Publicité

Moins d’un mois après sa nomination: l’ICAC enquête sur le commissaire Dip

20 août 2021, 22:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Moins d’un mois après sa nomination: l’ICAC enquête sur le commissaire Dip

L’histoire racontant un séjour supposément gratuit du policier Anil Kumar Dip (à l’époque assistant commissaire de police – ACP – et aujourd’hui commissaire de police par intérim) à l’hôtel Club Med en 2018 circulait déjà sur WhatsApp depuis un certain temps. Mais depuis la semaine dernière, elle a pris une autre ampleur. L’Independent Commission against Corruption (ICAC) a décidé de donner suite à une plainte d’un dénonciateur qui se dit «très informé» de ce qui s’est passé durant le week-end du 3 au 5 août 2018 dans l’établissement d’Albion. 

La commission anticorruption n’a pas estimé que la plainte était «frivolous» ni qu’il fallait la «set aside on very outset». Elle estime au contraire que la déposition du dénonciateur – qui s’est aussi présenté comme un «main witness» – vaut au moins une «preliminary investigation», soit 21 jours d’enquête avant de décider s’il y a matière à une «further investigation». 

Document confidentiel émanant de l’ICAC, qui a décidé de donner suite à la plainte qui n’a pas été déclareé «frivolous and set aside at the very outset».

Selon le dénonciateur donc, l’ACP Anil Kumar Dip était à l’époque Divisional Commander pour la région ouest (le pays est divisé en huit régions géographiques avec un assistant commissaire de police, comme le chef de chacune d’elles, qui est responsable de l’administration, le planning, et la gestion des policiers affectés dans cette région. Il a, selon cette déposition à l’ICAC, loué six chambres, dont trois suites, à l’hôtel Club Med d’Albion durant le weekend du 3 au 5 août 2018. 

«Personne n’a payé», dénonce l’homme qui s’est présenté à l’ICAC le 21 juillet. Pour se donner de la crédibilité, le lanceur d’alerte a même fourni une photo de l’ACP Dip à l’hôtel avec sa famille, et il s’est présenté comme un witness. Ce n’est donc pas une dénonciation anonyme et c’est peut-être ce qui a motivé l’ICAC à ne pas classer le dossier. 

Reste à savoir comment le dénonciateur compte prouver qu’il n’y a pas eu de paiement. En revanche, il est allé plus loin en expliquant pourquoi, selon lui, l’hôtel aurait gratifié le haut-gradé de ce cadeau. Pour cela, il a cité un post Facebook de Jaylall Boojhawon (voir capture d’écran) du syndicat de la Police Officers Solidarity Union qui dénonçait en 2017 un déploiement gratuit de la police sur la plage devant le Club Med. 

Nous avons appelé Jaylall Boojhawon pour savoir s’il s’en remémorait. «Je dénonce tellement d’abus dans la police que je ne m’en souviens pas, de surcroît si cela remonte à quatre ans», nous a-t-il déclaré. 

Capture d’écran d’une publication de la Police Officers Solidarity Union en 2017. Selon le dénonciateur, cela aurait pu être une raison pour que l’hôtel gratifie l’ACP.

La plainte a été déposée à l’ICAC le 21 juillet. À cette date précise, Anil Kumar Dip était Deputy Commissionner of Police. Deux semaines plus tard, soit le 3 août, Anil Kumar Dip a été promu commissaire de police par intérim pour une durée de trois mois. L’ICAC a officiellement notifié le dénonciateur de la suite donnée à sa déposition, dans une lettre en date du 10 août. 

Si certains proches du commissaire Dip rapportent sa confiance d’être reconduit pour un mandat de cinq ans au terme de ces trois mois de probation, cette enquête de l’ICAC pourrait bien relancer la course au fauteuil suprême de la police, au profit de ceux qui ont été déçus de ne pas avoir accédé au poste. 

Depuis mercredi aprèsmidi, nous avons adressé une série de questions relatives à cette affaire au CP, entre autres s’il avait effectivement séjourné, avec sa famille, au Club Med à la date indiquée, et si oui, qui a payé. Anil Kumar Dip nous a sommairement répondu en début de soirée, hier : «Je laisse le soin à mon accusateur à son propre jugement (sic) vu que son motif est ma nomination à la tête de la force policière.»