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Gouvernement d’unité nationale: les raisons du refus de l’entente de l’Espoir

20 août 2021, 21:00

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Gouvernement d’unité nationale: les raisons du refus de l’entente de l’Espoir

«C’est hors de question», affirme Paul Bérenger, le leader du Mouvement militant mauricien (MMM). Les autres leaders de l’entente de l’Espoir composée du Parti mauricien social-démocrate (PMSD), du Reform Party et du Rassemblement mauricien (RM) sont sur la même longueur d’onde. Concernant la photo de Navin Ramgoolam et de Pravind Jugnauth échangeant des civilités lors d’une réception organisée pour célébrer l’indépendance de l’Inde, ni Paul Bérenger encore moins Xavier-Luc Duval n’ont souhaité faire de commentaires. 

Pourquoi ce refus ? Certes, ils ont répété à plusieurs reprises qu’avec un gouvernement accusé de pratiquer et de soutirer la corruption, entouré d’une «bande d’incompétents» et qui ne respecte pas les institutions, il sera difficile de composer avec eux. Mais la question qu’on se pose aussi est : ce non catégorique n’est-il pas parce que certains d’entre eux se retrouveront mis de côté en cas d’un éventuel gouvernement d’unité nationale ? 

Un observateur politique connu pour ses analyses pointues mais qui préfère garder l’anonymat résume bien la situation : «Il suffit qu’un ancien Premier ministre et l’actuel engagent une conversation tout à fait normale dans un pays avec une culture démocratique pour que cela devienne un évènement national. Cela démontre bien où en est-on avec la vie politique à Maurice.» 

Il ne s’étonne pas que la plateforme de l’Espoir rejette l’idée d’un gouvernement national car il estime que certains d’entre eux peuvent se retrouver en dehors d’une telle équation. Il explique qu’en 1969 quand il y a eu cette coalition, il n’y avait que deux grands partis, le PTr et le PMSD. «C’était plus facile, mais aujourd’hui, l’opposition est composée de trois grands partis politiques et le Rassemblement mauricien de Nando Bodha. Cela devient difficile dans une telle conjoncture», soutient notre interlocuteur. Il ajoute toutefois que si le PMSD se joint au PTr et au MSM pour former un gouvernement, il considérera cela comme un gouvernement national car le leader de l’opposition sera au sein du gouvernement. 

Par contre Dharam Gokhool, observateur politique, estime «que pour le moment on parle d’une éventualité de rapprochement entre le PTr et le MSM, on ne pourra pas qualifier cela d’une tentative de mettre sur pied un gouvernement d’unité nationale. S’il y a cette coalition entre ces deux partis, ce sera dangereux pour le pays. Le pays sera divisé en deux ou même plusieurs morceaux. À mon avis la majorité de la population souhaite le remplacement du gouvernement actuel, d’où je pense que la plateforme de l’Espoir exclut tout rapprochement avec le MSM. Ils ont tant vilipendé ce parti que je ne vois comment ils pourront s’asseoir avec eux.» 

Feizal Jeerooburkhan, de Think Mauritius, estime qu’un gouvernement d’unité nationale devrait avant tout avoir une mission et une stratégie bien claire pour bénéficier d’une adhésion de plusieurs partis. Mais comme ce n’est pas le cas, il comprend bien pourquoi il y a refus de part et d’autre. Pour l’heure, dit-il, cette entente de l’opposition n’est pas bien structurée. «Les différents partis n’ont pas de programme commun et on ne sait pas qui est la locomotive. Donc, cette plateforme n’a pas de force de frappe. Je pense que c’est une autre raison de leur réticence de faire partie d’un gouvernement national. Bien sûr je sais qu’ils disent que tout les sépare du MSM.» 

Pour notre interlocuteur, le MSM veut rester au pouvoir, alors que le PTr avec Navin Ramgoolam à la tête veut remplacer le MSM avec l’apport des hindous. «Donc on ne s’étonnera pas d’une entente entre ces deux partis et l’Espoir se retrouvera en dehors d’un tel scénario. D’où la poursuite de son combat pour pousser le MSM en dehors du pouvoir.»

 

 

Rajen Narsinghen: «Notre système de Westminster s’écroulera»

<p>Pour Rajen Narsinghen, sauf en période de guerre, <a href="https://www.lexpress.mu/article/398200/rajen-narsinghen-un-gouvernement-dunion-nationale-consolidera-dictature-actuelle" target="_blank">un gouvernement d&rsquo;union nationale est inacceptable</a>, <em>&laquo;notre système de Westminster s&rsquo;écroulera&raquo;.</em> Une opposition forte empêchera la corruption alors que le contraire consolidera la dictature actuelle. Ceci dit, le professeur en droit pense que les gens spéculent à partir de la photo d&rsquo;une conversation.</p>

 

 

 

Transparency Mauritius joue la «Transparence»

<p>Nous avons demandé à Rajen Bablee, le directeur exécutif de <em>Transparency Mauritius</em>, si un gouvernement d&rsquo;union nationale est bon pour la transparence et si sans une opposition forte du moins, la corruption ne risque-t-elle pas de s&rsquo;aggraver ? Ne risque-t-on pas d&rsquo;aller tout droit vers une dictature, comme il l&rsquo;avait affiché sur un post sur <em>Facebook</em> ? La réponse de Rajen Bablee : <em>&laquo;These are political issues.&raquo;</em></p>

 

 

 

«La sympathie pour les travaillistes disparaîtra à jamais»

<p>Un habitant de Curepipe qui suit la politique de près a eu ceci à nous dire : <em>&laquo;La percée des travaillistes dans l&rsquo;électorat traditionnel du PMSD et du MMM dans les villes sera stoppée net et même renversée s&rsquo;ils s&rsquo;associent au MSM. La sympathie pour les travaillistes disparaîtra à jamais.&raquo;</em></p>