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Cherté de la vie: tempête sur le porte-monnaie
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Cherté de la vie: tempête sur le porte-monnaie
Les fins de mois sont de plus en plus difficiles. Les prix flambent alors que beaucoup perdent leur emploi ou font face à une baisse de revenus. Des mères et pères de famille ne savent plus à quel saint se vouer pour offrir le nécessaire à leurs enfants.
«Il est difficile de faire bouillir la marmite.» Ce sentiment est celui de nombreux Mauriciens face à la cherté de la vie. Preety Rannundon est marchande de légumes. Depuis la crise du Covid-19, la vente des légumes a baissé. «Certains jours j’arrive à faire des ventes raisonnables mais d’autres jours, je ne gagne pas plus de Rs 200, alors que j’ai le loyer mensuel de l’emplacement de vente à payer, en sus des dépenses familiales. Après que mon époux a repayé le prêt bancaire pour la maison, il reste peu d’argent.» Cette mère de deux enfants nous confie que sa situation est très difficile. Il lui faut diminuer les dépenses et tout utiliser en quantités réduites, même les produits de base comme le lait, l’huile, le riz.
Une habitante de La Marie, qui souhaite garder l’anonymat, abonde dans le même sens. Mariée et mère de trois enfants âgés de 10 à 22 ans, son mari, de juin 2020 à ce jour, n’a travaillé que durant deux mois. Son époux, sous traitement, a du mal à trouver un travail et elle ne peut se permettre de travailler à plein temps car elle est malade. «Nous avons l’aide de nos amis et de nos familles. N’empêche que la situation est difficile. Tout est plus cher. Nous faisons une liste de provisions mais en arrivant au supermarché, c’est le prix qui décide pour nous. On se retrouve à devoir enlever de la liste des produits essentiels dont nous avons besoin au quotidien. Comme le fromage, le lait, les conserves.» Les enfants sont en quelque sorte affectés. Car il est difficile de se permettre d’acheter des gâteaux, des biscuits, soit ce que les enfants aiment.
Elle avance qu’ils essaient autant que possible de garder la connexion internet avec les enfants qui étudient. Aujourd’hui, les priorités sont de payer l’eau, l’électricité et l’internet. Alors qu’autrefois, ils menaient une vie très aisée. Propriétaire d’un moyen de transport, ils n’arrivent plus à remplir le réservoir d’essence.
Quant à Jean-Pierre, il a dû vendre son scooter depuis environ trois mois. Il n’arrivait plus à payer les frais d’assurance, de déclaration et l’essence coûte trop cher. Cet habitant de Cascavelle raconte que c’est un combat au quotidien pour la survie de sa famille de trois enfants âgés entre 9 ans et 15 ans. Son épouse travaille mais cela ne suffit pas, dit-il.
De son salaire de Rs 15 000, après avoir payé le prêt pour la maison entre autres engagements financiers, il ne reste pas beaucoup d’argent, nous confie-t-il. «On a dû revoir le budget pour les achats du mois à Rs 4 000. Avec trois enfants, c’est très dur. J’ai malheureusement dû faire couper la connexion internet, entre autres services. Nous vivons avec le strict nécessaire notamment le four, la radio et le réfrigérateur. Les factures de l’eau et de l’électricité, je les paie comme je peux».
Suttyhudeo Tengur, président de l’Association de la protection de l’environnement et des consommateurs (APEC), constate que la situation est devenue insupportable pour un couple avec deux enfants dont les salaires mensuels combinés ne dépassent pas Rs 25 000. Il y a eu non pas une augmentation mais une explosion des prix à tous les niveaux ces trois derniers mois qui pousse ceux au bas de l’échelle à vivre dans l’austérité. Et la situation empire chaque jour. «Je me demande comment et sur quoi les gens vont survivre.»
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