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Enquête judiciaire: Me Azaam Neerooa démolit la thèse de Kistnen mort brûlé vif
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Enquête judiciaire: Me Azaam Neerooa démolit la thèse de Kistnen mort brûlé vif
Les policiers Seebaruth, Buchoo et Mungur ont pris un avocat du privé, Me Rex Stephen, comme watching brief. Pour un avocat, cela ne s’est jamais vu… Mais la séance d’hier a été marquée par une grosse distribution d’avertissements par la magistrate Vidya MungrooJugurnath, après que les témoins ont reconnu que leur précédente déposition à la police ou au tribunal était fausse.
Le sergent Moosafeer qui se trompe souvent
Affecté au poste de police de Moka, il était l’un des premiers à arriver, le 18 octobre 2020, sur les lieux où a été retrouvé le corps de Soopramanien Kistnen. Le sergent reconnaît qu’il y avait bien un bout de papier dans la main droite de la victime. «Et le sac à dos, où est-il ?» demande Me Neerooa. «Brûlé», répond le sergent Moosafeer. «Et tombant en morceaux.» On apprendra ensuite du même sergent qu’en fait, c’est le sergent Mungur du Scene of Crime Office (SOCO) qui lui aurait fait part de l’état désolant du sac. Et son contenu ? «C’est le PS Mungur qui l’avait sécurisé.» Quelques minutes après, «je n’ai pas vu qui avait pris le sac». Premier avertissement car Moosafeer vient de dire le contraire. «Le sac était partiellement brûlé, avez-vous dit dans votre déposition, et maintenant vous dites qu’il etait en pièces», demande Me Neerooa. Le sergent bégaie une réponse inaudible. Il ne sait pas non plus ce qu’il est advenu du contenu. Intervient alors la magistrate : «Vous vous contredisez !» Deuxième avertissement.
On apprend aussi que le sergent Moosafeer a envoyé le corps à l’hôpital Jeetoo et pas à Candos. «Qui a donné ces instructions ?», veut savoir l’avocat du bureau du DPP. Ce n’est pas la Dr Shaila Jankee-Prasad mais l’ASP Buchoo. Le neveu de Kistnen, Nishay Boodooa, a identifié le corps le lundi 19 octobre à l’hôpital Jeetoo. Pourtant, dans sa déclaration à la police, le sergent avait affirmé que le corps a été identifié par Neha Motee à Candos. «Vous avez menti ?» demande la magistrate. «Non, je m’étais trompé.» «Quelle précision dans cette erreur !», ne peut s’empêcher de dire la magistrate. Ce qui vaut au policier un troisième avertissement. Ce qui est troublant ici, c’est que Yogida Sawmynaden a déclaré au tribunal qu’il avait appris la mort de Kistnen dès le dimanche soir.
Le sergent Mungur et «le sac qui marche»
Oui, le sergent Mungur du SOCO a bien récupéré le cellulaire de Kistnen mais il n’a pas jugé urgent d’en extraire des traces d’ADN, car pour lui les informations digitales sont les plus importantes et, ajoute-t-il, de toutes façons, il n’y aurait pas eu de traces d’ADN sur un objet brûlé. Ce ne sera pas le cas. Et quand il précise que ce sont les restes du téléphone qu’il a récupérés et non un téléphone entier mais brûlé, comme il l’a affirmé dans sa déposition à la police, il a lui aussi droit à un avertissement. Le sac, oui, il l’a vu sous le corps brûlé et non à côté, comme il l’avait affirmé auparavant. Ses explications approximatives que le sac se trouvait en fait non sous le dos épargné par le feu mais plus bas et que le contenu était éparpillé lui vaudra un deuxième avertissement. Pour rappel, il avait affirmé lors de son premier passage au tribunal qu’il n’avait trouvé qu’une boîte d’allumettes sous le cadavre.
Le légiste Sunnassee et ses drôles d’avis d’expert
La magistrate Vidya MungrooJugurnath ouvre le bal en signalant au Dr Sunnassee qu’il a commis une grave entorse aux procédures en lui adressant une lettre. Me Neerooa n’est pas content en apprenant cela. «Vous adressez des preuves à la magistrate en privé alors qu’elles auraient dû être produites en cour !» «J’ignorais cette procédure», tente le Dr Sunnassee. «Et qui vous a donné de telles instructions ?» demande l’avocat. Après quelques hésitations, on apprendra que c’est nul autre que le Chief Police Medial Officer (CPMO), le Dr Gungadin.
Me Neerooa entre alors dans le vif du sujet. «Kistnen est mort d’un œdème pulmonaire mais quelle la cause de cet œdème ?» Réponse : «De la fumée introduite dans le poumon», dit le Dr Sunnassee après avoir écarté la thèse d’une overdose de drogue. Le médecin-légiste donnera de curieuses explications. Ainsi, il aurait envoyé des spécimens des poumons et du cœur de Kistnen au Central Health Laboratory à Candos pour un deuxième avis. Mais comme le rapport du laboratoire n’était pas concluant, le Dr Sunnassee a pris sur lui pour rédiger son deuxième rapport d’autopsie en février 2021 car, dit-il, «les experts du laboratoire n’ont pas l’habitude d’analyser des cellules mortes mais vivantes».
Bien que trois spécialistes aient recommandé un troisième avis d’experts de l’étranger, le Dr Sunnassee n’a pas suivi ces conseils mais, dit-il, étant expert médico-légal, il a pu conclure que les taches noires retrouvées dans les poumons de Kistnen étaient bien de la suie et d’autres substances provenant de matières brûlées. «De plus», explique le médecin, «les experts de Candos ignorent tout du contexte». Me Neerooa lui rappellera peu après qu’il n’a pas parlé de contexte quand il a omis de consulter la Dr Shaila Jankee-Prasad, qui est allée sur le site et qui sait donc tout du contexte. Le médecin justifie son absence sur le site par le fait qu’il était en congé le 18 octobre. On apprend également que c’est encore le Dr Gungadin qui lui a demandé de faire l’autopsie à la place de la Dr Jankee. «Gungadin ne me l’a pas dit directement mais par personne interposée.» Et s’il n’a pas recherché l’avis de la Dr JankeePrasad, c’est parce qu’il était en contact avec le Dr Gungadin avec qui d’ailleurs il a parlé de cette affaire à plusieurs reprises. «Il vous guidait ?», demande Me Neerooa. «Non», répond le médecin.
C’est grave docteur ?
Pressé de questions, le médecin-légiste finira par reconnaître qu’avec un taux de 5,2 % de monoxyde de carbone dans le corps, on ne meurt pas et qu’il faut au moins un taux de 20 à 40 % pour succomber. «Savez-vous docteur que la carboxyhémoglobine se mesure en PPM et non en pourcentage et que c’est le monoxyde de carbone qui est mesuré en pourcentage ?» Non, il ne le savait pas ! Et que la pollution ambiante et la fumée de cigarette des autres pourraient engendrer un tel taux de monoxyde de carbone ? Le Dr Sunnassee n’est pas d’accord mais ses explications ne convainquent que lui. Puisque Kistnen était inconscient, selon le Dr Sunnassee, pourquoi l’était-il ? Pas de réponse. Et lorsque l’avocat du bureau du DPP lui demande comment un homme brûlé vif, entouré de cannes qui brûlent, n’at-il que 5,2 % de carbone dans le corps et que l’on n’a noté aucune suie, ni cendres de cannes dans ses voies respiratoires, le médecin rétorque, sûr de lui : «Ces substances auraient pu avoir été lavées.» Sur cette note, l’audience se termine. Rendez-vous le 1er septembre.
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