ONG soutenant les enfants défavorisés. Au niveau de NAFCO, nous continuerons l’encadrement des jeunes démunis avec notre branche caritative.</p>
<p><strong>Justement, quelle est l’origine des difficultés scolaires de ces jeunes ? </strong><br />
Premièrement, le système doit changer. Alors que le débat sur les cinq credits s’amplifie, il faudrait plutôt s’attarder sur la méthode de Cambridge, appliquée depuis des années. La majorité des pays ont opté pour un autre système. De notre côté, on ne fait qu’apprendre et tout recracher sur papier. Est-ce qu’on développe les autres qualités et facultés des élèves ? Il n’y a pas que l’académique qui compte. Il faut une approche plus inclusive, à l’exemple de l’<em>International General Certificate of Secondary Education </em>(IGCSE). Il existe d’autres méthodes pour développer les aptitudes des élèves dans plusieurs secteurs. D’ailleurs, pour l’admission à l’université, les critères académiques ne comptent pas seulement aux États-Unis. Il faut avoir d’autres aptitudes.</p>
<p><strong>Qu’adviendra-t-il des recalés qui refusent une deuxième tentative ou intégrer une formation technique ? </strong><br />
Intégrer le monde du travail ne servira à rien aux recalés. Déjà, Maurice est surpeuplé. Avec les compétences existantes d’un côté et les opportunités du marché de l’autre, un détenteur de SC n’arrivera pas à grand-chose. Nos seules options sont <em>« repeat, repeat, repeat» </em>ou intégrer un centre d’apprentissage technique. Mais existe-t-il des incentives pour encourager les jeunes à y adhérer ? Ontils envie d’opter pour certains secteurs et formations ? Clairement, non. Au niveau des collèges, on ne voit pas d’initiatives en ce sens et il faut agir pour que cela ne freine pas ces possibilités de formation.</p>
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