Ils peuvent faire avancer les choses là où les autorités bloquent. Après des jours de manifestation devant le Parlement, 42 Agaléens bloqués à Maurice, dont certains depuis huit mois, montrent l’exemple. 

Alors qu’ils envisageaient l’extrême, à savoir entamer une grève de la faim, ils se sont mobilisés et ont pu trouver un bateau – La Curieuse – auprès du Chantier naval de l’océan Indien (CNOI). 

Pendant ce temps, l’Outer Islands Development Corporation (OIDC), n’a toujours pas, pour sa part, fixé une date pour le retour. De son côté, le ministre Sudheer Maudhoo a affirmé que le Mauritius Trochetia, navire passagers-cargo, rentrera de cale sèche au Sri Lanka le 3 septembre, pour ensuite effectuer son premier voyage à Agalega le 13 du même mois. Sauf que les Agaléens n’y prêtent pas foi. 

«On nous a déjà fait ce coup-là. On nous avait dit qu’on aurait un bateau le 28 mai. Résultat : presque trois mois plus tard, nous sommes toujours bloqués à Maurice», s’insurge Franco Poulay. D’où l’initiative de ces Agaléens regroupés en association de prendre les devants. 

Actuellement, ils s’affairent à réunir Rs 2 millions. C’est le montant nécessaire à recueillir avant début octobre pour financer le voyage à Agalega. «Nou pa zis dir. Nou azir osi. C’est notre façon à nous de montrer que nous ne dépendons pas de l’OIDC. Les Agaléens sont libres et nous ne laisserons pas nos droits être bafoués», soutient notre interlocuteur. 

Appel lancé 

Il affirme que des gens sont prêts à aider les Agaléens coincés à Maurice à réunir le financement requis et que toute autre assistance est la bienvenue. «J’invite les autres associations militant pour les droits humains à se joindre à nous. Anou koste ensam travay. Ensam nou pli for.» 

Les Agaléens bloqués ont été contraints de faire le déplacement à Maurice en différents groupes depuis le début d’année, soit pour des soins médicaux toujours indisponibles sur l’archipel, ou pour prendre part aux examens scolaires. En attendant de retrouver leur famille dans l’archipel, certains sont hébergés depuis tout ce temps par des proches. 

Franco Poulay, 46 ans, avait accompagné son fils mineur pour une évacuation médicale à Maurice. L’employé de l’OIDC, en congé sans solde depuis juin, peut heureusement compter sur sa mère pour avoir un toit à Maurice, le temps d’être rapatrié. 

Ce qui n’est pas le cas d’une mère de famille qui a accouché ici. Avec son époux et ses quatre enfants, ils n’ont d’autre choix que d’occuper un centre à Roche-Bois.

<p><em>La Curieuse</em>, navire multifonctionnel qui peut transporter 12 passagers et sept membres d&rsquo;équipage à la fois, a été mis à la disposition des Agaléens par le CNOI. Son directeur, Franck Piriou, confirme que c&rsquo;est bien ce qu&rsquo;il a dit aux Agaléens qui l&rsquo;ont approché. <em>&laquo;Nous avons proposé ce bateau que nous avons racheté de l&rsquo;État français en 2016 et qui va jusqu&rsquo;à Mayotte pour des expéditions scientifiques. On nous a demandé si c&rsquo;est possible de faire deux ou trois voyages. Bien sûr mais tout ça a un coût&raquo;</em>, nous a déclaré Franck Piriou, hier. Il affirme par la même occasion que le CNOI, qui est en contact permanent avec l&rsquo;OIDC pour des missions à St-Brandon notamment, a également mis<em> La Curieuse</em>&nbsp;à la disposition de la corporation <em>&laquo;qui connaît bien le bateau&raquo;</em> pour les besoins de rapatriement vers Agalega. Toutefois, il n&#39;a reçu aucun retour.</p>